Mar 212008
 

Cet article va examiner deux mouvements d’une séquence de hojo undo (exercices préparatoires) en Uechi-Ryû et explorer les éléments de fajing  (génération d’énergie) qu’ils contiennent. Chaque séquence de hojo undo va être décrite et les implications de fajing seront présentées.

Les éléments du kata dont sont tirés les hojo undo, sont « cachés » dans les kata et leur sens n’est révélé qu’à ceux qui cherchent sérieusement. Sans une telle recherche, les mouvements d’un kata, pour un style désigné, sont relativement limités dans leurs applications. L’importance de pratiquer physiquement les mouvements du kata — individuellement et en groupe — pour obtenir la compréhension et la propriété n’est plus à démontrer. Le processus d’imprégnation des mouvement d’un kata dans la mémoire neuro-musculaire du corps est similaire au tir sur cible. Connaître la balistique sans pratique réelle du tir, est voué à l’échec. Ainsi, c’est la double utilisation des énergies mentale et physique qui nous permet de maîtriser les mouvements d’un kata. A partir de ce seul moment, le pratiquant peut commencer à voir le kata, non pas comme un catalogue de techniques, mais plutôt comme une encyclopédie de vecteurs énergétiques qui sont gouvernés par des concepts de structure et de mouvement, et ayant par conséquent, un potentiel illimité pour les bunkai.

Il est n’est pas habituel d’associer des concepts comme le fajing avec des systèmes de karate. Mais la connaissance de l’histoire du karate Uechi-Ryû,
donnera tout son sens aux discussions basées sur les concepts habituellement associés à l’étude des kung-fu chinois.

KARATE(唐手) UECHI-RYU(上地流)

Le karate Uechi-ryû (唐手上地流) est un système de concepts de combat civil, de techniques et de stratégies initialement enseigné par maitre Kanbun Uechi (上地完文, 1877-1948), et plus tard élaboré par son fils ainé et successeur maître Kanei Uechi (1910-1991). Le noyau du système de l’Uechi-Ryû fut appris par maitre Kanbun Uechi durant une période de 13 ans lorsqu’il vivait et étudiait en Chine (1897-1910). Bien que des chercheurs historiens continuent à croire que maître Uechi a étudié diverses écoles chinoises de kenpo (boxes), durant cette période, il reçut la plus grande partie de son enseignement d’un sifu de nan quan (le poing du sud), Chou Tzu-hoShu Shi Wa ou (japonais: 周子知, pinyin: Zu Zhi He). Sifu Chou était réputé pour être expert dans plusieurs styles de combat, particulièrement la boxe du tigre. Le style Uechi était initialement connu sous le nom de Pangainoon Ryû Karate Jutsu et représentant un amalgame de concepts de combat, de techniques et de stratégies issues des système de boxe du tigre, du dragon et de la grue.

Il y a de nombreuses interprétations variées du terme pangainoon (prononcé aussi Pan Ying JenPan Ying Gut)–littéralement « moitié dur doux ». Mais donner une signification spécifique au terme est difficile en l’absence de contexte. Un lien conceptuel est nécessaire pour déterminer ce qui est mi-dur et ce qui est mi-doux. Une interprétation intéressante pourrait être « doux à l’extérieur, dur à l’intérieur ». Cette interprétation est semblable l’idée des arts martiaux chinois « rou zhong han gong » (du dur dans le doux) et a des implications fortes pour l’analyse des mouvements au sein du style Uechi. Cette interprétation dénote une synthèse holistique des énergies yin (doux, calme ou passif) et yang (dur, agressif ou actif) tels qu’ils sont expliqués aujourd’hui par les styles appelés internes. Elle suggère un mouvement relâché élastique nécessaire pour le succès de la projection d’énergie. C’est le type de mouvement qu’il faut pour faire un puissant lancé de balle, ou pour briser (concasser, fracasser) les os d’un adversaire. Cette controverse est renforcée par l’omniprésence de techniques de frappe yang (dur/aigüe) dans le curriculum Uechi, c’est à dire: shoken (poing serré, index saillant), hiraken (poing plat), hiji (coude), nukite (main en pique), kakushiken (bec de la grue) et sokosen (gros orteils) pour ne citer qu’eux. Même l’universelle frappe shotei uchi du talon de la paume (yin) est faite de manière yang sous la forme de boshiken (pouce plié, frappe avec l’articulation du pouce). Il est généralement admis que les formes yang (dur) sont utilisées pour atteindre les points anatomiques vulnérables yin (doux).

