Le Biwa (琵琶) est un luth japonais chantourné et au manche court; c’est un proche parent du pipa chinois (琵琶; pinyin: pípá). Le biwa est l’instrument de prédilection de Benten (Benzaiten, 弁才天, 弁財天; ou Bensaiten, 辯才天; c’est le nom japonais de la déesse Saraswati;en sanscrit Sarasvatî Devî), déesse de la musique, de l’éloquence, de la poésie et de l’éducation dans le bouddhisme japonais. Ce luth se joue à l’aide d’un large plectre (bashou).
Histoire
Le biwa dérive d’un luth chinois appelé pipa, qui lui-même dérive d’un luth persan et du moyen-orient appelé barbat (dont le descendant moderne des régions arabiques s’appelle oud).
Le biwa est arrivé au Japon de Chine durant la période Nara (nara-jidai, 奈良時代; 710-759 Ap JC), et encore cinq instruments de cette époque sont gardés au Shôsôin, la maison japonaise des trésors nationaux (正倉院) apartient au temple Tôdai-ji, 東大寺, à Nara).
L’un d’entre eux, un rare, gogenbiwa (五玄琵琶) à 5 cordes, est décoré avec des thèmes d’Asie centrale, dont un chameau.
Cet instrument est un des seuls de son espèce en Asie, venant de cette époque, a être encore préservé, bien que des instruments similaires sont construits en petits nombres de nos jours.
Les joueurs de biwa itinérants, similaires aux ménestrels, sont connu sous le nom de biwa hoshi (琵琶法師).
La tradition de jouer du biwa s’est pratiquement éteinte durant l’ère Meiji à cause du fait que les instruments occidentaux étaient très populaires.
1. Types de biwa
Il y a 7 types de biwa, caractérisés par leur nombre de cordes, les sons qu’ils peuvent produire, le type de plectre, et leur utilité.
Comme le biwa ne joue pas dans des mélodies modérées, les tons sont approximés à la note la plus proche.
1.1 Biwa de l’époque classique
* Gagaku biwa (雅楽琵琶) – Un biwa lourd et imposant avec quatre cordes et quatre frettes utilisés exclusivement pour le gagaku (雅楽, littéralement ‘musique élégante’, un style de musique classique particulier). Il produit des Ichikotsuchô (壱越調) et Hyôjô (平調) distincts. Le plectre est petit et fin, souvent arrondit, et fabriqué à partir de matériaux durs comme l’ivoire et le buis. Il n’est pas utilisé pour accompagner un chant. Comme le Heike biwa, il se porte sur le côté comme pour une guitare, le joueur s’assayant les jambes croisées. En gagaku, il est appelé gakubiwa (楽琵琶).
Gakubiwa
* Gogenbiwa ( 五絃琵琶) – cette biwa est une variante de T’ang qui peut être vu dans les peintures d’orchestres de cour et était utilisé dans le contexte de gagaku, bien qu’il y ait été retiré par les réformes et standardisation faite par la court orchestrale durant le 10e siècle. Il est considéré que les traditions de l’utilisation de cet instrument se sont perdues entre le 10e et le 11e sicèle (William P. Malm). C’est un instrument qui est aussi apparu dans les orchestres de cours chinois. Récemment, cet instrument, comme la harpe Kugo, a été relancé pour des raisons de recherches historiques de performance mais aussi pour des reconstitutions historiques. Il est intéressant de voir qu’il ne faut pas le confondre avec ses variantes modernes à 5 cordes, comme le chizuken biwa.
gogen biwa
* Môsô biwa ( 盲僧琵琶) – Un biwa avec quatre cordes utilisé habituellement dans les mantra et chants bouddhistes. Il est similaire par la forme au chizuken biwa, mais avec un corps nettement plus étroit. Sa plectre varie à la fois au niveau de la taille et au niveau des matériaux. Les types à quatre frettes s’accordent en Mi, Si, Mi, La et les types à 5 frettes s’accordent en Si, Mi, Fa-bémol, Fa-dièse. Le type à six frettes s’accordent en Si-bémol, Mi-bémol, Si-bémol et Si-bémol.
môsô biwa
1.2 Biwa de l’époque Edo
* Heike biwa (平家琵琶) – Un biwa avec quatre cordes et cinq frettes utilisé pour jouer Heike Monogatari (平家物語, récit des heike; un conte célèbre japonais qui raconte la guerre des Genpei, 1180–1185; guerre des genpei 源平合戦, Genpei kassen, Genpei gassen; entre les Taira 平 et les Minamoto 源 ). Son plectre est légèrement plus long que celui du gagaku biwa, mais l’instrument lui-même est plus petit, comparable en taille avec le chizuken biwa. Il était, à l’origine, utilisé par les ménestrels itinérants joueurs de biwa, et sa petite taille le prête bien aux concerts en salle et améliore sa portabilité. Il s’accorde en La, Do, Mi, La ou La, Do-dièse, Mi, La.
