Invité au stage, je me suis rendu à Maison-Alfort pour participer à la première journée de stage.
Le stage commence avec un peu de retard par l’échauffement dirigé par le professeur des lieux. Rotations des articulations, assouplissements des jambes, quelques pompes, quelques abdos, des tsuki dans le vide, des coups de pieds.
Puis sensei Sasaki prend les choses en main et explique qu’il existe en karate beaucoup de Tsuki et de Keri, mais que les plus représentatifs et les plus utilisés sont les mae-geri et mae-zuki. Il explique qu’il a vu beaucoup de monde les faire de façon techniquement pas correcte. Il explique que l’énergie des frappes et des défenses est lié à l’énergie de rotation des hanches qui fait que lorsqu’on bloque ou qu’on frappe c’est la rotation et la poussée des hanches qui permet de donner la force. Mais pour ça, il faut avoir certains principes qu’il nous présente par la suite.
On commence un premier exercice pour travailler le hikite, le tirage du poing à la hanche. Bon déjà je n’y arrive pas… mon poing se place de lui même sous l’aisselle. On est debout, pieds écartés et on tend les poing devant soit en les joignant pour former un triangle. Puis sensei Toshiaki décompose le mouvement:
1. on descend le coude vers le bas, ce qui a pour effet de placer le poing paume vers la haut
2. on tire le coude en arrière en glissant le long des hanches
3. on pousse le coude toujours le long des hanches pour le faire revenir devant
4. on vrille le poing pour le remettre paume vers le bas
Puis on enchaine de plus en plus vite, en diminuant les temps pour faire hikite + mae-zuki en un minimum de temps et enchainé. A ce mouvement sensei Toshiaki explique que pour générer la force il faut se déplacer de hanmi à senmi… il explique en anglais que hanmi c’est le corps à 50% de face (dont un peu de profil) et zenmi à 100% de face.
Le concept de hanmi est important. Si je regarde le mot en japonais:
hanmi (半身) : le corps à 50% en face (aussi une position de sumo ou la jambe avant est pliée et la jambe arrière tendue)
半: moitié
身: corps
donc le corps à moitié de face (à 45°)
zenmi(全身): de face le corps à 100% en face
全: en entier
身: corps
donc le corps de face
Donc le principe est lors du tirage du poing en arrière d’accompagner avec une rotation des hanches. et c’est en poussant sur la jambe arrière qu’on pousse la hanche pour le retour de face en poussant sur le coude pour donner un coup de poing
Ainsi on refait l’exercice précédent avec hanmi
1. on descend le coude vers le bas, ce qui a pour effet de placer le poing paume vers la haut
2. on tire le coude en arrière en glissant le long des hanches
3. on passe en hanmi
4. on pousse sur la jambe pour pousser sur la hanche et on pousse le coude toujours le long des hanches pour le faire revenir devant
5. on vrille le poing pour le remettre paume vers le bas
Et évidemment on enchaine afin que le mouvement ne soit plus décomposé. On travaille un autre exercice, toujours sur le principe de l’armée du tsuki en hikite.
Un poing tendu et l’autre en hikite
1. Le poing tendu passe en hikite pendant que le poing en hikite devient un tsuki
2. Le poing en hikite devient un tsuki pour revenir en hikite
C’est un peu comme si on donnait un coup de poing à droite puis rapidement un deuxième à gauche.
Puis on passe au travail de maegeri.
Sensei Toshiaki nous explique la façon de donner un mae-geri et surtout le comportement des hanches et le fait de reposer et fixer la jambe qui a frappé au sol comme si on tapait du talon au sol.
Puis on effectue le premier exercice avec gedan barai en décomposant
1. Un bras tendu l’autre armé à l’oreille opposé
2. On arme le poing tendu en hikite
3. On glisse le poing armé le long du bras tendu
4. On pousse le poing en hikite devant en tsuki
On augmente diminue les temps de décomposition et on passe à l’ajout de hanmi
On refait ces exercices en zenkutsu, puis en faisant gedan-barai en avançant puis gyaku-tsuki et gedan-barai en reculant puis oi-zuki en avançant. Après on poursuit avec les autres types de blocages: soto uke, uchi uke, age uke. Une fois ces exercices effectués seul à droite, à gauche, en déplacement, après 1h30 de pratique de kihon, on passe au travail à deux. L’attaquant se place en situation d’attaque avec un gedan barai en reculant en position hanmi avec un kiai sonore. Puis il annonce en criant ce qu’il attaque « chûdan arimasu ». Sur le « osu » sonore du partenaire on attaque oizuki chûdan
Le partenaire défend gedan-barai puis riposte tsuki.
ATTENTION: IL NE FAUT ABSOLUMENT PAS TOUCHER SON PARTENAIRE… CONTROL ABSOLU!!!!
Puis on effectue ce type de travail avec d’autres mouvements de défense. En déplacement (sortie d’axe, tai sabaki). Un dernier travail ponctuera le stage: l’attaque attaque oizuki jôdan puis oizuki chûdan
le défenseur défend age uke avec en se déplaçant, avec le même bras gedan barai pour riposter.
Ce que j’ai retenu
– le hikite doit être rapide, il faut ramener la main très rapidement
– le coude toujours à l’intérieur dans le hikite comme dans les tsuki, comme dans les uke
– le coude est armé à la hanche car c’est la rotation des hanches qui va lancer l’énergie
– la rotation des hanches est initiée par la poussée de la jambe suite à la position hanmi
– dans gedan barai, il y a le faire harau, qui veut dire brosser, ce n’est pas une percussion mais un brossage qui se fait en allant vers l’avant et non latéralement
– soto uke aussi est un brossage et il faut le faire circulaire
– on dit « osu » à chaque moment pour dire qu’on a compris, qu’on est d’accord, et le « osu » soit être fort et puissant
– lors de l’annonce de la mise en garde on pousse un kiai sonore, puis on annonce la technique avec un rugissement, il faut être puissant dans la voix, être un lion pour reprendre sensei Toshiaki
Mon avis
Ce n’était pas inintéressant techiquement, ça m’a montré une autre vision des techniques de poing et de jambe dans ce courant de shôtôkan. Mais ce n’est pas mon truc. Personnellement, pousser la hanche, etc… ça m’a fait mal à l’aine et au dos. Je préfère la position sanchin et son déplacement ancré avec ses types de hakkei pour générer la force. Le travail des zenkutsu en hanmi et génération de la force en poussant les hanches en avant c’est pour mon corps assez traumatisant. Néanmoins sur sensei Toshiaki sasaki c’est très esthétique, très puissant et vraiment beau à voir. Mais pour moi… c’est définitivement pas mon truc. Surtout faire un stage essentiellement axé sur le kihon technique et très très approfondit. C’est intéressant, mais j’aurais voulu voir plus de choses, aller plus loin.
Toshiaki sasaki sensei est quelqu’un de très simple, de relativement facile d’accès qui va vers les gens, n’hésite pas à discuter avec eux, se change en même temps que tout le monde et va se doucher avec tout le monde… Loin de l’image du sensei sur son trône.