Alors que le fil du temps a certainement effacé toutes les preuves objectives concernant l’origine du style Uechi, il est difficile d’affirmer quoique soit  avec certitude. Cependant, maître Chojun Miyagi( ou 宮城 長順, 25 avril 1888 — 8 octobre 1953)) nomma son style Gôjû-ryû(剛柔流), sur la base d’une interprétation improvisé du Bubishi (Wu Bei Ji), il en peut-être de même pour la désignation « pangainoon ». Ce nom est peut-être le produit des efforts de maitre Uechi pour décrire un concept important du style, plus que l’existence d’un titre officiel. Nous devons nous rappeler que durant la période historique considérée, les noms de styles, et autres significations comme les symboles et les uniformes, ont joué un rôle nettement moins important dans les arts martiaux que ce n’est le cas actuellement. Malgré tout, ce qui est sûr, c’est que le karate Uechi-Ryû est largement le produit des études intenses et prolongées d’un homme, dans un style de kung-fu du Sud de la Chine.

En décrivant les 4 principales écoles de karate à Okinawa, Maître Morio Higaonna fait remonter la lignée de l’Uechi-Ryû non pas à une forme de Te indigène (tradition de combat okinawaïenne non armée) ou d’une mixture entre le Te et des arts d’origines chinoises, mais directement du kenpô chinois. Nous savons aussi que l’Uechi-Ryû, bien qu’ayant historiquement subit quelques petites modifications, est considéré par de nombreux pratiquants érudits ou par des historiens des arts martiaux comme un des derniers système de karate « authentique ». « Authentique » en ce sens qu’il réfère à un système de combat rapproché (CQC) qui reconnaît les réalités du combat à mains nues en portant l’accent sur la condition du corps et l’utilisation du makiwara. De plus l’uechi-Ryû est toujours largement enseigné avec les anciennes traditions d’instruction individuelle ou en petit groupe. Il est difficile d’imaginer une autre manière plus efficace d’enseigner le subtil travail énergétique requis dans sanchin, le premier et le plus important kata du système Uechi. Le maître de shôtôkan Roland Habersetzer, dans « Karate Für Meister Mit Korper Und Geist » (Le karate pour les maîtres avec le corps et l’esprit), attribue l’Uechi-Ryû comme donnant « Mehr als nur ein Hauch von Tradition » (plus qu’un souffle seul de la tradition) ce qui signifie que l’Uechi Ryû est reconnu pour son mérite à suivre les traditions.

En comparaison des autres traditions du nan quan, un flux d’énergie relâchée n’est en général pas enseigné explicitement dans les aspects initiaux ou moyen du curriculum de l’Uechi-Ryû. Jusqu’à récemment, un débutant en Uechi-Ryû n’aurait été exposé ni aux concepts d’économie de mouvement ni à ceux d’attaque et défense simultanée bien que les racines de ces principes se trouvent dans les kata et nous verrons ci-après dans les séries de hojo undo. A l’inverse du Wing Chun ou de la Mante du Sud, le Système Uechi, par exemple, expose traditionnellement le pratiquant débutant à une exploration des contractions à travers le kata sanchin de telle façon qu’il puisse plus tard découvrir le relâchement. Le résultat final est le même: acquérir un contrôle totale de soi-même. Le Bubishi établit que « Comprendre les préceptes physiques et métaphysique du dur et du doux c’est apprendre l’équilibre de la balance entre les deux qui permet à chacun de vaincre le plus grand adversaire qui soit: soi-même ». Cet enseignement reflète la doctrine taoïste de l’ultime convergence de tous les extrêmes. La stratégie d’enseigner la manipulation de sentiments contraires est fréquemment utilisée dans d’autres disciplines comme la psychothérapie ou d’autres arts de soins occidentaux. Dans la gestion des maux chroniques par exemple, on peut enseigner au patient au début de « les rendre plus douloureux », afin qu’ils puissent finalement réaliser par eux-mêmes qu’ils ont la possibilités « de les rendre moins douloureuses ».

