Déc 272017
 

Ca fait un moment que j’avais ces photos et je n’avais jamais pensé à les publier en tant qu’article.

Si vous ne connaissez pas Grendizer aka Goldorak, je vous invite à lire l’article qui traite du sujet: UFOロボ·グレンダイザー UFO Robot Grendizer

La sortie récente au cinéma de Mazinger Z Infinity, qui a permis aux nouvelles générations à redécouvrir la saga de Go Nagai est l’occasion d’aller explorer dans le temps, ce qui se disait au sujet de Goldorak, que j’ai pu découvrir alors que j’avais un peu plus de 4 ans.

Je trouve intéressant de lire ce que pensaient les adultes de ce Dessin Animé dont nous étions fous il y a 48 ans. Et que pensent les adultes que nous sommes de ce que regardent les enfants actuellement?

Un petit retour vers le passé…

Le texte ci-dessous:

Goldorak un robot né au Japon est devenu le messie des enfants français par Guy Lagorce.

Nous osons nous l’avouer ou nous le refoulons, mais peu importe, quel que soit notre âge, rien ne nous est plus cher que de rôder à la lisière de nos enfances.

Les guerres, les crises économiques planétaires, les bouleversements individuels de l’âme, la mort et la naissance d’êtres chers, tout ce qu’il faut se résoudre à appeler « sa vie », tous les événements qui sont censés nous marquer ne parviennent pas toujours, en dépit de l’âge qui nous gagne, à nous rejeter « de l’autre côté de la colline », vers la maturité, vers la vieillesse, vers le définitif. Et puis un jour, pour une raison de futile apparence, vous vous retrouvez soudain arraché à votre illusion de jeunesse et donc, d’une certaine manière, « assassiné ». Adultes, mes frères, notre tueur a nom Goldorak

Jusqu’à l’arrivée de ce « formidable robot des temps nouveaux », les héros de nos fils étaient les mêmes que ceux qui nous enchantaient jadis : Batman, Zorro, Mandrake, Tarzan… Dans leurs émois face à ces hommes de chair, d’amour et de sang, nous retrouvions nos propres émois. Ces torrents d’aventure débouchaient sur des paysages connus, de larges plaines heureuses. La vie était là, simple et tranquille.

Staline, Churchill, De Gaulle et Mao pouvaient bien disparaître, rien ne tranchait le cordon ombilical, ce fil tendu entre les générations. Et puis, brutalement, le 3 juillet dernier, sur Antenne 2, pendant la période télévisée la plus creuse de l’année, éclatant de couleurs et de toutes les noblesses paré, surgit un robot géant nommé Goldorak. Dès le premier mois, tous les enfants et les adolescents de France reconnurent en lui leur nouveau Messie Protecteur. Dès le deuxième mois, tous les héros qui bercèrent les quatre générations précédentes tombèrent en poudre. Dès le troisième mois, le taux d’écoute de la chaîne rivale, à la même heure, tomba à 0 %. Dès le quatrième mois, les parents eurent l’impression d’être rayés de la carte sentimentale de leur progéniture. Dès le cinquième mois (faisant contre mauvaise fortune bon coeur) ils se ruèrent pour acheter la reproduction de Goldorak… Tant et si bien que 25 jours avant les fêtes de Noël, les magasins furent en rupture de stock. On s’inscrivait sur les listes d’attente et si l’on avait des relations, on le trouvait au marché noir. Inouï! Madame Coquelin, chargée de la vente des droits commerciaux d’Antenne 2 n’a jamais vu cela en quinze années de métier: dès le début du mois de décembre, 400 000 disques, 150 000 posters, des millions d’autocollants, un journal tiré à 300 000 exemplaires, des bonbons, des réglisses, des chaises longues, des masques, des pots de moutarde, des puzzles, des vêtements… tout ce qui était frappé Goldorak s’arrachait. Quant au jouet représentant le « Dieu »… une folie. La société Mattel qui le fabrique est débordée… Dans certains grands magasins, on embaucha des standardistes uniquement destinées à répondre : « Pour Goldorak il faut attendre ». Même succès en Espagne, en Italie, en Belgique et au Canada où une équipe professionnelle de football choisit pour nom Goldorak.

