Avr 222012
 

Ce dimanche 22 avril 2012, je me suis rendu, en retard évidemment, au stage d’Aunkai dirigé par sensei Minoru Akuzawa, fondateur de la méthode. Je ne vais pas vraiment décrire tous les exercices que j’ai pu faire, ni donner la dénomination, car n’ayant pas assisté au cours du jour précédent, je n’ai pas eu ni retenu toutes les explications. Par contre je vais essayer de vous présenter l’Aunkai tel que je l’ai ressenti à travers mes filtres.

Tout d’abord j’ai été assez étonné du monde présent ce dimanche matin… Plus de 50 personnes étaient présentes, et en majorité venant de province. La moitié portaient les keikogi brodés au sigle de la discipline, ou portaient les t-shirt les identifiants comme pratiquants d’aunkai. Sinon étaient présents, des pratiquants d’arts martiaux vietnamiens, d’aikido, de judo, de ken/iai, de karate kyokushinkai, goju-ryu, shotokan, shito ryu, Uechi-ryu pour ceux que l’ont pouvait identifier à leur karategi officiel.

Pour parler de l’aunkai, je dois d’abord parler de sensei Akuzawa. Je ne sais pas quel âge sensei a, mais ce que je peux dire c’est qu’il fait jeune… très jeune (若いね). La première chose que j’ai pu voir c’est qu’il est complètement ouvert, il donne sans compter à toutes et à tous, et avec un humour et une gaieté surprenante. Mais il n’hésite pas à montrer personnellement en appliquant ce qu’il explique. Il est très facile de donner des leçons, mais sensei Akuzawa, n’hésite pas à le démontrer, et surtout présenter des finalités possibles… au détriment de ses uke, ou de la personne qui pose la question. De plus comme sensei Akuzawa aime le rappeler, il est passé par le sanda (la version full contact des compétitions de kung-fu) et donc il est allé au charbon, et cette expérience transparait aisément dans ses remarques sur le combat.  Sans oublier qu’il est vraiment impressionnant dans sa façon de se mouvoir, de bouger fluidement et par son explosivité. Vraiment quelqu’un de très impressionnant d’un part par ses compétences martiales plus que certaines, mais aussi par sa gentillesse, sa sympathie.

Le cours commence par les positions de base enchainées. Je ne mets pas volontairement les noms (Maho, Tenchijin, etc…)  et je vous laisse le soin d’aller rechercher les infos nécessaires sur les sites de ses deshi en France: Christophe (http://laquetedekiaz.com/) et Emmanuel (http://www.guanyuan.fr/). Par contre les positions clairement anatomique ne vont pas avec celles que j’ai l’habitude de pratiquer, et ce type de remarque j’allais le remarquer à plusieurs reprises.

Après avoir été échauffés grâce au position de base on passe ensuite au travail à deux en résistance passive puis active pour découvrir et déterminer les directions des lignes de force. Le but de ces exercices d’opposition est de sentir où se trouve notre centre, nos axes et de pouvoir se servir de ces connaissances pour mettre de la force dans les pivots et les déplacements, sans mettre de force musculaire. Ce ne sont pas les muscles qui travaillent, mais simplement la géométrie et la structure du corps.

Ces exercices d’opposition, s’ils sont fait debout peuvent se faire assis, et on remarque ainsi les différences avec le kokyu ho d’aikidô, notamment sur le travail articulaire et d’axe du corps. Le but était de pouvoir déstructurer son partenaire sans mettre de force en utilisant seulement son corps mais aussi de percevoir les lignes de forces de son partenaire et son centre. Et ce que l’ont fait à genoux on peut le faire debout (mais ça nécessite plus d’expertise pour éviter de se déstructurer soi-même. Du coup je comprends mieux le travail d’aikidô à genoux.

J’avais vu une vidéo de sensei Akuzawa donnant un low-kick et je n’avais pas été impressionné outre mesure par l’impact. Du coup je lui ai demandé si je pouvais le sentir « un peu ». J’ai bien fait attention à la génération du mouvement. Lancé de façon extrêmement simple il était complètement relâché le premier coup j’ai pu l’encaisser. Donné entre le Vaste externe et le droit antérieur, ce sont des frappes que j’ai l’habitude de recevoir. Pour me montrer la dynamique du mouvement, il me donne un second low-kick à courte distance, au même endroit. Celui là je le sens un peu plus (forcément). il pousse un peu plus sur le troisième, et là, j’ai la jambe qui a dégagé. Dans le principe les nerfs sont protégés par une gaine de myéline qui protège et facilite l’influx nerveux. Lorsque l’on percute un nerf, la gaine disparait un peu. A la deuxième percussion, le nerf n’est plus protégé, on dit que le point est activé. La troisième percussion rencontre donc un nerf à vif (c’est la raison pour laquelle dans différents kata d’écoles traditionnelles/authentiques on répète un mouvement de frappe trois fois. Bref, je suis parti pour avoir la jambe raide pour quelques temps. Mais j’ai bien compris la façon de générer le mouvement, qui est en accord total avec la façon de faire de Lionel et mes senpai.