Après avoir fait les généralités ci-dessus concernant l’enseignement du Karate Uechi-Ryû, il serait bon de noter quelques changements importants intervenus dans l’évolution du style, notamment en Amérique du Nord. Des pratiquants avancés comme George Mattson — fréquemment désigné comme le « père » de l’Uechi-Ryû aux USA– ont encouragé tous les Uechi-ka à explorer l’aspect plus doux de leur art. Cette tendance ne peut seulement être positive que si l’on accepte l’assertion d’auteurs/pratiquants célèbres comme Stanley Henning ou Adam Hsu sur le fait qu’il est artificiel d’essayer de décrire les styles de boxes chinoises en termes internes ou externes. Ceux sont des qualités qui concernent plus spécialement la nature et le raffinement d’une pratique individuelle plutôt que des termes qui peuvent être appliqués à une forme d’art entière. Ignorer ou minimiser le yin ou le yang dans un objet signifie nier la symétrie dynamique de l’univers. L’histoire nous raconte que les efforts pour le faire sont vains. Un pratiquant de Wing-Chun qui se concentre uniquement sur la lame du « bot jom doh »/ »bart jarm dao »/ »Bot Jaam Do » (forme des 8 épées tranchantes) néglige bêtement le potentiel offensif et défensif de la crosse et du garde-main de l’épée. De façon similaire, un pratiquant d’Uechi-Ryû qui concentre sa pratique uniquement sur le côté dur (contraction) va rapidement griller (yang = chaleur) ou va s’accommoder de ses limitations résultantes avec une expression robotique et inefficace de son art.

Bien que les autres styles de boxes chinoises du Sud et l’Uechi-Ryû puissent différer par rapport aux méthodes avec lesquelles la force est générée (particulièrement au niveau débutant et intermédiaire d’expertise) il y a de nombreuses similarités surprenantes dans la façon dont ils expriment l’énergie dans les applications en combat. La sophistication et l’élégance de ces similarités peuvent être « découvertes » à un niveau plus avancé ou plus tôt si on a la chance d’avoir un instructeur éclairé et que l’on soit suffisamment mûr pour recevoir et comprendre ce qui est présenté. Malheureusement, de tels enseignants peuvent ne jamais être compris. Car certains concepts ne peuvent être intégrés et compris que grâce aux sensations, à un niveau viscéral, qui empêche de l’enseigner à autrui par la simple pratique physique. Apprécier les similarités dans les méthodes de générations de force et d’expression d’énergie entre différents styles d’arts martiaux sont des processus subtiles et indéfinissables qui nécessitent généralement de longues et intenses recherches.

Malgré des différences superficielles, l’Uechi-ryû partage de nombreuses similarité avec les styles de Boxe chinoise du Sud de la Chine. Il partage aussi, avec ses styles frères des côtes de la Chine du Sud, l’intérêt de protéger et attaquer la ligne centrale; un mécanisme de ligne de coude fixe pour générer de la force pour la partie haute du corps; une position de combat stable et relativement haute; l’utilisation de pas serrés et de position des mains proche du corps; une prédilection pour frapper avec les mains; l’utilisation de coups de pieds bas ou moyen pénétrants en puissance; et, peut-être le plus significatif, un investissement accentuée pour son premier et plus important kata, sanchin. S’il y a un fil directeur qui caractérise les styles de boxes du Fujian (Chinois: 福建; pinyin: Fújiàn) c’est une dépendance vis-à-vis du kata sanchin qui permet d’apprendre les principes remarquables du système. Patrick Mc Carthy reconnait sanchin (ou Saam Chien) comme étant commun aux styles de boxe de Fuzhou (Chinois: 福州; pinyin: Fúzhōu) : boxe de la grue, boxe du dragon, boxe du tigre, boxe du chien, boxe des Arhat (Lohan ou poing du moine) et boxe du lion. De plus, le style Ngo Gyo Kun devenu populaire récemment se repose sur une version de Sam Chien comme étant le squelette du système. Le style Hakka de mante religieuse du sud (qui possède de nombreuses ressemblances avec l’Uechi-ryû) repose aussi sur une forme de base comparable à Sanchin, Som Bo Gin (trois pas en avant). Ayant comparé la citoyenneté double du statut de l’Uechi-ryû comme étant à la fois un style de karate okinawaien valide et un kung-fu du Sud de la Chine, examinons maintenant les séries de mouvements connu sous le nom de hojo undo.

