Juin 102015
 


(photo prise sur le site de la commune de Pange)

Vous avez maintenant l’habitude, je ne fais pas uniquement des articles sur le Japon et les arts martiaux, je me permets également d’exposer mes états d’âme et mes sorties surtout quand elles concernent une expérience aussi riche, aussi inoubliable, aussi inestimable, que celle que je vais vous présenter: elle mérite qu’on la vive et qu’on la revive.

Dimanche 7 juin 2015, j’ai accompagné mon père à Pange. Le nom me rappelait un lointain passé. Cette ville, je l’ai traversé un certain nombre de fois, afin de me rendre à l’entrainement chez mon ami Serge, lorsqu’il enseignait à Rémilly. Que de souvenirs qui me ramènent entre 1995 et 1999, des souvenirs riches en émotions et en chaleur humaine (au sens propre comme au figuré, car le Ne-Waza en été, on s’en rappelle longtemps).

Et donc me revoilà à Pange, mais cette fois-ci je ne fais pas que traverser le village, je m’y arrête! En effet, nous sommes allés visiter le Château de Pange. Au premier abord, ce n’est pas un château qui se distingue par son architecture si l’on regarde globalement la forme sans s’y attarder, ni qui puisse se comparer à d’autres de ses lointains et proches voisins comme le Haut-Koenigsbourg que j’adore (haaaaaaaa le gré rose des Vosges). Bon, il a pour lui d’être en pierre jaune de Jaumont, ma pierre préférée, qui est la pierre constituant la cathédrale de Metz, le palais de justice, le théâtre, la porte des allemands, les immeubles de la place d’arme, etc. Un symbole en lorraine et à Metz. Cette pierre si belle qui a la faculté de changer d’aspect selon le type de luminosité du soleil. En effet, la pierre parait différente au soleil de l’été et au soleil de l’hiver. Mais parmi les édifices en pierre de Jaumont, il n’est pas ce qu’on pourrait appeler exceptionnel. Si le château en lui-même ne sort pas de l’ordinaire des très nombreux châteaux de France, le trésor qu’il renferme et un peu plus caché. Il n’y a pas d’autres choix que de visiter ce château pour en ouvrir la nacre dans laquelle est dissimulé quelque chose d’incroyable et d’unique en ce monde. Et en grand amateur de châteaux-forts, et de châteaux japonais, si je me permets de parler de celui-ci qui n’entre pas dans ce créneau, c’est à cause de ce trésor secret qu’il renferme. Et si je ne tarie pas d’éloges pour ce château, vous allez comprendre pourquoi…

Nous commençons la visite en étant accueillit par Madame la marquise, Edith de Pange. Et ainsi commence l’entrée en matière… Avant toute chose, il faut savoir que ce château a été construit par les ancêtres de cette famille, et a presque toujours été habité par eux (sauf durant certaines guerres, qui rendaient la villégiature difficile).

Je m’excuse avant toute chose sur l’ordre des évènements, ce qui nous a été conté n’a pas forcément été dans cet ordre, mais je vous raconte l’histoire de cette visite et les anecdotes à travers les souvenirs qui ont été les plus forts pour moi, là où j’ai ressenti les émotions les plus intenses. Il y a tellement de choses à dire que je ne sais pas vraiment par où commencer, du coup, cela ne sera pas un compte rendu très fidèle…

Le château seul, le bâtiment, n’est pas la seule chose qui est intéressante dans la visite,  et pour cause elle se commence par les jardins. Notre guide bienveillante nous explique le début de leur aventure, ce qui s’est passé quand ils ont repris le château, et qu’ils ont décidé de l’aménager et d’y vivre. Mais surtout tous les travaux qu’ils ont réalisé, l’état dans lequel ils l’ont trouvés et ce qu’ils en ont fait. Les jardins du château sont classés « Jardins remarquables« . Ils ont la particularité d’être le plus écologique possible: Pas d’arrosage automatique, ni d’utilisation de pesticides, paillage, désherbage thermique, prairies naturelles, fauchage tardif, élagage raisonné. Ils ont été façonnés dans le cadre du programme « Jardin sans limite« .

Le Château a été construit en 1720 pour Jean-Baptiste-Louis Thomas premier marquis de Pange. En effet, le 21 février 1720, Léopold, duc de Lorraine, installe Jean-Baptiste THOMAS, Trésorier-général de l’extraordinaire des guerres et petit-fils de Pierre THOMAS, Chancelier de Lorraine anobli par Charles IV en 1626, en cette seigneurie. La terre de Pange est érigée en Marquisat par le duc Stanislas en 1766. Et depuis lors il a été habité par la famille de Pange jusqu’à maintenant. Et c’est donc à travers l’histoire d’une famille unique que l’on (re-)découvre l’histoire de France et l’histoire de Lorraine.

