Août 312010
 


1. Le livre

La Tombe des lucioles (火垂るの墓, Hotaru no Haka, littéralement « la tombe des gouttes feu ») est une nouvelle semi-biographique de 1967 de l’écrivan japonais Akiyuki Nosaka. Il est basé sur ses expériences durant l’enfance, après le bombardement de Kobe en 1945. Une de ses soeurs mourut de maladie, son père adoptif mourut durant le bombardement et une autre soeur mourut de malnutrition à Fukui. Lui survécu, développant un sentiment de culpabilité qu’il expie avec cette nouvelle.

Nosaka a gagne le prix Naoki de la meilleur littérature populaire pour ce livre.

Sa nouvelle fut adapté en 1988 en un film d’animation: le tombeau des lucioles, dirigé par Isao Takahata.

2. Akiyuki Nosaka

Akiyuki Nosaka (昭如野坂, né le 10 octobre 1930) est un écrivan japonais, chanteur, parolier, poète, ancien membre de la chambre des conseillers au Japon. Lorsqu’il était écrivain d’émission radio, il utilisait le nom Yukio Aki et son nom de chanteur est  Claude Nosaka.

2.1 Biographie

Nosaka est né le 10 octobre 1930 à Kamakura, Kanagawa, tils de Sukeyuki Nosaka, qui était gouverneur adjoint de  Niigata. Avec ses soeurs il a grandit dans une famille d’adoption  comme enfant des Harimaya à Nada, Kobe, Hyôgo. Une de ses soeurs décéda de maladie, et son père adoptif décéda dans le bombardement de Kobe en 1945 durant la seconde guerre mondiale. Une autre soeur décéda de malnutrition à Fukui. Nosaka basa plus tard sa nouvelle « la tombe des lucioles » sur ces expériences. Il est très connu pour ses histoires pour enfants à propos de la guerre.

Ses nouvelles « la tombe des lucioles » et « les algues d’Amérique » gagnèrent le prix Naoki en 1967.

Sa nouvelle, « Les Pornographes » fut traduite en anglais et publiée en 1968 dans le monde anglophone.

En 1973 il se présente aux élections sénatoriale contre un sénateur corrompu. Il perdra les élections mais n’aura pas manqué d’exprimer son opinion sur la politique corrompu qui faisait état à l’époque. Il fut élu au parlement japonais (国会, Kokkai) en 1983, mais démissionna aussi rapidement comme acte de critique. Nosaka est un gainsbourg japonais, provocateur, mauvais garçon, mais dans un but humanitaire, se battre contre l’injustice, dénoncer des états de fait.

Nosaka a souffert d’une congestion cérébrale en 2003, mais bien qu’encore affecté, il continue à écrire ses chroniques dans le journal quotidien Mainichi Shimbun.

2.2 Oeuvres

* Contes de guerre (1945)
* Les Pornographes (エロ事師たち, 1963)
* Les Embaumeurs (とむらい師たち, 1967)
* Les algues d’Amérique (アメリカひじき, amerika hijiki, 1967)
* La Vigne des morts sur le col des Dieux décharnés (骨餓身峠死人葛, 1967 et 1969)
* Le Moine-cigale (色法師, 1968), dans Anthologie de nouvelles japonaises tome III
* Le Dessin au sable (砂絵呪縛後日怪談, 1971)

sources:
http://en.wikipedia.org/wiki/Grave_of_the_Fireflies_%28novel%29
http://en.wikipedia.org/wiki/Akiyuki_Nosaka
http://nosakaakiyuki.com/index.html

3. Mon avis

La Tombe des lucioles est une nouvelle très dure…

Après avoir lu le livre, On se rend compte à quel point Isao Takahata a rendu certaines situations joyeuses, a adoucit les dessins par rapports aux descriptions crues du livre… bien que la tristesse et la douleur soient identiques, le roman est bien plus négatif, bien plus noir et ne laisse aucune place à l’espoir. Dans l’animation, on se surprend à sourire, à espérer… La nouvelle enlève tout cela. On se retrouve face à l’horreur de la guerre la plus totale, au désarrois de la survit, la terreur des bombes, la douleur de voir la souffrance, des blessures, des morts, de la famine…

