Mar 112009
 

Infos sur le kônan-ryû ici: http://okibukan.over-blog.com/article-28129114.html

Samedi 7 mars 2009

Métro République… 9h50. Après une erreur de direction en sortant d’une sortie (prise au hasard) place de la République, j’arrive au gymnase, déjà échauffé par les marches forcées dans le métro entre les correspondances. Là-bas attendent Martine (une pratiquante et enseignante de shôtôkan), et deux élèves de Lionel: Patrick (ancien pratiquant de kyokushinkai et de Grue Blanche de Pascal Plée) et Fabien (ancien pratiquant d’aikidô Aikikai et de Gôjû-ryû shoreikan). Peu de temps après arrivera Julien un autre élève de Lionel.
Le cours peu commencer, je ne rentrerai pas dans les détails des descriptions des exercices, car certaines choses méritent d’être expliquées par la pratique et les sensations, et non la lecture.

On commence l’échauffement par du travail seul: échauffement des différentes articulations (en accompagnant les mouvements de têtes avec les mouvements des yeux pour faire travailler aussi les  muscles des yeux. Puis on rentre dans l’échauffement spécifique du hakutsuru-ken qu’on retrouve de façon très préservée dans le kônan-ryû: travail en ondulation de la colonne vertébrale. On passe ensuite à divers exercices de renforcement des doigts de pied par différents exercices.


Puis vient le travail à deux, mais toujours pour la partie échauffement spécifique du kônan-ryû/hakutsuru-ken. Renforcement des doigts et en même temps de la paume de la main. Puis travail de relâchement lors des frappes (coups de poing et tsumasaki-geri, coup de pied avec la pointe des pieds).  On effectue, après, un travail de cardio qui consiste à se marcher sur les pieds… un partenaire tente de marcher sur le pied de l’autre et sans se laisser marcher sur le sien. Le but n’est pas seulement de faire monter le rythme cardiaque, mais aussi  de travailler une bonne technique en combat : lorsque l’opportunité se présente de bloquer le pied de l’autre en marchant dessus.
Ensuite vient un travail de relâchement des épaules par frottement des avant-bras… Rapidement nous passons aux kitae-waza (techniques de renforcement), avant-bras, extérieur des cuisses, intérieur des cuisses, quadriceps, pectoraux, abdos, … Chaque travail de renforcement cache un travail de gestion de la structure mais aussi un travail de principe de base pour le combat (relâchement, travail des frappes, …). On travaille aussi les coups de genou. Celui qui donne y va plein pot en cardio et celui qui reçoit bloque avec les avant-bras sur la cuisse (mais pas un blocage dur). Ainsi les deux travaillent l’endurcissement : celui qui donne pour le quadriceps, celui qui reçoit pour les avant-bras. Puis on travail un peu de muchimi (mains collantes) en essayant de se baffer mais tout en étant complètement décontracté des épaules, de façon statique puis en mouvement.
Lionel nous démontre pour finir les six façons différentes de donner un low-kick (coup pénétrant dans la cuisse), et pour celui qui reçoit, il a l’honneur de sentir six types de douleur différentes.


Midi arrive, et le besoin de nutriments prend le dessus, on va donc manger une fondue chinoise dans un restaurant.


L’après-midi a pour but de bien montrer les principes et différence du kônan-ryû qui tire sa source de l’Uechi-ryû des origines (époque pangainoon) et d’autres arts, mais aussi le pourquoi et le comment des évolutions ou retour aux sources.


