Yatta mono gachi no kuni (やった者勝ちの国) est une expression qui veut dire « pays de yatta mono gachi »: kuni (国) signifie « pays ».
pour comprendre l’expression « yatta mono gachi » (やったものがち) il faut décomposer les termes qui la composent:
- yatta (やった) : passé du verbe yaru (やる) qui signifie « faire »
- mono (者, もの) : qui veut dire « une personne/la personne »
- gachi (勝ち, がち) : est le suffixe de « kachi » (勝ち, かち) qui signifie « victoire/gagné »
Donc « yatta mono gachi » (やった者勝ちの国, やったものがち) signifie « celui qui fait gagne ».
On peut dire aussi Yatta Mon Gachi (やった者勝ちの国, やったもんがち) puisque le kanji pour « une/la personne » (者) se dit « mono » (もの) et « mon » (もん). Seulement Yatta Mon Gachi est un peu plus vulgaire, du langage argotique.
Du coup l’expression Yatta mono gachi no kuni (やった者勝ちの国) est utilisé pour qualifier un pays où « celui qui fait gagne » dans le sens « celui qui fait a raison » ou « celui qui fait n’est pas punis ».
C’est à dire un pays où il y a des règles mais personne ne les suit et de toutes façons: « pas vu pas pris ».
Au Japon, ce qualificatif est très souvent utilisé pour la France: フランスはやった者勝ちの国 (la France est un pays yattamonogachi). Mais ce n’est pas le seul pays qui a ce qualificatif. C’est à dire que l’on peut faire ce que l’on veut, même ce qui est interdit, sans se soucier des autres, à partir du moment où l’on n’est pas pris. En effet, on peut voler dans un supermarché, si on n’est pas attrapé, pas de problème. On peut se garer sur une place pour handicapé, si on n’est pas attrapé, pas de soucis. C’est à dire un pays, où l’on ne respecte rien, ni personne tant qu’il n’y a pas de répression. Et quand bien même il y aurait de la répression, à partir du moment où l’on n’est pas attrapé, cela veut dire que c’est permis. Cela caractérise bien le comportement du français qui part du principe que « si ce n’est pas interdit, c’est autorisé » (sans réfléchir plus loin, de savoir si ça peut gêner quelqu’un) ou même de « tant qu’on me prend pas, je peux continuer mes malversations ».
C’est un trait de caractère de pays où une simple gène de voisinage, se garer sur une place handicapé, voler dans un magasin, est considéré par la loi comme un délit mais n’est pas considéré comme un délit par la majorité de la population tant il y a de choses plus graves punis moins sévèrement. Ainsi, si votre voisin fait un tapage nocturne et que vous appelez la police, il y a peu de chance que cela change quelque chose, et il y a fort à parier que pour régler le problème il faille déménager.
Du coup pour des pays civilisés, où l’on considère déjà que gêner autrui est condamnable, il est inconcevable de volontairement faire quelque chose d’interdit. Ne serait-ce que par l’embarras provoqué. Ainsi en Allemagne, à Münich, par exemple, il y a des panneaux expliquant que tel ou tel comportement est interdit et punissable d’une amende, mais ce panneau est à plus l’attention des étrangers, car pas un seul allemand n’oserait ne pas respecter l’ordre publique. Ainsi les seules personnes inquiétées par les contrôles de billet, sont les étrangers en visite, et les criminels allemands qui de toutes façons ne respectent rien ni personne. Alors que chez nous en France, se garer sur une place handicapé, ne pas payer son billet de tram, de métro, resquiller, voler dans un magasin, prendre une pomme sur une étale au marché, ça ne fait peur à personne et c’est concevable par tout le monde. Si on se fait prendre, on trouve même des excuses à ce que l’on a fait, et il n’y a aucune honte à recevoir la contravention. Evidemment tous les français ne sont pas comme ça, mais globalement la masse qui regarde BFM-TV, LCI, TF1 et M6 et croient ce qu’ils y voient est cette partie de la population qui, bourrés de clichés et d’idées reçues va se conduire sans aucun respect pour ses semblables.
Ainsi la France est un pays Yatta Mono Gachi no Kuni (やった者勝ちの国) pour le Japon. Car pour un japonais seuls les criminels commettent volontairement des délits. Il ne viendrait pas à l’esprit d’un japonais d’enfreindre volontairement une loi, un accord ou une règle tacite (de respect de l’autre) fussent-t-ils non punis pas la loi. En France on dit bien « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Simplement au Japon, c’est appliqué naturellement. De ce fait gêner les autres volontairement est impensable. Enfreindre une règle, même tacite est également impensable. C’est donc une totale incompréhension et une différence culturelle importante entre le Japon et d’autres pays non-civilisés, comme la France, où l’on s’autorise tout et n’importe quoi, à partir du moment où on ne se fait pas prendre. Et c’est ce qui provoque le double sentiment d’amour et de rejet qu’ont les japonais sur la France. L’amour de l’absence de règles, le côté chaos, sanguin. Donc moins de stress moins de pression sociale, la possibilité d’être soi-même et se moquer de ce que les autres pensent. Mais en même temps la colère sur le fait que l’on est constamment dérangé par le comportement des autres qui se foutent éperdument du manque de respect, de la gêne provoquée, des ennuis dont ils sont responsables et en plus de cette fuite de responsabilité en trouvant des excuses voir en accusant l’autre.
Et c’est un exemple que j’ai eu pas plus tard que samedi 02/04/2016 à 12h00. Alors que je sors de chez moi à 10h, je remarque une voiture garée dans la cour devant mon garage et bloquant ma moto, comme je n’en ai pas besoin pour l’instant je me suis dit que c’était temporaire et qu’à 12h elle ne serait plus là. Mais non, à 12h, elle était encore là, impossible de la sortir. La personne me bloquant non seulement ne s’est pas excusée, mais m’a engueulé en se justifiant, ce n’était pas de sa faute. Dans d’autres pays civilisés, il ne serait venu à l’idée de personne de bloquer quelqu’un d’autre et de se garer là où c’est interdit quelle qu’en soit la raison…
Bonjour Jack,
Yattamonogachi… J’ai une empreinte carbone déplorable et j’en ai vu des yattamonogachi. Habités par des gens de toutes couleurs aux yeux de différentes formes.
C’est ce que j’apprécie le plus dans ton site, le fait de mettre en exergue les différences culturelles. Mais il me semble qu’il y a là d’autres voies d’analyse du « moi d’abord » connu aussi sous le vocable rudoyeux « chacunmaG… ».
– Le communautarisme et sa prise en compte différente d’autrui selon qu’il est ou non de telle ou telle origine ou de la même origine que soi. Dans un pays à la population aussi homogène que le Japon, le communautarisme n’est peut-être qu’un épiphénomène (pure hypothèse totalement personnelle).
– l’hyper-individualisme injecté à la population au travers de jeux comme « le maillon faible », « Koh Lanta » et autres téléréalités où la victoire ne va pas sans piétinement d’autrui; démarche éducative/manipulatoire dont le seul et unique but est de faire perdurer un système où consommer est l’acte social ultime. Bah oui, on commence par avoir conscience de l’autre et puis, et puis… C’est dangereux la conscience:-P
Si c’était nécessaire pour le business, j’incline à croire que l’on ferai aussi cela des japonais. Aucune culture n’est immuable ni immanente ceux qui les façonnent désormais n’ont pas l' »innocence » de le croire.