Dans les réunions R.p.r., on crie Gol-do-rak – Chi-rac!… Une folie, vous dis-je, un ouragan, un typhon. C’est cela : un typhon, puisque ce nouveau Dieu est né en 1976 au Japon chez Toei-Animation qui fit travailler 600 personnes pour donner naissance, sans grand succès de vente au départ, à ce qu’ils appelèrent « Ufo Robot » (Note: il s’agit de « UFO Robot Grendizer » en fait UFO est l’anglais de OVNI).

Au début, les graves (et cartésiens) acheteurs ne sont pas emballés par le trait simpliste et par le fait que ce dessin animé soit réalisé à l’économie : 6 à 7 images/secondes alors que les Walt Disney défilent à raison de 20 images/secondes. Pourtant, en février dernier, comme ça, au flair, M. Jacques Canestrier, distributeur de films, prend les droits pour les pays francophones et invente (compromis entre Mandrake et Goldfinger, seul clin d’oeil au passé) le nom de Goldorak. Antenne 2 achète le feuilleton sans trop y croire en raison de son prix modique, 10 000 Francs la minute contre 40 000 Francs pour un dessin animé français… La suite, vous la connaissez…

Mais peut-être – ce qui est votre droit le plus strict – n’êtes-vous pas des parents ou grands-parents de la tribu pourtant innombrable des « jeunes téléspectateurs », qui, chaque lundi et jeudi, sortent de l’école « comme des fusées » pour être, à 17h55, prêts à trembler, à admirer, pétrifiés, l’oeil écarquillé, le grand Goldorak? Alors, en deux mots, voici : les gentils Terriens sont (sauvagement) agressés par des extra-terrestres lesquels sont (extrêmement) laids, couards et traîtres. C’est très mal parti, lorsque surgit face aux monstres une immense, généreuse et cornue ferraille nommée Goldorak, qui va, frôlant cent fois la « destruction », venir à bout des infâmes. « Bien simple! » dites-vous en faisant la moue. Oh que non ! lisez bien: j’ai écrit « destruction » et non point « mort ». Tout est là. Vous, adulte, n’y comprenez rien. Actarus, subtil extra-terrestre, mais de très humaine forme, s’introduit dans sa soucoupe volante d’où il éjecte et manipule Goldorak-le-Bon qui assimile un vocabulaire de rêves interplanétaire: fulguropoing, rétrolaser, hastérohache, planètogyre, rétrospace… Et le ciel s’embrase de lueurs.

« Violence ! » Violence, dites-vous ? Non, justement! car en dépit de tant de bruit et de fureur, et à la différence du moindre « western » et du moindre « policier », jamais, au grand jamais, le sang ne coule dans « Goldorak« .

Oui, les héros-robots sont chargés de toutes les passions vieilles comme l’humanité mais de leurs affrontements ne reste jamais sur le carreau, noircie et tordue, que de la ferraille… Pas de sang. Ils sont les vecteurs de nos vieilles passions et non point des martyrs. Peace and Love! Et si guerre il doit y avoir que la fassent de nobles robots… Ecoutez, parents, cette leçon… Ecoutez-la bien, elle sonne l’heure des temps futurs. Je disais plus haut que Goldorak était né au Japon. En vérité, il est né aux frontières d’une autre vie. Une autre vie que pressentent nos enfants et à laquelle – comme le temps passe – ni vous ni moi n’auront un jour accès. Trop tard, camarades, trop tard…

Guy Lagorce
Enquête Clémentine Gustin.

En encadré:
M. Chiaki Imada, patron de la Toei Films: pour mieux exporter, il invente des personnages de type européen. La formidable transformation d’Actarus, de la forme humaine en une forme de Superman.

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