剛, « Gô » traduit par « dureté » est trompeur. Le caractère chinois en lui-même va plus loin que la seule traduction de « dur », il signifie aussi rigide, fort, costaud. « Gô » en japonais a ainsi une signification plus complète que simplement « dur », il implique aussi la rigidité et l’inflexibilité. Si on regarde quelques exemples du caractère « gô » dans un mot composé on peut avoir une meilleure idée sur sa signification.
Par exemple:
* 剛健 Gôken – robustesse
* 剛直 Gôchoku – intégrité
* 剛勇 Gôyu – courage, bravoure
En regardant ces autres mots utilisant le caractère « gô », on peut voir que cela implique non seulement « la dureté » mais aussi la force et la stabilité. Dans ce sens, c’est ce que le kata sanchin essaye d’accomplir quelque part. Construire des fondations, une base, une structure forte à la fois mentalement et physiquement pour les élèves. Peut-être qu’un terme meilleur pour le kata sanchin serait kiso-gata; littéralement « kata de fondement ».
柔, ‘jû’ a ce problème similaire lorsqu’il est traduit par « douceur » et utilisé pour décrire le kata Tenshô/Rokkishu. Le caractère chinois lui-même signifie doux, calme, pliable. Un terme inexact pour jûdô serait « la voie calme ». Quoi qu’il en soit si on regarde à quelques exemples de mots utilisant le kanji « jû »:
* 柔順 Jûjun – obéissance
* 柔和 Jûwa – tendresse
On peut voir que la connotation est plus proche des lignes de flexibilité que de douceur. Encore, en ce sens ce n’est pas un mauvais descripteur pour Tenshô/Rokkishu, dans le fait que ce kata essaye de transmettre des concepts de flexibilité et de souplesse.
Est-ce que « gô » et « jû » sont les meilleurs termes? Pas avec les définitions française en tous cas, mais avec un petit peu plus d’explication, ils peuvent être bénéfiques. Au moins pour le cas des débutants.
basé sur un article de Mario McKenna
A savoir que pangainûn (半硬軟) la boxe moitié dur doux se traduit comme suivant:
半 (« han » en japonais): moitié
硬 (« kô/gô » en japonais): dur, ferme, fort, obstiné
軟 (« nan/zen/nen » en japonais) : doux, souple, flexible, pliable, faible
soit hankônan en japonais (pangainûn dans la langue du Fujian)
Pangainûn est le premier nom de l’école Uechi-ryû, donné par Kanbun Uechi avant que cette école soit nommée Uechi-ryû en son honneur.
Si le concept de dur/souple est semble le même, les kanji ne sont pas les mêmes. Si le sens est le même l’emploi de l’un ou de l’autre dépend de certaines choses.
剛 : concept plus philosophique, pour caractériser un état fort, dur, même pour ce qui est immatériel (caractère, volonté).
硬 : concept plus pratique, utilisé décrire l’état d’un objet dur, mais le concept reste « dur », exemple le corps, une table…
柔: concept de douceur et de souplesse pour un objet, un matelas
軟 : concept de douceur et de souplesse pour quelque chose de vivant, le corps, un chat