Déc 092012
 

Le noeud du Kôdôkan se veut être un noeud de obi (帯の結び方) traditionnel, qui était utilisé au Kôdôkan à ses origines. L’art de nouer sa ceinture n’est pas un détail au Japon, qui apporte une attention particulière au moindre détail. Il y a plusieurs façons de nouer une ceinture sur un kimono, mais aussi sur un keikogi (稽古着) : jûdôgi, karategi, dôgi, etc. Voir les différents noeuds de Obi au Japon.

En ce qui concerne les arts martiaux japonais et le fait de nouer sa ceinture autour de son keikogi, il n’y a pas de méthode qui soit plus juste que les autres. Il y a des méthodes oubliées, que seules certaines personnes utilisent, des méthodes modernes préconisées pour la compétition, des méthodes simples, etc.

La méthode que je vais vous présenter m’a été enseignée par Serge Rebois, un ami et professeur qui fait partie des pointures inconnues des arts martiaux. Son but n’est pas de se mettre en avant, mais simplement de continuer à progresser et enseigner ce qu’il sait à d’autres pour transmettre sa vision. C’est quelqu’un de très ouvert d’esprit, qui a des connaissances aussi grandes que peut l’être sa modestie. Il continue à inviter des experts pour se former auprès d’eux, à pratiquer lors de divers stages. Bien qu’il ne se qualifie pas comme chercheur, il a une grande connaissance sur la culture des arts qu’il pratique et qu’il enseigne. Il ne se contente pas de pratiquer sans réfléchir, il acquiert la technique, maisaussi l’histoire. Et c’est grâce à lui que j’ai pu apprendre le noeud que je vais vous présenter.

Toutes les méthodes de nouage de ceinture de keikogi ont en commun un début qui consiste à faire deux épaisseurs de ceinture dans le dos en commençant par poser la ceinture sur le ventre. Pour ceux qui possèderaient des ceintures avec des impressions (broderies), il faut que les broderies soient tournées vers l’extérieur.

Etant droitier je fais la ceinture d’une certaine manière, mais il est possible de la faire en symétrie. Du coup il suffit de remplacer ce qui est écrit en terme de droite et de gauche par son opposé.

Cet article ne se veut pas une méthode d’apprentissage mais plutôt un aide mémoire…


On pose la ceinture vers sont milieu sur le ventre et on passe les deux bouts dans le dos


Lorsqu’on a fait le tour on obtient devant soit une partie de la ceinture sur le dessus, et une partie de la ceinture sur le dessous.
/!\ ON NE DOIT PAS CROISER LA CEINTURE DANS LE DOS /!\
Etant droitier le bout de la ceinture qui vient de ma droite est par au-dessus et le bout qui vient de la gauche est en dessous (en terme de couche). Le bout pendant qui se trouve à gauche (et donc au niveau de la couche du dessous) doit être plus long que le bout venant de la droite (on verra pour quoi un peu plus tard).


Je fais passer le bout de droite (qui se trouve au dessus) par dessous entre la ceinture et le keikogi comme pour faire un noeud normal. A ce moment on est dans la configuration normal d’un noeud de ceinture de keikogi, quelque soit son origine.


On va placer la partie de la ceinture qui était à droit et qui se retrouve maintenant à gauche vers la droite mais par dessus la partie de la ceinture gauche qui se trouve sur la couche du dessous.


La partie qui était à droite et que l’on a fait passer par dessous se retrouve par dessus à à gauche, elle doit être plus longue que la partie gauche qui est en dessous et qui se retrouve vers la droite. Car à partie de maintenant on ne va s’occuper que de la partie initialement à gauche et en dessous (et qui possède les katakana orange). La partie initialement à droite possède les kanji rouge.


Pour mieux visualiser, on peut tirer chaque partie de la ceinture (ce qui ressert le noeud et permet de placer les extrémités de de la ceinture telle que droite et gauche ait un sens. On a donc à ce stade la partie droite de la ceinture qui se trouve en haut à gauche et la partie gauche de la ceinture qui se trouve en bas à droite.
Voilà une autre vue du premier noeud, la partie droite qui se trouvait sur la couche du dessus et que l’on a passé par dessous va passer par dessus l’autre bout de la ceinture.


On fait donc passer le bout de la ceinture initialement à droite (avec les kanji rouge) du côté où elle se trouvait à l’origine.
Cela revient à croiser le bout de ceinture qui était à droite à l’origine et s’est retrouvé à gauche devant soi.
A partir de là on ne va plus y toucher.


On va faire passer le bout gauche (avec les katakana orange) par dessus tout le noeud initié, et le glisser entre le keikogi et la ceinture et le faire descendre vers le bas.


