Monsieur Hernaez a été la première personne que j’ai appelé « Maître », il a été mon premier guide vers le chemin du Japon.
Il m’a aidé à changer de route lorsque je m’égarais sur la route de « faux budoka » et quelque part c’est lui qui m’a conduit sur le chemin qui a été le mien jusqu’à très récemment.
Je dois dire que sans Serge et Richard qui me l’ont fait rencontrer, je n’aurais pas eu d’exemple de ce qu’étais un « maître ».
De 1996 jusqu’à 2009 il a été ma voie, et m’a permis d’approfondir mes connaissances jusqu’à voler de mes propres ailes et trouver ma propre voie.
C’est d’ailleurs grâce à lui, que j’ai pu rencontre maître KAI Kuniyuki et le Gôjû-Ryû puis Lionel et avec lui la famille du Uechi-Ryû.
C’est quelque part grâce à son charisme que j’ai fini par suivre la voie des arts-martiaux, et rencontrer de formidables personnes qui sont devenus des amis.
Malgré tout c’était quelqu’un de simple et humble, qui n’hésitait pas à inviter les gens chez lui, à participer à des évènements à la bonne franquette, sans parader de son statut au sein de la fédération.
C’était quelqu’un avec une culture générale incroyable, sur de nombreux sujets, comme la religion, l’histoire, la philosophie, etc.
Je me rappelle d’une discussion sur l’histoire de la religion en compagnie de Raymond Jugeau. Alors que Roland Hernaez nous expliquait les rapports entre philosophie et dieu. Pendant qu’il parlait, Raymond Jugeau faisait des trous dans un gobelet en plastique. Puis pour terminer son explication, Roland Hernaez a terminé son explication philosophique avec « Dieu est partout ». Ce à quoi Raymond Jugeau répondit en posant le verre en plastique sur la table: « Si Dieu est partout, alors maintenant il est plein de trous ».
Roland Hernaez était également très ouvert à d’autres disciplines et aux pratiquants venant d’autres écoles: Boxe Thaïlandaise, Viet Vodao, Kyûsho Jutsu, etc. Il laissait souvent de nombreux intervenants d’autres disciplines présenter des ateliers durant ses stages d’été.
Malgré tout il restait très humain. Je me souviens l’avoir entendu raconter, que le Mont Fuji, aka Fuji Yama, était sacré pour les japonais car appelé « Fuji San » puisque « -san » était un suffixe honorifique. A l’époque il n’y avait pas d’internet et les livres sur le japonais ne courraient pas les rues et étaient très limité. Du coup c’est comme Jitsu et Jutsu, c’est une erreur de traduction historique (pour info Fuji-San, « Mont Fuji » s’écrit en kanji 富士山 et le caractère 山 se dit サン (san)
,セン (sen)
en on’yomi (comme dans aizubandai-san), et やま (yama) en kun’yomi (yama-gata). Du coup on dit « san » quand c’est un suffixe et « yama » en préfixe ou en nom). Et Roland Hernaez c’était l’histoire, c’était une personnalité des arts martiaux en France et un vestige de grands budoka tels que Roland Haberzetser et Henri Plée, entre autres.
Il est l’une des personnes qui m’a permis de suivre le chemin du Japon que j’ai entrepris depuis 1998.