HOJO UNDO (補助運動)

Le hojo undo (補助運動) est une pratique du curriculum de l’Uechi-ryû offrant quelques uns des mouvement de self-défense les plus efficace d’un kata dans un format plus abrégé. La pratique régulière de l’hojo undo permet aux pratiquants de s’échauffer en groupe au début de chaque entraînement, tout en apprenant des techniques de self-défense efficaces. L’utilisation du terme hojo undo dans le style Uechi-ryû devrait être différencié du même terme utilisé par les partisans du système Gôjû-ryû qui comporte des exercices supplémentaires, notamment de musculation spécifique, en utilisant des équipements primitifs comme : sashi ichi (levée de pierre), ichi sachi (cadenas de pierre), nagiri game (aggriper des jarres), chiishi (poid-levier en pierre), et kongoken (poids ovale en fer).

Le hojo_undo d’Uechi-Ryû enseigne la self-défense de la même manière que l’enseignait initialement maître Kanbun Uechi — celle de ikkyoryû la pratique de faire un mouvement explosif destructeur à la fois. Le hojo undo apporte l’opportunité de travailler des enchaînements de techniques tant appréciées par les tous les grands des arts martiaux. Rien ne permet d’apprendre plus un mouvement et les concepts qu’il y a derrière son utilisation que les répétitions. Comme le hojo undo n’est habituellement pas fait avec un partenaire, les mouvements ne sont pas si éloignés des bunkai, ce qui permet au pratiquant débutant d’avoir l’opportunité d’explorer entièrement et de façon détachée la signification combative et kinesthésique de chaque séquence. Le pratiquant avancé, ceci-dit, peut et doit élaborer, et pratiquer, des applications dyadiques (binaires) de chaque séquence de hojo undo. Selon l’opinion de différents auteurs et pratiquants d’Uechi-ryû (comme George Mattson), chaque éléments, de même que tous les éléments de kata devraient être exploré lors de « slammer » drills (des drills « claquant ») à deux. Ce terme descriptif inventé par Van Canna, pratiquant d’Uechi-Ryû et professeur reconnu aux Etats-Unis, ne nécessite pas de plus amples explications. Ce qui montre le côté « doux » de la pratique de l’Uechi-Ryû compte tenu du relâchement nécessaire pour faire ces exercices de drills.

Le hojo undo permet aussi de s’entraîner au fajing (expression de force) tout au long de la pratique, même à un stade débutant et quelque soit le degré de compréhension. Comme le pratiquant gagne de l’expérience dans la pratique des mouvements physiques grossiers de hojo undo, il va idéalement commencer un travail permanent et continu de raffinement des énergies déployées dans chaque séquence. Une fois maîtrisé, un contrôle conscient du plus fin mouvement physique ne sera plus nécessaire. Les pratiquants parvenus à ce niveau de développement peuvent se consacrer entièrement à développer la perception de l’adversaire dans le mouvement. Pour arriver au point ultime, où l’entraînement physique devient hors de propos, et à ce niveau d’affinage, la volonté ou l’esprit deviennent le centre de l’attention de l’entraînement. La volonté du karateka se manifeste maintenant dans les mouvements physiques, ainsi, l’art et le pratiquant ne font plus qu’un.

FAJING (發勁)

