Titre: Izô: Kaosu mataha fujôri no kijin
Autre noms:
Izô: Kaosu mataha fujôri no kijin: Japon
Izo: The World Can Never Be Changed : Allemagne
Date de sortie:
Japon : 21 août 2004
Japon : 21 août2004 (Tokyo)
Italie : 7 septembre 2004 (Venice Film Festival)
Canada : 25 septembre 2004 (Vancouver International Film Festival)
Corée du Sud : 9 octobre 2004 (Pusan International Film Festival)
Angleterre : 29 octobre 2004 (London Film Festival)
Suède : 19 novembre 2004 : (Stockholm International Film Festival)
Norvège : 26 novembre 2004 : (Oslo International Film Festival)
Argentine : 13 mars 2005 : (Mar del Plata Film Festival)
USA : 28 mai 2005 : (Seattle International Film Festival)
Pologne : 25 juillet 2005 : (ERA New Horizons Film Festival)
Finlande : 22 septembre 2005 : (Helsinki International Film Festival)
Espagne : 11 novembre 2005 : (DVD premiere)
République Tchèque : 6 décembre 2005 : (FilmAsia Festival)
France: 2010/2011
Metteur en scène: Takashi Miike
Scénariste: Shigenori Takechi
Musique : Kôji Endô
Acteurs:
* Kazuya Nakayama : Okada Izo
* Kaori Momoi
* Ryûhei Matsuda : Ryûhei Matsuda
* Ryôsuke Miki
* Yûya Uchida
* Masumi Okada
* Hiroki Matsukata
* Hiroshi Katsuno
* Masato
* Bob Sapp : moine bouddhiste
* Takeshi Kitano : ‘Bîto’ Takeshi
* Daijiro Harada
* Daisaku Akino
* Chisato Amate
* Mickey Curtis : Mikkî Kâchisu
* Ken’ichi Endô : Ken’ichi Endou
* Ryuuji Harada
* Yoshio Harada
* Renji Ishibashi
* Tsurutarô Kataoka
* Kirin Kiki
* Kazuhiro Mashiko
* Hiroyuki Nagato
* Mari Nakayama
* Ken Ogata
* Mitsuhiro Oikawa
* Hideji Ôtaki
* Tokitoshi Shiota
* Shun Sugata
* Haruna Takase
* Teah
* Susumu Terajima
* Kazuki Tomokawa
* Tarô Yamamoto
* Joe Yamanaka
* Rikiya Yasuoka
Histoire
Le film met en scène Okada Izô (岡田 以蔵, 1832–3 juin, 1865) un samurai japonais de la fin de la période Edo. Il était craint comme étant l’un des plus célèbre et efficace assassin de la période Bakumatsu. Né à Tosa de gôshi Okada Gihei, qui été paysan mais a acheté le rang de gôshi. Izô et Tanaka Shinbei étaient actifs à Kyoto comme assassins sous le commandement de Takechi Hanpeita dans le shinsengumi.
Cependant, le portrait que donne Miike du personnage (ou plutôt de son esprit) transcende la réalité (ainsi que le temps et l’espace), ce qui donne un exposé surréaliste d’un Izô encore ensanglanté, rencontre philosophique avec une vie future chargé de symbolisme, de temps à autre interrompu par des images d’archive de la Seconde Guerre mondiale accompagnées à la guitare par le chanteur d’acid-folk Kazuki Tomokawa. Kazuya Nakayama joue le rôle de Izo, et le nombre important de personnage qu’il rencontre durant son voyage inclue Takeshi Kitano et Bob Sapp (Ancien jouer de football américain reconvertit dans le K1).
Déjà représenté par Hideo Gosha dans son film « Hitokiri », le Izô de Takashi Miike tranche par son côté bestiale, parfois inhumain et pourtant tellement humain.
Mon Avis
Ce film est un véritable OVNI…
On reconnait la touche de Takashi Miike dans ce film, notamment grâce à Visitor Q et Sukiyaki Western Jango… Mais là on est en dehors de toutes normes. Si le film était mis en chanson ce serait un album de Hubert Felix Thiefaine! On est dans le sur-réaliste complètement. Le film délivre de nombreux messages et il est très difficile de tous les capter.