Il est important que la partie droite (avec les kanji rouge) soit bien à droite et que la partie gauche (avec les katakana orange) passe par dessus.


Pour mieux visualiser l’opération, voici quelques photos détaillant la position des bouts de ceinture.
Le bout avec les kanji rouge représente la partie de la ceinture qui venait de droit et était sur la couche du dessus. Le bout avec les katakana orange représente la partie de la ceinture qui venait de la gauche et se situait sur la couche du dessous. Après les avoir passé autour de la taille pour créer la ceinture à deux couches.


On va maintenant faire passer le bout gauche (katakana orange) par dessus le bout droit, puis par derrière dans la boucle précédemment créée.


Le bout gauche passe PAR-DESSUS la bout droit (kanji rouge)


Puis par derrière, à l’intérieur de la boucle


Pour ressortir de l’autre côté.


On tire les deux côté qui doivent être égaux en terme de taille.


La particularité de ce noeud c’est qu’il se présente avec deux bandes de tissus verticales et parallèle. Il suffit ensuite de la travailler tel un noeud de cravate pour le rendre plus serré, moins serré, plus esthétique. Mais là c’est du ressentit personnel, et chacun voit midi à sa porte.

C’est un noeud très pratique qui ne se défait pas, est relativement esthétique, et marche super bien sur les ceintures satinées qui ont tendances à glisser et se défaire.

Le noeud fonctionne très bien sur les ceintures en coton piquées, mais est difficile à faire sur les ceintures fines en synthétique (ce type de ceinture est trop fine sans compter que le noeud devient complètement inesthétique lorsque la ceinture n’est pas assez rigide). Si par hasard ce tutoriel en image ne vous aiderait pas à faire ce type de noeud, n’hésitez pas à m’envoyer un message via le formulaire de contact, et je ferai une vidéo tutoriel sur youtube.

  7 Responses to “帯の結び方 - Faire un noeud du kôdôkan”

Comments (7)
  1. Bonjour Jack,
    Merci pour ton explication de cette façon de nouer sa ceinture.
    Pour être franc, je ne la connaissais pas. Je l’essaierai.
    Tu dis que la ceinture ne doit pas croiser derrière ; Est-ce spécifique à ce nœud, ou est-ce commun à tous les nœuds, car on en voit très souvent qui croise derrière ?
    Encore merci.

    • Bonjour Bruno,
      Merci pour ton passage et pour ton commentaire.
      Concernant le fait de croiser ou non son obi dans le dos, ce que je vais dire n’engage que moi.
      Pour moi, oui c’est une erreur et quelque soit l’école d’art martiaux. Si on regarde déjà avec les plus vieux arts japonais que l’on retrouve en France, alias jûdô et aikidô, on ne croise pas la ceinture dans le dos (ceux qui le font, font une erreur).
      Et si avant cela on considère qu’il n’y avait pas de keikogi et que le obi faisait tenir le kimono (en terme d’habit), alors on retombe dans l’art japonais de porter le kimono, et donc de nouer la ceinture. Quelques soient les noeuds masculins du kimono ou du yukata on ne doit pas croiser derrière, on ne doit voir qu’un seul ruban, et lorsqu’on croise c’est pour faire quelque chose d’esthétique. Et même les détails dans les arts japonais ont leur importance…

      Alors déjà pour le jûdô et l’aikidô, l’art de nouer son Obi vient de k’art du kimono. Sachant que le karategi vient du judogi, nul doute à avoir. La façon de nouer son obi en karate ne peut venir que de l’art japonais (à savoir que les premières photos de karateka ne les montrent pas en karategi, et que les vêtements traditionnels okinawaiens sont quand même différents des vêtements japonais. Du coup, s’il devait y avoir un karategi okinawaien, il ressemblerait plus à un vêtement traditionnel okinawaien et se rapprocherait plus du vêtement d’entrainement chinois. Du coup le noeud…

      Mais comme ce n’est pas le cas, que le karategi est issu d’un héritage japonais, via le judo, forcément, le noeud sera japonais et donc… non on ne croise pas derrière, on ne doit voir qu’un ruban (avec deux couches).

      C’est mon point de vue, et j’ai cherché pas mal d’infos sur les sites japonais (site du kôdôkan, et de l’aikikai mais aussi d’autres sites d’arts moins connus en France), et tous corroboraient ma thèse. Je pense que faire le parallèle avec l’art japonais du Obi no Musubime est justifié et explique pourquoi on ne croise pas la ceinture…

      Mais c’est mon avis (ceci dit ce qui croisent la ceinture dans le dos disent que je me trompe, mais sans justification ni expliquer la raison… donc de mon point de vue, ils ne veulent simplement pas se remettre en cause, quand on a passé 30 ans à se tromper, ça fout les boules… non?)