Le concept de fajing (發勁, pinyin: fā jìn) bien que multidimensionnel n’est ni impénétrable ni irréalisable. Fajing se réfère à la qualité d’un mouvement élastique, une pulsation ou une sorte d’onde, exécuté avec explosivité. Si vous pensez à un serpent se ramassant sur lui-même (compression d’énergie) et attaquant (relâchement d’énergie) vous serez sur la bonne voie pour comprendre le fajing. Un auteur d’ouvrages d’arts martiaux et enseignant, Erle Montaigue, souligne un trait distinctif du fajing lorsqu’il dit que « le fajing n’est pas un mouvement rapide, ce n’est pas un mouvement très rapide, c’est un mouvement explosif ». Montaigue compare le fajing au mouvement de tremblement du corps entier, inconscient et explosif tel que cela arrive lors d’un éternuement. Kumar Frantzis définit le « fa » comme étant « décharger, un relâcher, expulser, libérer ou projeter » et « jing » la « force ». Liu Xing-Han et John Bracy définissent le fajing comme étant une émission de force basée sur un timing de plus en plus précis, l’angulation et la perception de
l’intention de l’adversaire. Michael Babin décrit le fajing comme « l’énergie d’un fouet dont la force est transmise, sur toute sa longueur, dans une onde, jusqu’à sa libération, à sa pointe « . Finalement, le Docteur Yang Jwing-Ming définit le fajing comme « utilisant le Yi (esprit ou intention) pour transporter le Qi (énergie bio-électrique intrinsèque) ». Il établit: « utiliser le Qi pour exciter le Li (Force musculaire) ».

A partir de ces définitions, il devient clair que le fajing n’est pas simplement une expression de la force brute. Un simple coup percutant la main vide bien qu’étant potentiellement efficace, ne commencera pas à approcher le potentiel destructeur d’un coup avec du fajing. Une explication de la différence est que les effets d’un coup percutant sont limités à une perturbation superficielle des tissus du corps. C’est particulièrement approprié pour les frappes aux cavités du corps pour lesquelles une pénétration profonde d’un coup avec fajing produira un plus grand degré de choc hydrostatique et occasionnera une plus grande perturbation du système interne. Un exemple de cette différence pourrait s’illustrer par la frappe d’une bûche suspendue à un pivot et balancée par la seule force de gravité (un exercice d’entraînement de la chemise de fer). Ce qui représente une frappe percutante superficielle qui pourrait être considérée comme équivalente à un direct en boxe. Par contraste à cet exemple, on peut imaginer d’être frappé par la pointe d’une corde chinoise lestée ou par le poids d’un manrikigusari (chaîne lestée) — toutes deux plus légères que la bûche mais au potentiel destructeur infiniment plus important compte tenu de l’énergie générée par le système de coup de fouet nécessaire pour libérer le projectile. Le fajing est considéré par beaucoup comme étant la forme d’expression physique d’énergie la plus sophistiquée dans le monde des arts martiaux et les kata d’Uechi-ryû sont remplis de mouvements idéalement exécutés avec du fajing.

Pour comprendre complètement le concept de fajing, il est nécessaire d’examiner la théorie du jing, qui est projeté dans le processus résultant du fajing. Bien qu’il y ait diverses définitions pour le mot jing (écrit aussi jin, ging, ou gin) celle qui nous concernera est celle du processus neuro-musculaire impliqué dans l’unité du corps et de l’esprit. Ceux sont trois éléments inséparables impliqué dans le jing: yi – l’esprit, li – l’énergie musculaire, et qi – la force vitale bio-énergétique.

Une compréhension de ces éléments pourra être mieux comprise avec une simple analogie. Imaginons que vous vous réveillez un jour en possédant miraculeusement la force musculaire (li) d’un champion olympique d’haltérophilie. Poussons la fantaisie un peu plus loin et imaginons aussi que vous recevez la grande volonté de l’athlète, son pouvoir de concentration, et la compréhension intellectuelle de la biomécanique des compétitions d’haltérophilie (yi). Surprise! Les résultats de vos plus gros efforts sur l’aire de compétition vont tomber bien loin de l’idée d’un surhomme imaginaire. L’explication de cette ironie est que vous n’avez simplement pas payé votre du en entraînement dur, pour commander à répétition (yi) votre flux d’énergie bio-électrique (qi) d’activer le système squeletto-musculaire (li) nécessaire pour des performances supérieures d’haltérophilie.
Chaque composant est nécessaire pour que le processus apparaisse et en tant que pratiquant d’arts martiaux, on s’efforce constamment de perfectionner les trois éléments de façons isolées et simultanément.