Après le repas de midi, qui permet de discuter avec des pratiquants d’écoles diverses sur des sujets tout aussi divers, notamment leur ressenti vis à vis de certaines pratiques, etc… nous retournons un peu en retard au dojo pour du travail posturale. Là, les douleurs dans le grand dorsal commencent à se faire sentir. L’ouverture de la cage thoracique avec le poids mis sur les deltoïdes rend le travail assez raide. Difficile de se trouver une position reposante, et la pression ne fait qu’augmenter. Sensei Akuzawa me corrige sur une position et me place en… sanchin-kamae ^^’. Là, effectivement je me sens un peu plus à l’aise. Pour les autres positions, je remarque que mon corps ne doit pas être bien positionné, et aligné car rapidement les spasmes musculaires arrivent. Pourtant j’essaye à chaque fois de trouver une position reposante, mais rien à faire… ça finit toujours par trembler.

On continue sur un travail d’ouverture des hanches et de placement du corps en suivant les lignes de force en s’aidant d’un bô (bâton long). Le travail est intéressant, et épuisant cérébralement parlant, car il faut essayer de ressentir plus qu’autre chose. Bon, c’est toujours difficile de manipuler des bouts de bois en résistant à l’envie très fortes de faire un tameshiwari (ben oui, le tameshiwari c’est comme de la drogue, après dès qu’on voit un bout de bois on a envie de le casser ^^). Le travail d’ouverture et de fermeture du bassin et d’alignement des axes est intéressant, j’ai le cerveau qui a beaucoup fumé… Et puis si je me laisse aller à la facilité (ancrage, déplacement en un bloc), mon poids aide pas mal, du coup c’est moins intéressant en travail de sensation.

Puis nous terminons vers un travail de push-out. Face à face avec un partenaire, paume en contact on se sert de la pression des mains pour détecter chez le partenaire des contractions et non de la mise en tension naturelle. Puis on continue en essayant de suivre les axes pour finir par faire du travail libre. Au début Evidemment comme je n’ai pas tout compris, je suis parti dans une forme de tuisho/chi-sao… Quand sensei Akuzawa m’a demandé ce que j’avais pensé je lui ai répondu que ça ressemblait à du tuisho/chisao il m’a dit « zen zen chigau » (c’est pas ça du tout). Et il m’explique que c’est une forme qui se rapproche le plus de combat, car en push-out on se déplace, et on cherche la structure, le placement… après il suffit de mettre de la vitesse et de lancer les frappes pour qu’on soit tout de suite dans l’esprit kumite… ah bon… ben en effet j’avais rien compris.

Conclusion

Comme sensei Akuzawa le répète souvent, l’Aunkai n’est pas une méthode de combat, mais un outils de compréhension de son corps et de son utilisation à des fins utiles. Le but est de pouvoir exploiter la connaissance de son corps pour bouger mieux, et surtout plus efficacement.Et lorsque l’on voit le sensei bouger, enchainer avec applications (frappes et projections) on comprend tout de suite le but et l’utilité.

J’ai beaucoup aimé le stage et la pratique de sensei Akuzawa qui ouvre énormément de portes pour appréhender la biomécanique de son corps, et l’utiliser. C’est du pain béni pour tous les styles modernes qui ne possèdent pas de principes ni de structure, comme le judo, les synthèses modernes appelées jujitsu, certains styles pieds-poing… par contre pour tout ce qui est école traditionnelle (entendre authentique), comme les véritables jûjutsu (entendre koryu : kito-ryu, shinyo-ryu, daito-ryu, etc…) et des écoles dérivées dérivées de styles chinois qui ont gardé ce travail de structure corporelle, c’est une autre histoire.

Mon problème est comment utiliser ce que sensei Akuzawa a présenté dans une école comme le Uechi-ryu (ou le goju-ryu, et tout ce qui vient du naha-te) alors que ces écoles possèdent déjà des principes et une structure de base. Et certains de ces principes structuraux ne vont pas avec le travail présenté. Malgré cela j’ai pu travailler des choses que je n’avais pas l’habitude de travailler, et j’ai pu trouver des tensions dans mon corps dont je ne soupçonnais pas l’existence. J’ai pu aussi ressentir des muscles que je ne faisais pas travailler et qui se sont rappelés à moi rapidement.

