Jeudi soir, invité par un collègue je suis allé m’entrainer à Sélestat dans un club de shôtôkan affilié au CRB (Centre de Recherche Budo): le Dento Budo Dojo.
Je suis accueillis par les divers pratiquants et par le professeur Jean-Claude BENIS 4e dan de karate shôtôkan et également professeur de Tai-Chi-Chuan.
Jean-Claude me pose quelque question sur ma pratique, mes recherches, mon niveau. Il a une excellente culture martiale. C’est agréable d’échanger avec lui.
On commence un échauffement rapide accès sur les diverses articulations sollicitée: hanches, ceinture scapulaire, …
Puis on tire un peu sur les jambes. Dur dur pour moi… je n’ai plus l’habitude de monter mon genou aussi haut.
Jean-Claude insiste sur le travail des hanches et du bassin pour pousser la technique.
Puis on passe aux enchainements de kihon.
Tout d’abord coup de pieds… on travail des techniques de jambes inhabituelles, qui nécessite équilibre, stabilité et demande une bonne rotation du bassin.
Notamment un uramawashi où l’ont vient frapper à l’intérieur.
Il n’y a pas de kihon avec une seul et unique technhique. Toutes les techniques sont enchainées.
On travaille par exemple l’enchainement oizuki, sortie de l’axe taisho puis uraken.
mais en étant très fluide, pour éviter le tempo 1 puis 2 puis 3. Et le tout en sortant de l’axe d’attaque.
Il y a toujours dans chacune explication un apport culturel par Jean-Claude:
ce qui me fait penser à ce que dit Roland Habersetzer:
Opposé à la compétition car “elle développe le mauvais côté de l’homme”, Roland Habersetzer a donc créé voici 26 ans, le CRB. Vivant complètement en marge de la fédération française, cette association compte aujourd’hui 22 clubs affiliés, “du Québec à l’Oural”, se plaît à remarquer Roland Habersetzer. “Chaque dojo est indépendant sauf en ce qui concerne la méthode d’enseignement, explique-t-il. Si un dojo veut faire partie du CRB, il doit effectuer une demande, renouvelable tous les ans. S’il ne respecte pas l’éthique, on ne le garde pas au sein du CRB”.
L’éthique, c’est l’absence de compétition et une approche traditionaliste et culturelle du Budo.”Le CRB n’est pas une secte, c’est une école traditionnelle, affirme son président-fondateur. Les passages de grades, par exemple, s’accompagnent de questions culturelles. Mais on ne demande quand même pas une connaissance encyclopédique, simplement des noms de styles anciens, de maîtres…”. Autre exemple de cette voie traditionnelle choisie par Roland Habersetzer: pour se présenter au passage de ceinture noire, il faut que le professeur de l’élève concerné ait au préalable validé la demande, “à l’ancienne, en quelque sorte”. Je ne transige jamais sur les grades, assure-t-il, je ne fais aucune concession. C’est bien d’ailleurs ce que je reproche au sport. On ne doit pas mélanger les genres et donner des Dan à ceux qui se construisent un palmarès. On a aujourd’hui des 5è Dan qui sont incapables d’expliquer l’esprit à des élèves”.
Auteur de 63 livres en trente ans, dont le “Guide Marabout du Karaté” en 1969, qui fut traduit par la suite en plusieurs langues, Roland Habersetzer n’a cessé de combattre l’idée de la compétition tout au long de ces années. Le CRB est bien évidemment l’illustration de ce combat. 26 ans après la création du Centre, même si le ton se veut plus diplomatique, Roland Habersetzer campe toujours sur ses positions. “On ne fait la guerre à personne, affirme-t-il, on ne dénigre pas. On est simplement “ailleurs”. Le karaté sportif est une autre logique, une certaine approche du karaté, mais il y a autre chose derrière, une évolution. Quelque part, je dis chapeau à celui qui est champion du monde ou champion olympique, mais ce n’est pas une échelle de valeur. La compétition n’est pas un combat pour la vie. L’enjeu est nul; alors il faut relativiser”.
Jean-Claude le redit: ici pas de combat, pas de compétition: du travail technique, kihon, kata, kumite-kata.
Après une bonne scéance de kihon enchainés, on travaillera un kumite-kata.
Un ensemble d’attaque et contre attaques codifiées exécutées à deux comme pour un combat.
On retrouve l’optique du NTJ no kata shodan et NTJ no kata sandan.
Il expliquera l’application d’un kata au niveau de bunkai avec clefs et projections.
Mais selon lui c’est plus un travail naha-te, le shôtôkan selon lui étant majoritairement des atemis avec un travail plus réduit en clef et balayages.
Puis pour finir on travaillera le kata happoren, tel qu’il figure sur le livre Bubishi de R. Habersetzer.
J’avais vu ce kata avec Hanchindi, et la version de Haberstzer est différente de la version chinoise telle qu’il me l’avait montré.
Ce fut une expérience intéressante de voir une autre façon de faire du shôtôkan.
De pouvoir discuter un peu avec un professeur qui possède une grande culture martiale.
Le karate du CRB est donc un karate très technique à but non compétitif.
Je pourrais dire un karate de recherche.
Il n’est pas fondé sur le coup unique mais bel et bien l’enchainement de techniques.
Le travail est intéressant mais éloigné de ce que je recherche.
La forme est rigide et malgré le travail intéressant des bunkai, elle reste trop éloignée de mon style de base (shimewaza, kansetsuwaza, sutemiwaza, newaza, nagewaza).
Le travail de contact, de fluidité, d’absorption, qu’offrent le Goju et l’Uechi ryu sont plus dans l’axe de ma recherche.