Comme mentionné précédemment, il y a plusieurs sortes de jing. L’étude fascinante du jing existe tout au long d’un continuum. A l’une des extrémité du spectre se trouve le doux/pratique interne du qi connu comme étant le qigong. Et à l’autre extrémité se trouve le dur/discipline externe de tension dynamique– entrainement de sanchin Uechi-Ryû classique. Ce type de jing utilisé principalement dans les applications combats en Uechi-Ryû est considéré comme étant doux/dur. [pour plus d’information à ce sujet, vous pouvez vous référer aux travaux du Dr Yang Jwing Ming dans « l’essence de la grue blanche de Shaolin »]

La marque de fabrique du jing doux/dur est la transformation du corps initialement doux (relaché, décontracté) au dur au moment de l’impact. Ce type de mouvement est caractérisé par une phase initiale et intermédiaire dans laquelle la tension est ostensiblement absente. A la phase terminale du mouvement, les muscles sont brièvement contracté pour éviter un dépassement de capacité des tendons et des ligaments. Le degré de contraction utilisé dans ce type de mouvement est ni l’amplitude ni la durée utilisé en kime (concentration) – au moins pas l’expression de kime d’un niveau débutant ou intermédiaire. La différence reflète la maxime de la forme suivant la fonction. Uechi-Ryû est un système de close-combat qui bien qu’okinawaien a aussi une origine chinoise. De ce fait, le degré de tension utilisé dans l’aspect terminal du mouvement en Uechi-Ryû repose quelque part entre ce qui est trouvé dans les styles du sud de la Chine et les styles okinawaien, par exemple entre Mante du Sud et Shorin-Ryû. Comprendre les antécédents historique du système nous permet de réconcilier l’absurdité apparente de sa filiation appropriée à la fois avec le concept japonais de ikken hisatsu (un coup, un mort) et le model chinois de flux continu et relaché d’énergie — flot de coups ininterrompu jusqu’à ce que l’ennemi soit hors d’état de nuire (la menace est éradiquée).

Les mouvements de fajing d’Uechi-Ryû sont coordinés avec le cycle de la respiration pour maximiser leur force. De façon intéressante, en discutant de respiration et force, le Dr Yang Jwing Ming explique que la respiration est fréquemment retenue au moment ultime de frappe pour maximiser la concentration musculaire. Cette observation est parfaitement corrélée avec le modèle de respiration du sanchin classique d’Uechi-ryû dans lequel la respiration est circulaire et expulsée sur une expiration seulement après les mouvements de frappes dans sanchin et les mouvements mawashiuke (blocages circulaires). Le Docteur Yang rapporte une citation en chinois qui établit que « quand il est nécessaire d’être dur, ça peut être dur. Quand il est requis d’être doux, ça peut être doux. Le doux et le dur peuvent se soutenir habilement. Alors on appelle cela comprendre le jing. » C’est l’esprit du pangainoon/Uechi-Ryû Karate, doux à l’extérieur et dur à l’intérieur.

Shomen Geri

Ayant établit que c’est une recherche historiquement raisonnable et valide que d’explorer les éléments de fajing en Uechi-ryû karate, et en ayant brièvement revu les caractéristiques remarquables du concept, nous allons maintenant tourner notre attention dans une analyse plus profonde de deux mouvements spécifiques d’une séries de hojo undo. Les deux mouvements choisis sont: shomen geri (coup de pied de face rapide, avec les orteils) et uke, shuto, ura, shoken tsuki (blocage circulaire, main en pique, coup de poing de revers, frappe avec une articulation d’un doigt) qui sont des représentants des techniques de frappe avec les pieds (geri waza) et de techniques de frappe avec les poings (tsuki waza) dans le style uechi-ryû. Chacune de ces techniques est prise directement des katas d’Uechi-Ryû, conformément à la théorie de l’Uechi-Ryû en regard des structures et fonctions, et possède l’emprunte unique du karate Uechi-Ryû, ce qui signifie qu’un observateur qui verra ces mouvements n’aura aucun doute sur le fait qu’il voit une démonstration d’Uechi-ryû.