Madame la marquise nous explique l’état dans lequel était le château après la seconde guerre mondiale, et s’il y a eu pillage par les forces d’occupation, les forces libératrices (américaines et canadiennes) ont fait parfois plus de mal que celles qu’ils chassaient. C’est ainsi que l’on commence l’entrée dans l’histoire. On nous explique le pourquoi du jardin, les travaux qui ont été effectués, qui sont en cours ou en projet, les noms qui leur ont été donnés en relation avec une partie de l’histoire de la famille de Pange.

Les jardins nous sont présentés comme « des jardins dans la nature et la nature dans le jardin » (à moins que ça ne soit « les jardins dans la campagne et la campagne dans le jardin ») . Chaque partie du jardin porte un nom relatif à une histoire de la famille. Il y a par exemple le jardin « du serviteur fidèle » (je ne suis pas sûr du nom) qui parle de Joseph Marlier, serviteur de la famille de Pange, qui a parcouru 600 kilomètres à pieds pour sauver ses deux maîtres Jacques et Francois de Pange (les deux acteurs de « la tragédie des deux frères »).

Ensuite nous entrons dans le château et là chaque pièce nous témoigne d’une période de l’histoire. Nous revivons la révolution française, l’époque napoléonienne, la seconde guerre mondiale, à travers les membres de cette famille unique qui se sont transmis leurs mémoires de pères en fils jusqu’à maintenant. Et c’est ce qui fait que ce château est unique. Il est le seul château dans le monde habité par la famille qui a construit le château, qui contient le passé, le présent et le futur d’un pays, d’une région. Outre l’esthétique du château, des jardins, mais surtout de cet ensemble au milieu d’une nature souvent capricieuse qui en fait un lieu d’une grande beauté, le château renferme une culture et tout une histoire. Le château via cette famille a croisé l’histoire de figures emblématiques de l’histoire de Lorraine, de France mais aussi du monde.  Par exemple Pauline de Broglie, soeur de Maurice et Louis de Broglie épouse le comte Jean de Pange en 1910. Ce qui me ramène à mes cours de physique quantique de 1996, et à la fameuse équation de Louis de Broglie sur le dualisme onde-corpuscule qui pose les bases de la mécanique ondulatoire. Ensuite Jean de Pange le 9ème marquis, aura été le navigateur du  Blenheim dans lequel se trouvait le Général Philippe François Marie de Hauteclocque, dit Leclerc lors de la mission de repérage de l’oasis de Koufra en Lybie. Et ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres, que vous trouverez en faisant des recherches sur internet ou sur la page histoire du site du château

D’ailleurs à l’issu de la visite, Monsieur le marquis Roland de Pange nous offre le plaisir de nous parler de son père, Jean de Pange. Et les objets qu’il expose dans une pièce du château, qui constituent des pièces de musée uniques sur l’histoire de ce grand homme sont grandioses. Les anecdotes sont nombreuses et montrent des détails que l’histoire n’a jamais retenu et qui nous permettent presque de la vivre. J’avais pratiquement le sentiment d’être en communion avec les âmes de nos grand-parents à ce moment particulier de l’histoire, et de vivre moi-même cette partie de l’histoire peu connue des livres.

Cette visite n’était pas une simple admiration d’un paysage et d’un beau bâtiment contenant des oeuvres d’arts, c’est plus que ça. C’est un Time-Leap (タイムリープ)! Un véritable saut dans le passé: le passé de cette famille mais à travers elle le passé de la Lorraine et de la France. Un voyage dans le temps féérique pratiquement raconté par les acteurs de l’histoire grâce à leurs écrits. Les détails sont nombreux et les anecdotes bien plus encore. Ils nous donnent des notions et des informations que l’on ne trouve pas dans les livres d’histoire, et encore moins dans les livres scolaires d’histoire. J’ai réalisé qu’une fois de plus je ne connaissais pas l’histoire de mon pays. Après la claque de la guerre de 1870, voici une autre pour la révolution française,  et la seconde guerre mondiale. J’ai entendu le mot « Normandie-Niemen » pour la première fois, par exemple…

Mais plus qu’un plongeon dans l’histoire, dans laquelle, nous aussi nous devenons spectateurs, cette expérience est également une porte vers une richesse historique et culturelle qui fait que nous sommes qui nous sommes, nous français, nous lorrains. Les explications et les précieux détails, nous donnent envie d’en savoir plus, d’en apprendre plus. C’est ce genre d’expérience et de rencontre qui me font me rendre compte de la richesse culturelle de la Lorraine et de ce pays, et qui me rend fier d’être Lorrain, fier d’être français et fier de ce qui a été fait par tous nos ancêtres pour faire ce que nous sommes actuellement. On ne connait jamais assez son histoire, ni son pays.