Chaque scène regorge de symboles et de détails… il est difficile de tout comprendre quand on ne lit pas les kanji écrits sur les murs car chaque détail a son importante dans la compréhension des scènes et les liens entre elles…
J’en suis au troisième visionnage et je n’ai pas tout compris, la faute en incombe à mon absence de compréhension du japonais parlé qui regorge de subtilités, non traduites dans les sous-titres que j’ai pu avoir.
Je pense qu’il m’aurait fallu voir plus d’oeuvre de Takashi Miike pour comprendre plus ce film…car même si on retrouve des connatation de Visitor Q, Zebraman, Sukiyaki Western Jango, Katakurike no kôfuku, j’ai été vite dépassé par l’enchainement des scènes et le symbolisme omniprésent.
Une critique
issu de http://www.sancho-asia.com/miike/izo.php
Un ovule est fécondé, un homme est né… puis exécuté. Izo Okada, ronin de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, est attaché à une croix. Deux hommes armés de lances, le transpercent de toutes parts de nombreuses fois. Mais Izo est Rage, Haine, Violence, et ne peut pas mourir. Ne veut pas mourir. L’enfer le voudrait ? Qu’à cela ne tienne : il sera son représentant sur Terre. Si l’Histoire est écrite à la force du sang versé par les hommes, Izo sera le moteur de cette Histoire. Réincarné d’époque en époque, errant tel un démon parmi les hommes dans le but de se venger de tout et de tous, Izo tue tous ceux qui se mettent sur son chemin. Sans s’expliquer, sans s’excuser. Avec pour seul volonté de rester lui-même, coûte que coûte, tel un affront envers les Dieux, entités fictives nourries par les mensonges des Hommes, qu’il renie et défie sans cesse.
Pourtant Izo est l’Homme, ainsi que son antithèse. Comme le décrivent le personnage incarné par Ryuhei Matsuda et ses deux gardiens, il est à la fois avec et sans visage, avec et sans âme : l’incarnartion de l’absurdité. Est-il brutal parce qu’il est humain, ou justement humain parce qu’il est brutal ? De tout temps, l’Homme a tué son prochain, usé de violences au nom de la démocratie ou de toute autre chimère sociale, pour s’imposer en tant que tel. Son pouvoir passe par la destruction, aussi la douleur qu’il procure devient-elle preuve tangible de l’existence de chacun. A tel point semblerait-il, que sa volonté de destruction devient indissociable de son désir de création.
Izo combat les Dieux et les Hommes, et pourtant il convoite le statut des deux. Il veut devenir Dieu en s’affirmant comme Homme, en se laissant aller à ses pulsions – meurtrières, sexuelles -, prouvant par là même qu’il n’est tributaire d’aucune loi. Les lois qu’il défie là encore, tout comme les armées, les autorités religieuses, les yakuza et toute autre » organisation » qui s’attache à la réécriture de l’ordre des choses. Puisque sa mort est impossible, il lui faut se tuer au travers des autres, et notamment de sa mère. Se faire face aux yeux du passé, mais aussi de l’avenir – c’est pourquoi Izo en vient même, se tranformant peu à peu en démon, à porter sa lame sur des enfants.
Izo tel que décrit dans le film de Miike, est une perturbation. L’imperfection nécessaire à l’expression de la perfection humaine, dans tout ce qu’elle a d’incomplet et d’absurde. C’est parce qu’il est inacceptable que sa présence est inévitable, c’est parce qu’il remet en question les pouvoirs en place qu’il est nécessaire. Révolution et conservation, mort et renaissance : tout est dans tout, tout fait partie de tout. Izo fait partie des Hommes et de l’Histoire, pourtant il s’acharne à les détruire.