Lionel comme à son habitude, démontre ses assertions par l’exemple, la pratique et le ressentit, en apportant des explications historiques et culturelles permettant de comprendre le contexte des explications tant au niveau culturel qu’au niveau pratique.
On commence un échauffement articulaire global et toujours avec l’ondulation de la colonne vertébrale sollicitée par la génération de force de la pratique de ces arts. On travaillera le mae-geri (coup de pied direct) à deux. Celui qui reçoit le coup dans les abdos doit absorber le coup mais sans casser sa structure. Puis on passe à des exercices pratiques de génération de force avec le mouvement ondulatoire. Le génie pédagogique de Lionel va jusqu’à nous faire utiliser des ballons pour sentir la transmission de force. Ce ne sont pas les bras qui envoient le ballon, ce ne sont pas les jambes qui envoient le ballon mais simplement la transmission de l’ondulation qui fait augmenter l’amplitude des segments. Travail de l’ondulation pour la génération de force au niveau des mains, puis au niveau des jambes. La mise en application pratique a pour but de repousser le partenaire en position sanchin en utilisant cette ondulation, puis de la raccourcir pour avoir la même poussée mais avec le moins de mouvement possible. On travaille ensuite des renzoku (flow ou drills) utilisant les deux mains et toujours des principes de défenses circulaires (hirate mawashi uke) spécifiques au kônan-ryû et commun avec l’Uechi-ryû. On travaille des principes traditionnels de kônan-ryû/Uechi-ryû que l’on retrouve en kyusho-waza (frappes des deux mains en presque même temps avec une micro-seconde de décallage pour permettre aux ondes de choc de faire le plus de dégats possibles). Et le tout en utilisant toutes les armes du corps (notamment boshiken, un forme de frappe spécifique de l’Uechi-ryû/kônan-ryû). On travaille ensuite l’exercice en contrôle pour être à distance par rapport aux zones de frappe sensibles, puis sur les bras du partenaire pour se lâcher un peu et rentrer en puissance. Ce type de travail est multiple, il permet de relâcher les épaules pour enchainer de façon fluide, souple mais puissante, d’avoir les distance au visage, et de travailler en percussion puissante au lieu de s’arrêter à 5cm du visage à chaque fois, voir de blesser le partenaire parce qu’on a mal contrôlé. On travaille divers exercices de ce type que je ne détaillerai ni d’approfondirai.


On continue par effectuer du kakie avec les jambes pour travailler l’ouverture de la hanche, en même temps que certains principes très utiles dont je ne parlerai pas ici.
On finit par faire redescendre le rythme cardiaque en travaillant le kata sanchin de kônan-ryû, kata représentatif puisque « tout est dans sanchin ». Le kata est pratiquement identique à celui de l’Uechi-ryû mis à part quelques subtilités dont se souviennent très bien mes poignées d’amour (par exemple). Hanchindi nous explique l’origine de la respiration et la pourquoi de la respiration sifflée et non ibuki (comme dans d’autres styles).


Dimanche 8 mars 2009

Cette fois-ci le stage a lieu au gymnase Louis Blanc dans le 10ème arrondissement. Arrivé sur place en même temps que Nicolas, on retrouve Lionel en tenue.

Echauffement articulaire personnalisé et libre, et nous voilà repartie à travailler la génération de force typique du kônan-ryû d’une manière que seuls des pédagogues comme Lionel pourraient trouver. Martine nous rejoint au début des exercices. Parmi les échauffement on aura le travail de marcher sur les pieds de l’autre. On travaille aussi le hakkei (génération de force) au niveau des bras mais aussi le hakkei utilisé pour donner des coups de pieds et toujours avec les explications structurelles mais aussi culturelles/historiques; et toujours dans un but de relâchement des frappes, pour parvenir  à enchainer sans s’arrêter jusqu’à éradication de l’adversaire. Ainsi on travaille divers exercices que connaissent bien les élèves de Lionel, et donc je ne les détaillerai pas ici. Toutefois la règle était de toucher, toucher, toucher. Même avec une giflette, on devait au moins sentir un minimum de contact. Pour les coups de coudes, de la même façon, on les donnait plus lentement mais il fallait toucher quand même.

Petit arrêt pour la pause de midi à un restaurant japonais rue du Faubourg Saint-Martin pour se sustenter de sushi, sashimi et autre maki et on reprend plus tôt que prévu.