Et certaines de ces histoires se retrouvent dans des ouvrages proposés sur ce lieu. Ouvrages que j’ai acheté et dont je n’hésiterai pas de vous parler lorsque je les aurai dégustés.

Pour conclure, je ne dirais qu’une chose: la visite du château de Pange est non seulement une expérience esthétique, historique et culturelle riche, inoubliable et inestimable  mais c’est une véritable aventure à laquelle on nous invite à être témoin.

Un moment riche culturellement, et surtout humainement que j’aimerais refaire de tout mon coeur. En tous cas, j’ai pris grand plaisir à aller rechercher l’histoire de France, les périodes de l’histoire qui nous ont été présentées, et que je ne connaissais que de façon vulgarisées et grossières.

Si vous vous intéressez à l’histoire, à la nature, aux beaux jardins, à la pierre de Jaumont, à la Lorraine, alors n’hésitez pas, allez visiter le château de Pange. C’est un lieu magique qui m’a enchanté. J’ai adoré et je ne saurais que trop vous recommander d’y aller…

Renseignement et Informations sur le Site: http://www.chateaudepange.fr/

Horaires d’ouverture et d’accueil

Jardin ouvert de 10h à 12h et de 14h à 18h
Mai, juin : samedi, dimanche et jours fériés
Juillet, août : tous les jours sauf lundi
Septembre, octobre : samedi et dimanche
Château

Visites guidées à 14h45, 15h45 et 16h45
Juin : samedi, dimanche et jour fériés
Juillet et août : tous les jours sauf lundi
Septembre : samedi et dimanche

Château et jardin fermés le lundi.

Tarifs

Jardin : 4 € / moins de 18 ans : 3 €
Jardin + château : 7 € / moins de 18 ans :  6 €
Gratuité pour les moins de 12 ans

Roland et Édith de Pange
57350 PANGE
Tél. : 03.87.64.04.41
mail: chateaudepange57@orange.fr

Mes Photos

Prises avec mon Samsung Galaxy Note 3, 16MPixels, elles ne sont pas artistiques ou retouchées, mais elles ont le mérite de donner un avant goût.

Des jardins nous continuons notre voyage vert et campagnard vers les près qui se trouvent derrière le château, où l’on peut croiser le chemin d’arbres plusieurs fois centenaires et pour certains en fin de vie. Loin derrière le château on nous présente un pont qui est à l’origine de la construction de ce château.

Le long de cette promenade des arbres de plusieurs centaines d’années nous contemplent.

Une vue a été aménagée pour offrir le château resplendissant dans sa robe d’or et d’orange.

Le château en pierre Jaune de Jaumont, pierre faisant les plus beaux édifices selon moi (ensuite vient le gré rose des Vosges).

Le château vidé par les pillages de la seconde guerre mondiale se voit redevenir un musée avec ses nombreuses oeuvres d’art ou reproductions. Un regard sur le passé.

Je ne sais plus qui est qui mais je crois que les deux tableaux suivant sont la première et deuxième génération des De Pange.

Cet oublie nécessite une deuxième visite du lieu 🙂

La deuxième génération de Marquis De Pange (ou la troisième) devant un buste de Georges Mouton de Lobau

Buste de Georges Mouton. Son histoire contée par Madame la Marquise Edith de Pange a réveillé en moi des sentiments militaires patriotiques cachés. Un général de Napoléon, roturier, qui est monté très haut dans la hiérarchie et qui a su rester simple et humble, c’est magnifique.

Vu de l’extérieur prise dans une des pièces du château.

La salle à manger et sa vaisselle en porcelaine chinoise.

Une photos de Monsieur et Madame Roland et Édith de Pange.

Une pièce de tableau et d’histoire…

Un tableau particulier, puisqu’il représente la place royale à Nancy, devenue la place Stanislas. On peut voir que la place comporte un pavage noire sur les diagonales. Chose que révèle ce tableau et qui n’était pas connu avant que le tableau, véritable fenêtre sur l’histoire, sorte de l’oubli.

Au premier plan, les représentations de deux enfants dont l’histoire est contée dans l’ouvrage « Le chevalier de Pange ou la tragédie des frères » dont je vous parlerai prochainement.

Un séjour magnifique et magique en Lorraine, un plongeant dans une histoire passionnante, je n’ai qu’un conseil: allez-y!!!

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  One Response to “Chateau de Pange – 7 juin 2015”

Comments (1)
  1. beau petit reportage
    anecdote supplémentaire : une coquille St Jacques se trouve sur l’allée dite « d’honneur », montrant ainsi que le site est situé sur le chemin de St Jacques de Compostelle

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