Par contre j’ai retrouvé dans la pratique de sensei Akuzawa, le travail qui est recherché dans les styles issus de la Grue blanche du Fujian (Pangainoon/Hankônan, Gôjû-ryû, …) qui est l’alternance du souple et du dur… Et notamment dans ce que nous enseignait Lionel dans les alternances contraction/décontraction mais aussi d’avoir les groupes musculaires en tension mais pas contractés… Bref, être décontracté dans la contraction. Et j’ai retrouvé dans les low-kick du sensei, la même dynamique, et le même impact que dans les low-kick de Lionel et ceux de mes senpai en Uechi-ryu (ça dépote! Je vais avoir la jambe un peu raide quelques jours).

Si les principes du style et de l’école ne m’ont pas surpris outre mesure, car quelque part, c’est ce que vise aussi le Uechi-ryu par sa structure et ses principes, seules diffèrent les stratégies, les axes et dynamiques. Quoi qu’il en soit ça reste une pratique très intéressante, et qui apporte énormément de chose. Si mon niveau ne me permet pas de comprendre certaines choses et d’en appréhender d’autre, je sais maintenant vers quoi je dois tendre lorsque je fais sanchin, lorsque je me déplace. Pour l’instant je n’ai pas les connaissances suffisantes pour ouvrir des portes vers la compréhension de mon propre style et son travail, par contre vers la compréhension de mon corps, c’est clair que j’ai pas mal d’axes d’études. Mais surtout j’ai été vraiment impressionné par sensei Akuzawa, son expertise du corps humain de sa biomécanique de sa façon d’utiliser l’ensemble du corps et du travail des lignes de force, mais aussi par sa gentillesse, sa sympathie et sa simplicité.

Concernant le nom et sa signification, je me permets de vous mettre en lien l’explication d’Eric sur son site Budoshugyosha.

  12 Responses to “[CR] Stage Aunkai – 22 avril 2012”

Comments (12)
  1. Salut,

    Très content d’avoir fais ta connaissance et heureux que cette courte expérience t’as plus.
    Pour répondre à ta question sur l’âge d’Akuzawa senseï, il va avoir 46 ans…..il est donc tout jeune encore. Ça laisse des perspectives d’évolutions, donc à suivre de près!

    Je t’envois les photos et la vidéo du low-kick rapidement. 😉

    Amitiés,
    kiaz

  2. Merci pour le CR, très sympa,
    A+

  3. Salut jack

    Je suis très impressionné par ton niveau de compréhension de l’aunkai et ta capacité à la transmettre, bravo !!

    Pour ce qui est de la compatibilité entre l’aunkai et ta pratique perso, je pense qu’avec le temps et une meilleure compréhension les similitudes devraient se faire plus nombreuse. En tout cas, n’hésite pas à revenir nous voir (plus tôt dans le cursus stp, le dimanche on est plus bon à rien!!)

    A bientôt

    Manu

  4. Salut Jack, et merci pour le CR.
    J’étais là-bas, mais le samedi…
    Comme je l’ai dit ailleurs : c’est sacrément intéressant, et je vois moi un intérêt pour ma propre pratique également 😉
    A bientôt, j’espère.

  5. Merci pour le C.R., Jack.

    Lorsque j’avais enfin trouvé un temps pour tâter de l’Aunkaï, j’étais encore pratiquant de Shotokan, un style de karaté très Honshu (et « Shuri Te ») dans lequel, à mon orgueilleux avis, on travaille peu ou pas la structure (de nos jours, en France).

    L’apport m’avait parru très intéressant également.
    Cependant, depuis que j’étudie le Uechi Ryu, je suis plus désemparé quant à l’applicabilité immédiate par un pratiquant de ce style.

    Nonobstant, ça reste une grande expérience « vivancielle » pour employer un terme de la sophrologie qui me semble pouvoir se suffir à elle même en dehors de tout contexte pugilistique.
    La prise de conscience des muscles profonds qu’induit la méthode est en soit un voyage vers soi.
    Dans un monde différent réconcilié avec les idéaux initiaux de la gymnastique, cela pourrait même être proposé au bénéfice de tout public.

    • Hello Marc,

      Merci pour ton message très instructif et intéressant et surtout très très bien écrit… je suis toujours admiratif de lire ta prose. Tu ferais un malheur en tant que rédacteur si tu en avais le temps (je pense notamment à tes plateformes comme masterfight qui sont toujours en recherche de rédacteurs… 😉

      Merci pour ton commentaire 😉

      A bientôt

      Amicalement
      Jack

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