J’ai pu goûter le Whisky Nikka Takesturu 12 ans d’âge, de la distillerie Nikka. J’aurais bien voulu tester le 21 ans, mais à plus de 100 euros la bouteille, cela faisait un peu beaucoup pour mon budget. Le nom a été donné en honneur à Masataka Taketsuru considéré comme le père du whisky japonais. J’avais récemment écrit un article sur certains crus de la distillerie Nikka: ニッカウヰスキー株式会社 – Nikka uisukī kabushiki gaisha. En voici donc un autre.
Type: single pure malt
Prix:
2003, 2010 – ISC GOLD
2009 – SWSC DOUBLE GOLD
2011 – IWSC GOLD (BEST IN CLASS)
Mariage des deux single malts Nikka, le Taketsuru allie le caractère affirmé de Yoichi à l’élégance et la précision de Miyagikyo. A la fois masculin et féminin, traditionnel et novateur, ce pur malt hors normes rend un digne hommage à Masataka Taketsuru, père du whisky japonais et fondateur de Nikka.
Masataka Taketsuru
Masataka Taketsuru (竹鶴 政孝, Taketsuru Masataka, 1894–1979) est un homme d’affaires japonais considéré comme le fondateur de l’industrie du whisky au Japon. Masataka Taketsuru naît le 20 juin 1894 à Takehara, dans la préfecture d’Hiroshima dans une famille de producteur de saké depuis 17331. Il reçoit une formation de chimiste avec une spécialisation en chimie organique. Il est ensuite embauché par Settsu shuzō (摂津酒造), une société basée à Osaka et qui désire se lancer dans la production de whisky. En 1918 Taketsuru est envoyé en Écosse pour étudier la chimie organique à l’Université de Glasgow et devient l’élève de Thomas Stewart Patterson le doyen de la faculté de chimie. Dans le même temps Taketsuru voyage et travaille dans diverses distilleries écossaises. Il étudie leur fonctionnement et tente d’acquérir un maximum d’expérience dans ce domaine. Il rencontre une jeune Écossaise dénommée Jessie Roberta (dite Rita) Cowan de Middlecroft, Kirkintilloch (14 décembre 1896-17 janvier 1961). C’est un coup de foudre réciproque. Il se marie avec elle en janvier 1920, et ce malgré la forte opposition de sa famille. Ils partent vivre à Campbeltown ce qui permet ainsi à Taketsuru de travailler à la distillerie de Hazelburn. Taketsuru rentre au Japon avec son épouse en novembre 1920. Il s’aperçoit que l’entreprise qui l’avait envoyé en Écosse ne se lancera jamais dans la création d’une distillerie de whisky, et la quitte en 19211. En 1923, il entre au service de Kotobukiya (壽屋/寿屋), entreprise dirigée par Shinjirō Torii (鳥井 信治郎, Torii Shinjirō). Il crée pour lui une distillerie près de Kyoto, Yamazaki. Cette société deviendra plus tard Suntory. En 1934, Taketsuru décide de voler de ses propres ailes. Il fonde sa propre société, Dainipponkajū (大日本果汁), et crée une distillerie à Yoichi, sur Hokkaido. Il choisit ce site pour ses conditions climatiques proches de celles de l’Écosse La production de whisky commence en 1936 et en 1939/1940 est embouteillé le premier whisky de la distillerie. Il est dénommé Nikka Whisky. En 1952, la société prend le nom de Nikka, diminutif de Dainipponkajū. La seconde distillerie, Miyagikyo, est batie à Sendai sur Honshū en 1969. Masataka Taketsuru meurt à l’âge de 85 ans le 29 août 1979.
Rita Taketsuru
Le génie de Masataka Takatsuru y est certes pour quelque chose dans le succès mondial de ce whisky japonais, mais sa femme Rita a aussi apporté une importante contribution dans la réussite de l’entreprise Nikka. De son vrai nom Jessica Roberta Cowan, Rita Taketsuru, née en 1896 et décédée en 1961, a rencontré celui qui allait devenir son mari en Ecosse en 1919. Ce dernier donnait alors des cours d’arts martiaux à son futur beau-frère. L’écossaise et le japonais sont tombés amoureux dès le premier regard et ils ne perdent pas de temps car en 1920, ils se marient à Glasgow. Dès cette époque, la fabrication de whisky fait déjà partie intégrante de la vie du couple. En effet, au début de leur mariage, ils s’installent à proximité de la distillerie de Hazelburn sise à Campbeltown, là où Masataka fait ses formations. Ils quittent ensuite l’Ecosse pour vivre définitivement au Japon. Au pays du soleil levant, Rita Taketsuru s’intègre vite et parvient à parler couramment la langue locale en peu de temps. Elle ne reviendra jamais plus dans son pays natal, ni en Europe d’ailleurs.
Pour Masataka, sa femme jouait en quelque sorte le rôle d’une inspiratrice. En plus d’être une femme moderne, Rita Taketsuru était aussi volontaire et résolue. En 1923, alors que son mari n’a pas de travail, elle arrive à subvenir à leurs besoins en donnant des cours d’anglais. Toute sa vie, Rita a fait preuve d’un soutien indéfectible à l’égard des projets et des activités de Masataka. Le couple n’eut pas d’enfant, ce qui contribua sûrement à donner à cette femme exceptionnelle toute l’impulsion nécessaire pour s’investir à fond dans leur industrie de whisky. Sans tenir compte de la réussite de son mari, Rita Taketsuru, du fait de sa grande personnalité, était aussi une femme très respectée au Japon. Pendant les hostilités, à cause de la montée d’un sentiment nationaliste exacerbé, elle a beaucoup souffert du dénigrement réservé à tous les étrangers. Après la deuxième grande guerre, son nom a pourtant figuré en tête de liste des personnes ayant travaillé à réconcilier le Royaume-Uni et le Japon. Kirkintilloch, la ville où elle est née, et Yoichi, sont d’ailleurs jumelées.
Avis
J’avais déjà donné un avis sur quelques whisky Nikka sur l’article: ニッカウヰスキー株式会社 – Nikka uisukī kabushiki gaisha. J’ai goûté le Taketsuru 12 ans d’âge et je l’ai trouvé excellent. pour paraphraser un commentaire trouvé sur un forum : un vrai whisky d’été, avec d’intenses arômes de fruits du verger (poire, pêche, abricot), des notes de tarte aux pommes bien caramélisées, de crème glacée à la vanille, une pointe de tourbé/fumé, une belle fraîcheur végétale et un équilibre « signature de Nikka ». Un bon 86-87/100 « général » et une note proche des 90/100 pour les vatted malts que j’ai goûtés à ce jour.