J’ai pu voir il y a peu de temps un remake américain de karate kid qui se déroule en Chine. Globalement l’histoire reste la même: un pauvre ado (pré-ado) se fait martyriser par de méchants jeunes de son âge, et pour se défendre il se fait aider d’une personne entrant dans la fleur de l’âge qui se révèle être un expert en arts martiaux et qui va lui apprendre un art de combat afin qu’il apprenne à se défendre.
Je ne discuterai pas du nom du film vis à vis de l’original (Karate Kid de 1984 avec Ralph Macchio et Pat Morita), ni du fait que ça s’appelle Karate Kid alors que ça se passe en Chine avec comme pratique: le Kung Fu.
Je ne discuterai pas non plus sur l’aspect vomitif de la première heure du film, où l’on voit ce garçon pourri gâté, se conduire en conquérant dans un pays qui n’est pas le sien où il ne parle même pas la langue, frimer, insulter les natifs du pays, se faire corriger et se plaindre qu’il n’aime pas le pays et qu’il regrette son chez lui. Rien ne me hérisse plus le poils que de voir quelqu’un récolter ce qu’il a semé, et s’en plaindre, surtout quand il s’agit d’un pré-ado qui symbolise une ethnie et encore plus une nation (le portrait dressé par cet enfant afro-américain est vraiment caricatural et donne une image clichée qui n’est pas une généralité). Est-ce une critique de l’amérique, des enfants américains? Ou simplement le fait que c’est ce que la version française laisse paraitre? Bref, le personnage joué par Jaden Smith est horripilant au possible, absolument pas sympathique et encore moins attendrissant. Plutôt une vasectomie au marteau et à l’enclume qu’avoir un enfant de ce type… Mais,ce n’est pas le sujet ici…
Au niveau des combats, évidemment, c’est du kung-fu, donc on retombe dans les clichés, les poses esthétiques, les vols planés et les techniques improbables aussi dangereuses qu’inefficaces. Sauf en ce qui concerne un combat qui m’a vraiment intéressé, et peut-être la seule scène intéressante du film: le combat de Jacky Chan contre les adolescents qui souhaitaient faire la peau au personnage joué par Jaden. Bon encore une fois on retombe dans ce que j’ai dit ci-dessus: Jaden balance un seau d’eau sale sur un groupe d’ado tous pratiquant de kung-fu et se plaint qu’on lui vole dans les plumes… quand on sème le vent, il ne faut pas s’étonner de récolter la tempête…
liens directs:
http://www.youtube.com/watch?v=TXysEc6e5kU
http://www.youtube.com/watch?v=Yf0xwTOBi-w
(pas sûr que ces vidéos restent bien longtemps sur youtube)
Dans ce combat outre les techniques habituelles de Jacky Chan (se servir de matériel comme arme, déplacer les adversaires pour qu’ils se frappent les uns les autres), on peut voir des choses intéressantes: des coups de têtes, une percussion de la poitrine, des qinna. Bref, bien que ça reste du kung fu de cinéma, on se rapproche du principe du combat réel: distance courte, pluie d’attaques, esquives très courtes, déviation des frappes mains ouvertes, pas de blocage (ou alors il s’agit d’attaques)… et un travail constant main ouverte, avec des saisies, et de la manipulation de textile. Quand je vois ce type de combat je reste persuadé que la pratique d’un art de combat à courte distance et de plein contact peut aider à appréhender la réalité de l’affrontement. De même que la pratique des renforcements est un outils très intéressant pour supprimer la peur.
D’ailleurs on le voit à la fin du film, Jaden Smith blessé au genou souhaite quand même remonter sur la surface de combat. Quand Jacky Chan lui demande pourquoi, il répond: « parce que j’ai encore peur ». Ce qui montre que le fait d’aller vers l’affrontement au contact, permet par l’habitude, de relativiser la peur des coups, la peur de l’affrontement et de l’adversaire de pouvoir surpasser cette peur et d’acquérir un meilleur contrôle sur soi et une meilleure maitrise, de devenir plus sûr de soi et donc meilleur combattant.
C’est ce que je recherchais et que j’ai trouvé dans la pratique du Uechi-ryu au sein du club de sensei Shimabukuro Yukinobi: l’US Carrières sur Seine (si ça n’était le konan-ryu). C’est justement le fait que le Uechi-ryu soit un karate qui garde de nombreuses racines des kung-fu du sud de la Chine (que sont ce qui le compose: boxe du tigre, boxe du dragon et boxe de la grue blanche), que la pratique passe par du combat en plein contact, mains ouvertes, avec une courte distance, avec du travail de préhension, de lutte qui n’est pas négligé, qui me donne l’impression que l’efficacité est nettement plus accrue et qu’il est un outils nettement plus performant pour se défendre, ou dissuader les autres de nous attaquer. Je connais de nombreuses personnes qui se sont révélées ou ont trouvé la révélation au kyokushinkai. Et bien justement le Uechi-ryu offre la même chose, avec plus de travail de renforcement, du travail de préhension, de techniques mains ouvertes et des kata directement applicables en situations de self-défense.
Evidemment ca reste mon point de vue, totalement subjectif.
Pour en revenir au film… vous aurez compris, qu’à part une scène, je l’ai trouvé ennuyeux au possible. Il est vrai que le film livre quelques okuden, des pensées profondes sur les arts martiaux, sur la vie, mais rien qui ne vaille le coup de perdre 9 euros et 2 heures et demi pour ça (à ce prix là, plutôt investir dans un bon livre). A moins qu’on vous le prête… passez votre chemin, sauf si vous aimez les films qui tirent plus du drama que du film réellement d’arts martiaux, ou qui soit aussi riche en enseignement que le premier karate kid (1984).