L’oeuvre est magnifique, mais véritablement dure, et laisse des séquelles. On n’a plus la même vision après avoir lu cela. La nouvelle est remarquable, tant par son style (une longue prose qui sait se faire incisive, et des « décrochages » du niveau de langue) que par une histoire, poignante, qui sonne toujours juste. Elle ne laisse vraiment aucun espoir… le texte commence par la mort du grand frère, une sorte de double de l’auteur qui, dans les mêmes conditions que le jeune Seita, avait dû abandonner sa mère et laisser sa jeune sœur mourir de faim, chose dont il s’est toujours voulu. Entre le film et le livre, si l’histoire est la même, l’ambiance est complètement différente. Empreint de poésie, l’anime est à l’opposé de la rudesse de l’oeuvre de Nosaka. Ici Seita a un langage populaire, voire vulgaire; et on ne nous épargne pas les détails les plus horribles, la lente déchéance des deux enfants. Je ne citerais qu’un seul exemple : celui de la boîte que l’on voit au début du film comme au début du livre. Si l’anime fait pleurer de tristesse, le livre vous laisse vide, creux, face à l’horreur la plus totale, à la découverte des conséquences de la guerre et de l’après guerre. Le désarrois est total et on se représente vraiment l’infamie de cette situation, le vécu est horrible. C’est un livre qui ne peut pas laisser insensible, et fait passer le sort de réfugiés, de mendiants en France pour des situations vraiment enviables par rapport à ce qui est vécu via le livre… Si dans l’anime on se surprends parfois à voir de la chaleur humaine, voir à sourire, le livre enlève toute humanité et laisse place à une déchéance physique lente mais terriblement visible.

A la mort de sa petite soeur, Seita garde l’espoir que son père officier de marine peut encore les vengers, espoirs qu’il gardera tout au long du livr, jusqu’à ce qu’on lui apprenne que la flotte japonaise tout entière a été dévasté et qu’elle n’est plus… A ce moment, il sent qu’on lui enlève son dernier espoir, la dernière chose qui l’empêchait de couler.  Une situation rude, décrite avec brio qui nous laisse ressentir le désespoir envahir l’enfant et réduire à néant tout ce qu’il est, tout ce qu’il avait été.

Un extrait:

Mais déjà la faim n’était plus, la soif n’était plus, la tête pendait lourdement sur la poitrine, « Pouah, c’est dégueulasse », « P’têt ben qu’il est mort », « Quelle honte, laisser traîner ça dans la gare, alors qu’les Américains peuvent arriver d’une minute à l’autre », ses oreilles qui seules tenaient encore à la vie pouvaient distinguer toute une variété de bruits, la nuit, quand tout retournait subitement au silence : des geta résonnant dans le hall, le grondement du train passant au-dessus de sa tête, des pas s’élançant soudainement, la voix d’un petit gosse : « Mamaaan ! », ou celle d’un homme, là tout près de lui, qui parle entre ses dents, le bruit des seaux d’eau déversés à toute volée par les employés de la gare, « Quel jour qu’c’est aujourd’hui ? », oui, quel jour ça pouvait-y bien être, combien d’temps qu’il était là ? dans une lueur de conscience il vit le sol en béton juste sous ses yeux, sans pour autant s’apercevoir qu’il gisait sur le côté dans une posture identique à celle qu’il avait quand il était assis, le corps plié en deux, les yeux obstinément fixés sur la fine couche de poussière qui, à la surface du sol, frémissait au rythme de sa faible respiration, et se demandant seulement « quel jour qu’y peut être, quel jour qu’c’est ? », Seita expira…

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