En tant qu’imperfecion, Izo est toléré par les Dieux qu’il renie, puisqu’il est la marionnette de leur volonté. En tant que ronin déjà, la punition divine (Tenchu) qu’il croyait distribuer n’était pas sienne. Réincarné à l’infini, explicitement condamné à porter sa haine le long d’un ruban de Mobius, il n’est que l’expression d’une volonté divine, désireuse de confronter l’Homme à son existence et sa destinée. Bien qu’apparemment nihiliste, Takashi Miike confronte ainsi son personnage jusqu’au boutiste, incarnation du Chaos qui gouverne la Vie et la Nature, à notre réalité : la violence. Les preuves de l’existence des Dieux dans Izo sont discrètes mais évidentes, au travers des fleurs qui tantôt restent silencieuses, tantôt se rient de l’absurdité du questionnement humain. Car oui, les fleurs se moquent d’Izo, cet être qui leur passe à côté sans réellement les voir, trop préoccupé par sa propre futilité.
Peut-être Izo est-il simplement là pour offrir à chacun la possiblité de renaître, sous un ciel nouveau. S’il ne peut trouver ce qu’il recherche – sa propre affirmation – c’est parce qu’il demeure insensible à la vie qui l’entoure, et ne peut donc jauger ou assumer sa démarche. Il lui faudra affronter la douceur de l’Homme, sa grâce et non sa violence, pour comprendre enfin qui il est, et comment il peut s’accepter. Devenu un démon et vaincu par un Homme, Izo nous offre la possibilité de connaître la question qui devrait, au bout du chemin, définir chacun d’entre nous : » Toi, comment as-tu vécue ta vie, et qu’as tu vu ? «
Miike nous renvoie à l’interrogation finale de Dead or Alive 2, qui traitait déjà de réincarnation vengeresse au travers de la renaissance improbable des entités incarnées par Sho Aikawa et Riki Takeuchi dans le premier Dead or Alive. Il nous demandait alors : » Where are you now ? » Si Izo avait entendu cette question plus tôt, et accepté de s’assumer au sein du monde plutôt que de le détruire – servant ainsi la volonté de changement de quelqu’un d’autre – il aurait certainement vécu non pas sa vie mais sa mort, d’une façon différente. Car Izo tels Sho et Riki – démiurges de l’univers Dead or Alive qui tantôt partagent, tantôt se disputent une conception de la vie sur Terre – refuse d’accepter que la vie soit imparfaite. En refusant d’admettre que le sang qui coule dans nos veines est amené à être versé, en reniant cette imperfection intrinsèque à l’Humanité, c’est lui-même qu’il renie. Sho Aikawa et Riki Takeuchi faisaient de même dans la trilogie DoA, se retrouvant à chaque fois dans un cul de sac, mais Miike s’y était contenté de trois impasses. Il tire ici le concept à l’extrême, Izo faisant face à une infinité de résurrections, et par conséquent à autant d’échecs.
Puisant sa force d’une énergie volontairement redondante, Izo est donc un peu le Miike » ultime « , l’appel à la conscience de soi le plus violent que le réalisateur nous ait jamais lancé. Il est hermétique, c’est certain – d’ailleurs Miike en a lui-même conscience -, mais tellement rageur qu’il atteint forcément même le plus passif des spectateurs. Et pour peu que ledit spectateur garde les yeux ouverts et accepte de voir les fleurs qui jalonnent le parcours du démon meurtrier, au milieu des images de guerres et de massacres, il en saura au bout du compte, un petit plus sur lui-même.
Gigantesque fresque barbare à vocation humaniste, Izo incarne sa propre perturbation, l’imperfection de sa propre perfection. Ses 126 minutes de Haine constituent en quelque sorte le 2001 de Takashi Miike, sa réponse à une quête de raison à notre existence. Une raison qui ne peut se trouver qu’en nous, au regard des autres et du monde qui nous entoure, et que nous aimons et, souvent, détruisons. Izo, c’est cela, le tout et le rien, la cohérence et l’absurdité, réunis en un projet cinématographique d’une rare intensité et d’une maîtrise formelle ahurissante : Izo, c’est l’Homme.