      Amicalement
      Jack

      • Je vois tout à fait ton raisonnement. Il n’y a pas si longtemps que ça j’ai entendu parler que ce sont les hommes qui croisent la ceinture dans le dos, et les femmes qui l’enroulent afin de ne pas croiser dans le dos. As tu aussi entendu parler de ça ?

        • C’est vrai et pas vrai…

          Il faut se remettre dans le contexte.
          Le Obi de keikogi n’a que 150 ans d’existence, on le rencontre avec les judogi pour le judo en 1882. Alors que le Obi de kimono a plus d’un millier d’année.
          Donc si on parle du noeud du noeud de kimono, on ne croise jamais, mais si on parle de Obi keikogi, ça dépend des dojos.

          Traditionnellement le obi vient à la base de celui de kimono qui se fait sans croiser pour les hommes et les femmes.
          cf le Obi pour Yukata: https://www.shinryu.fr/1230-yukata.html
          Il se portait non croisé pour les hommes et les femmes sans distinction. Le kimono et la façon de le nouer est un art et respecte la coutume et l’histoire: on ne croise pas.
          Après 1868 avec l’ère Meiji le kimono commence à être délaissé par les hommes de plus en plus pour le port de vêtements occidentaux. Seuls les femmes continuent à porter le kimono.
          Et donc selon les dojo, on porte la ceinture croisée dans le dos pour se différencier du port du Obi de kimono et donc de la façon féminine.
          Pour d’autres dojo, le Obi se porte comme il doit toujours être fait historiquement, de façon traditionnelle. Car il y a un lien entre le keikogo, dogi, karategi, judogi et l’art de porter le kimono, la culture japonaise et l’esprit japonais: Wa No Kokoro (和の心)

          Traditionnellement au kodokan, le obi de judogi se portait non croisé. La compétition a amené le Obi a être croisé dans le dos, car de ce fait la ceinture semble plus large et elle est plus difficile à saisir.
          De ce fait de plus en plus de judoka, jujutsuka et karate wado-ryuka croisent le obi dans le dos. Ce qui n’est pas une façon traditionnelle de le faire.
          J’ai même eu comme explication que le fait que croiser la ceinture dans le dos se fait lorsqu’on s’entraîne sur sol dur, et pas sur sol mou, pour éviter les blessures au niveau de la compression vertébrale lors des chutes.
          Une autre explication que l’on m’a expliqué est que cela symbolise le rang. Dans certaines ryuha (école de samurai), les hatamoto (samurai de haut rang) portaient la ceinture non croisée, alors que les ashigaru (samurai de bas rang) portait la ceinture croisée dans le dos. Et donc l’héritage est que les yûdansha (porteur de dan, ceintures noires) ne croisent pas dans le dos alors que les mudansha (porteur sans dan, kyû, ceinture de couleur) croisent dans le dos.

          Donc il y a de multitudes d’explications toutes valables.

          Donc pour résumer:
          Pour les kimono, Yukata, que ce soit pour les hommes ou les femmes: on ne croise pas.
          Pour les arts martiaux: Historiquement et traditionnellement on ne croise pas.
          A l’heure actuelle: c’est au niveau de l’étiquette de chaque dojo, ça dépend du professeur, de son origine, de son envie, de son désir d’esthétique, de sa compréhension, de la signification qu’il désire en donner.

          Dans de nombreux dojo, ce n’est pas important. Dans d’autre il y a une explication: croisé = compétition = plus difficile à saisir; superposé = historique, plus esthétique, permet à la ceinture de ne pas se séparer et se relâcher.

  2. Un grand merci pour la précision de ta réponse. 🙂

  3. Bonjour, les explications sont claires, un grand merci! Pour ce qui est des images en revanche, le souci est que du fait d’utiliser une ceinture noire et bien… noir sur noir on ne voit pas très bien les mouvements effectués avec le bout de ceinture gauche.

    • Bonjour David,

      Merci pour votre commentaire et votre passage sur mon site.
      Je prends en compte vos remarques. Il faudra que je refasse les photos, ou une vidéo, quand je trouverais un photographe ou quelqu’un pour tenir la caméra.
      Pour faire ces photos j’avais posé un appareil photo sur une table et je les faisais au retardateur… C’était il y a 8 ans et depuis les appareils sont de bien meilleur qualité.
      Et puis prendre une ceinture bi-colore est effectivement judicieux.

      Merci encore pour vos remarques, j’espère trouver de l’aide et du temps pour refaire les photos

      Cordialement,
      Jack

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