Arrivé au gymnase Tarak, un autre élève de Lionel, nous y attend.
Après un court échauffement on rentre dans un travail purement combat, mais sans travailler le combat précisément. C’est une des qualités de la pédagogie de Lionel : faire travailler l’affrontement, sans qu’il y ait affrontement. Par des exercices plus ou moins cadrés, faisant intervenir toutes les qualités requises dans un combat.
Ainsi nous voyons de nombreux drills, avec toutes sortes d’enchainements d’attaques contre-attaques, le tout en flow ininterrompu.
Je vais être bon prince et parler d’un exercice particulièrement intéressant.
L’attaquant a pour but d’enchainer fluidement toutes les attaques pieds, mains qu’il connait, il doit toucher mais pas durement. Plutôt des giflettes que des gifles. Le but est de submerger le « défenseur » sous une avalanche de baffes, giflettes, légères touches tout en se déplaçant autour de lui et enchainer les techniques de mains et de pieds sans s’arrêter à grande vitesse. Alors que l’attaquant travaille sa fluidité et son relâchement, son équilibre, sa façon de pouvoir se mouvoir sans laisser de trous (d’opportunité de contre), le défenseur ne sert que de Mook Jong, mais son travail à lui c’est de perçevoir chaque mouvement de l’attaquant, de ne pas se laisser submerger par les coups afin de pouvoir être capable de réfléchir à ce qu’il pourrait faire. Son travail est sur le mental. Après les travaux de drills/flow/renzoku on rentre dans le combat avec des échanges souples. Le but est de restituer les principes vus ces deux derniers jours : pas de temps mort entre les enchainements, relâchement des frappes, fluidité, marcher sur les pieds, low-kick. Et surtout une chose importante, ne pas s’arrêter même après avoir reçu un coup. Prendre l’habitude de continuer à enchainer… sans arrêt et sans temps mort. D’autres petits détails spécifiques au kônan-ryû et à l’Uechi-ryû sont apportés, mais je n’en parlerai pas ici. Ce genre de chose s’acquiert en venant en cours, aux stages. Ca n’a rien de secret, simplement que je n’ai pas envie de tout donner ^^. Alors la prochaine fois, si ces infos vous intéressent, venez aux stages :).
Ce travail d’échange souple permet de réfléchir et de construire le combat, mais aussi de permettre aux deux pratiquants de travailler sans que ça devienne une bataille de chiffonniers.
On continue la pratique d’un drill/flow/renzoku qui se fait d’une façon qui utilise le relâchement complet de l’épaule pour donner au coude une grande mobilité. L’exercice applicatif qui suivra donnera à l’attaquant la liberté d’attaquer avec les mains comme il le souhaite le plus fluidement possible, relâché, et tout et tout et tout… mais le défenseur quand à lui n’aura comme seule moyen de défense : l’utilisation d’un seul bras. Deux mains qui attaquent, un seul bras qui défend.
On enchaine par un travail cardio de à toi à moi… l’attaque donne un mae-geri (coup de pied de face) le défenseur absorbe (ou encaisse en bourrin-ryû) et immédiatement contre-attaque avec un autre mae-geri… avec alternance avant, arrière, gauche droite. Puis même exercice avec mawashi-geri (coup de pied circulaire). La stage se cloture par des exercices de dissociation utilisant comme base les mouvements de main du kata tenshô si on prend chaque mouvement dans l’ordre… on effectue le kata avec un temps de décalage :
Droite : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 1, 2
Gauche :    1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 1
Puis avec deux temps de décallage…

Conclusion

o Le karate d’Okinawa n’est pas un art-martial de défense, mais de contre-attaque (la différence est infime au niveau linguistique mais fondamentale au niveau de la pratique)
o Le but du karate d’Okinawa est de se servir de toutes les armes à sa disposition, intelligement, pour détruire l’adversaire.
o Un des principes que suit Lionel c’est d’enchainer des frappes le plus rapidement possible et le plus fluidement possible, un peu comme en american kenpô, mais toutes les  frappes sont aussi destructives et puissantes les une que les autres (alors qu’en american kenpô, certaines frappes ne sont pas lourdes et puissantes, car destinées à leurrer, submerger, détourner l’attention).
o Les enseignements de Lionel permettent d’appréhender le combat sans faire travailler le combat explicitement. Dans le sens où même son travail technique, des principes a pour but de faire travailler le combat.

Au final un stage de haut niveau. Pas un stage accessible qu’aux pratiquants de hauts niveaux, mais plutôt un stage accessible à tous mais de haut niveau en ce qui concerne les principes de bases, la façons de générer la force, et les principes de combats. Comme toujours, dans une ambiance amicale (voir infantile, compte tenu du niveau d’âge mental  de certains stagiaires à la grande déception du sensei). Toujours un grand plaisir de pratiquer avec Patrick, Nicolas, Tarak, Julien, Fabien, mais aussi de pouvoir échanger avec la gente féminine et donc de s’adapter à une différence de morphologie et de pratique. Un stage très enrichissant, techiquement et pratiquement. Le kônan-ryû comme l’Uechi-ryû sont vraiment des styles qui me plaisent, qui m’apprennent à me connaitre moi-même et à me sentir bouger d’une façon différente de ce que j’ai eu l’habitude jusqu’à maintenant.

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