Ce soir a eu lieu la 5ème Nuit des Arts Martiaux Traditionnels dédié au 50ème anniversaire de l’arrivée en France de Noro Masamichi fondateur du Ki no Michi.
Invité par Léo Tamaki, sensei Shimabukuro a tenu à ce que quelques élèves l’accompagnent pour présenter le Uechi-ryû. Ainsi nous avons depuis 3 semaines préparé une démo présentant en quelques minutes les principes du Uechi-ryû: renforcement, travail mains ouvertes, kata, tameshiwari. Une prestation même de 10 minutes censée montrer les principes et résumer l’école est toujours très difficile à mettre en oeuvre, surtout pour un temps aussi court, car il faut montrer à un public de non connaisseurs les différences et les principes de l’école, mais aussi à un public de connaisseur ce qui se situe en profondeur… Et de ce fait, même pour 10 minutes de prestation, la préparation est importante et non négligeable.
Ainsi le jour J, me voilà partit pour la Halle Carpentier dans le 13ème après mes deux heures de cours de japonais hebdomadaire à SNG. En plus ce soir le cours était particulièrement cérébrale car on abordait des concepts que je ne maitrise pas encore et des kanji que je ne connaissais pas (on a vu des phrases du type こまかいおかねがないんですけど、一万円さつでもいいですか ou encore エフェールトへ行きたいんですけどどこへおりればいいでしょうか). Et donc après un passage pour boire un café serré, aller aux toilettes je rejoins sensei Shimabukuro, Didier, Karine, Raphaël et Cédric à La Halle Carpentier à 19h45.
Durant cette nuit nous avons eu droit à des démonstrations de différentes écoles et courant d’Aikidô de haut niveau, mais aussi du Ki no Michi, de l’aikibudô avec Alain Flocquet qui nous a aussi régalé d’une prestation de Katori Shintô Ryû de toute beauté. Nous avons également eu droit à une démonstration traditionnelle de Taekkyon un des arts martiaux coréen les plus anciens qui a donné naissance si je ne me trompe pas au Taekwondo (avec un peu de karate shôtôkan dedans) et au Hapkido (avec un peu de Daitô Ryû Aikijûjutsu par dessus), et une démonstration de Baguazhang et de Xing Yi Quan (Hsing I). Sans compter les démonstration de Wadaiko par un groupe d’artistes et musiciens composé de deux hommes et deux femmes qui n’ont pas à avoir honte de leur performance même en comparaison de groupe comme kodô ou Namahage Satô Kagura… Mais aussi une démonstration de Jugo Odori, une danse de Obon, avec des danseuses japonaises en kimono de cérémonie superbes. Et des anecdotes qui resteront à jamais gravées comme un souvenirs vraiment joyeux…
Un regret cependant, j’ai trouvé dommage vis à vis du public qu’un travail de fond ait été prépondérant sur presque toutes les démonstrations, car seul un public avertit pouvait en comprendre l’essence. Exemple le maitre du Baguazhang, a tournicoté en rond pendant quelques minutes. Pour quelqu’un de non avertit, difficile de comprendre la portée des mécanismes en action… surtout qu’il s’agit d’un art interne. De même que lors de la démonstration du Taekkyon, j’ai surpris plusieurs pratiquants de Ki no Michi rire des déhanchement des pratiquants, alors que leur travail était vraiment très subtile et très intéressant (si ce n’est leur vêtement de pratique, surtout au niveau des couleurs… mais bon, c’est personnel, venant d’un monochrome, c’est plutôt un compliment) même si la présentation pouvait laisser un deuxième niveau de compréhension qui pouvait prêter à confusion. Ainsi les démonstrations les moins spectaculaires étaient les plus intéressantes, car riches en principes, et en travail de fond et de structure… Mais pour un public non avertit, c’était des choses inaccessibles et même ennuyeuses, car ça manquait de rythme, de bruits, de visibilité.
Dans tous les cas, j’ai pu voir le légendaire Alain Flocquet en mouvement, faisant les sutemi de l’école aikidô Yôseikan de sensei Minoru Môchizuki, mais aussi dans une démonstration de Tenshin Shoden Katori Shintô Ryû avec du jô, du katana, du boken, du naginata… vraiment superbe…
Et surtout ce type de démonstration permet de montrer que l’aikidô n’est pas la danse qu’elle parait être entre les mains de certains club, qu’elle n’est pas le seul art d’union, d’amour des oiseaux et des petites fleurs, mais d’un art de défense authentique et efficace. Daniel Toutain, André Cognard et bien d’autres étaient présents pour le démontrer, par leur structure, leur ma-ai, leur déplacements, leur forme de corps. C’est en voyant de tels experts que je me dis que j’aurais aimé faire cet aikidô, étant plus jeune…
Souvent je vois sur le net, des gens qui ne connaissent de l’aikidô, un seul club, une seule pratique, généraliser des idées reçues sur une seule idée… Alors qu’ils ne connaissent pas l’aikidô yoshinkan, l’iwama-ryû, mais aussi des experts tels que ceux présentés lors de cette nuit. Je pense que cette soirée aura eu pour qualité de briser les idées reçues et de montrer que la plupart des gens se trompent sur ce que cette école est vraiment à la base (après il y a la façon dont certains enseignants l’enseignent et la façon dont certains élèves la comprennent… mais ce qui prouve que professeurs comme élèves sont des être humains avec leurs défauts).
Tout ça pour ne pas dire que je me suis trompé sur le kata de début ^^, mais bon en montant sur le tapis, j’ai été éblouis par le projecteur et j’ai eu un petit blanc passager (la fausse excuse…)… Quoi qu’il en soit cette nuit des Arts Martiaux Traditionnels est un superbe évènement pour ceux qui aiment les arts martiaux japonais et s’intéressent aussi aux autres formes martiales, mais c’est aussi une manifestation à ne pas manquer pour tous les fans de culture japonaise. Une très belle réussite…
Cher Jack,
Merci pour ce très beau compte-rendu vécu de l’intérieur. Merci encore à toi d’avoir joué l’intermédiaire et assisté Shimabukuro senseï dans votre très belle démonstration.
Très amicalement,
Léo
Bonsoir Léo,
Merci à toi pour l’invitation et l’organisation de tout ça.
Amicalement
Jack