heike biwa
* Satsuma biwa (薩摩琵琶) – Un biwa a quatre cordes et quatre frettes popularisé durant l’ère Edo (江戸時代, Edo-jidai) dans la province de Satsuma (actuellement Kagoshima, 鹿児島市, Kagoshima-shi, à Kyûshu) par Shimazu Nisshinsai. Les biwa mordernes utilisés pour des compositions contemporaines on souvent cinq frettes ou plus, et certains ont la quatrième corde doublée. les frettes du satsuma biwa sont relevés de 4 centimètres à partir du manche, permettant ainsi d’atteindre des notes plus hautes, chacune poduisant le sawari (bourdonnement vrombissant) caractéristique de l’instrument. Son plectre en buis est bien plus long que les autres, souvent atteignant une longueur de 25 centimètres ou plus. Selon une croyance populaire, c’était dû à sa popularité parmi les samurai – le plectre devait pouvoir servir d’arme (William P. Malm, « Instrument de musique et musique traditionnelle japonaise »). Même si sa taille et sa construction influence le son de l’instrument, le corps incurvé est souvent frappé en percussion avec le plectre durant un morceau. Le satsuma biwa est traditionnellement fabriqué en mûrier japonais bien que le zelkova japonais est aussi utilisé dans sa construction (zelkova japonais ou Zelkova serrata ou Keyaki; japonais: ケヤキ ; Chinese: 榉树 ju shu) . A cause de la croissance lente des mûrier japonais, le bois doit être extrait après que le mûrier atteigne au moins les 120 ans, et le bois doit être séché pendant 10 ans avant que la fabrication puisse commencer. Les cordes sont faites en soie. Les notes sont ajustées à la voix du chanteur et leur accord est: La, Mi, La, Si; et pour les biwa traditionnels; l’accord est: Sol, Sol, Do, Sol ou Sol, Sol, Ré, Sol pour les compositions contemporaines, parmis tous les accords existant. Le joueur de satsuma biwa le plus doué du 20ème siècle était Tsuruta Kinshi, qui a développé sa propre version de l’instrument, qu’il a appelé le Tsuruta biwa. Ce biwa a en général cing cordes et possède cinq frettes ou plus, et la fabrication du stillet de tête et des frettes varie légèrement. Ueda Junko et Tanaka Yukio, deux des meilleurs élèves de Tsuruta, continuent la tradition du satsuma biwa moderne.
satsuma biwa
1.3 Biwa de l’époque moderne
* Chikuzen biwa (筑前琵琶) – Un biwa a quatre cordes et quatre frettes ou cinq cordes et cinq frettes rendu populaire durant l’ère Meiji par Tachibana Satosada. La majeur partie des joueurs contemporains utilisent la version à cinq cordes. Son plectre est bien plus petit que celui du satsuma biwa, normalement environ 13 centimètres de long, bien que sa taille, forme et poids dépendent du sexe du joueur. Le plectre est normalement faire de bois de rosier avec des pointes en bois de buis ou en ivoire pour pincer les cordes. Les joueurs masculins utilisent des biwas qui sont légèrement plus larget et/ou plus long que ceux utilisés par les femmes ou les enfants. Le corps de l’instrument n’est jamais pincé par le plectre durant le morceau, et l’instrument a cinq cordes est joué droit, alors que celui à quatre cordes est joué porté sur le côté. L’accord de la version quatre cordes est: Si, Mi, Fa-dièse, Si; et celui de la version à cinq cordes est: Mi, Si, Mi, Fa-dièse, Si. Asahikai et Tachibanakai sont deux écoles de chizuken biwa. L’instrument est utilisé populairement par les joueurs féminins comme Uehara Mari.
chikuzen biwa
* Nishiki biwa (錦琵琶) – Un biwa moderne avec cinq cordes et cing frettes popularisé par Suitô Kinjô. Son plectre est le même que celui utilisé pour le Satsuma biwa. Il s’accorde en Do, Sol, Do, Sol, Sol.
nishiki biwa
2. Utilisation en musique populaire
Bien que le biwa ait été très peu utilisé en musique populaire, le groupe de rock progressif Paikappu l’a utilisé dans les années 1980, et le groupe américano-japonais Rin l’utilise depuis 2003.
remarques:
– pour info une guitare s’accorde Mi, La, Ré, Sol, Si, Mi
– un frettes est une sorte de barre posée perpendiculairement sur le manche
– le sillet est une barre sur-élevée posée au début et à la fin du manche.
ménestrels chantant le conte des Heike au biwa
sources : http://en.wikipedia.org/wiki/Biwa
Un morceau de biwa chanté (même style que les kabuki) – clic droit, enregistrer sous pour lire le morceau; attention fichier de 10 Mo:
pour écouter le morceau: [audio:https://shinryu.fr/img/years/2008/article/biwa/03-Ogi_no_mato.mp3]
Le conte des Heike: Dan no Ura
satsuma biwa: http://www.youtube.com/watch?v=Zr2jhrtIj4M
Ménestrel : http://www.youtube.com/watch?v=axZxkmfrzqg
pipa chinoise (pour la différence) : http://www.youtube.com/watch?v=GfNBnGvb7bM