Le coup de pied de face fouetté utilise le sokusen (coup de pied avec les orteils ou dent de tigre). C’est le coup de pied qui vient originellement de l’art chinois enseigné par maître Uechi Kanbun. Ce coup de pied, en révèle beaucoup sur la théorie de la méthode de combat en Uechi-ryû: l’Uechi-ryû est un système qui cible les zones de frappe anatomiquement vulnérables (la dent du tigre pénètre les cavités); C’est un système qui demande un renforcement du corps de ses pratiquants (l’orteil est inefficace s’il n’est pas renforcé); le système est basé sur l’utilisation de l’énergie de l’adversaire pour le saisir, l’absorber ou le repousser et enchaîner sur lui des frappes (avec finalité en clefs, projections ou étranglements) (le coup de pied est précédé par des mouvements de déflections ou des saisies); et le système est à l’origine un système de combat avec les mains, dans lequel des coups de pieds bas et moyens sont utilisés pour soutenir les techniques de mains (Uechi-ryû comme les autres styles de nan-quan n’utilisent que très rarement les coups de pied au-dessus de la taille dans des applications non-sportives).

Le coup de pied de face fouetté permet (et encourage) le développement de l’énergie du dragon (enroulement). L’influence du dragon en Uechi-ryû intervient de différentes manières, entre autre: – mouvement distinct, comme descendre dans une position sanchin basse juste avant le saut dans le kata seisan – emploi de l’esprit de force fugace, souple et continu du dragon – ou une fluidité qui permet au pratiquant d’Uechi-ryû de passer de l’énergie du tigre (yang) à l’énergie de la grue (yin), Alan Dollar se réfère à la qualité d’élasticité du muchi tengwa, une confiserie okinawaienne collante comme un caramel qui peut être déformé pour finalement revenir dans sa forme première. Les mouvements du dragon sont illustrés dans shomen geri et peuvent être trouvés dans tous les huit kata d’Uechi-ryû.

La séquence du shomen geri est le prototype de tous les mouvements blocage/déflection et frappe de face. Le fait d’être en face se réfère au pratiquant et non à l’adversaire, dans le sens où l’on a l’adversaire en face de soi, qu’il soit directement en face de nous ou pas (suite à un tai sabaki). En fait, idéalement, il ne devrait pas nous faire face directement, ce qui permet ainsi d’annuler un bon nombre de ses attaques. Shomen geri renforce l’idée qu’il est intéressant de tirer l’adversaire en le frappant du même côté.

Exécution de Shomen geri

A. préparation – Sanchin dachi kamae gauche (pied gauche en avant et position sanchin)

le kamae du tigre peut et doit être exploré comme une posture de qigong stationnaire. Il est utilisé de façon similaire à San Ti (posture de nei gong stationnaire) de Xing Yi Quan et semble être particulièrement efficace pour mobiliser de l’énergie yang. Dans cette posture le mouvement est interne une des conséquence de la respiration inversée ou respiration taoiste pour laquelle le dan tien (incluant la circonférence de la partie basse de la ceinture abdominale est rentrée sur l’inspiration et sortie sur l’expiration. La langue touche le haut de la bouche pendant l’inspiration/l’expiration par le nez. Le muscle pubo-coccygien (localisé dans la région du périné entre les parties génitales et l’anus) est légèrement contracté durant l’inspiration et relaché durant l’expiration. Aux premières étape de la pratique, on peut simplement prendre la position pour des temps de durées croissantes et devenir conscient de son enracinement, son centre et son unité ainsi que toutes les autres choses. A tous les niveaux de la pratique les organes internes sont massés par le modèle de respiration rythmée. [Tim Cartmell et Dan Miller du Xing Yi Nei Gong apportent un peu plus de données à ceux qui pourraient vouloir approfondir cette pratique très importante]

B. ichi – blocage, shotei nagashiuke droit et hirate mawashiuke gauche (blocage intérieur avec le talon de la paume droite et blocage circulaire main ouverte gauche)

Souvenez vous que tous les mouvement en kung-fu/karate peuvent représenter des blocages, des frappes, des qinna (ou chin na, luxations), ou shuai jiao (de la lutte). Conformément avec les autres traditions du nan-quan, les plus hauts niveaux en Uechi-ryû ne distinguent plus les mouvements en deux catégories d’applications offensives et défensives. Les mouvements des kata représentent simplements des paradigmes de vecteurs d’énergie qui peuvent être appliqués pertinament de façon illimitées.

La main droite effectue un blocage intérieur avec le talon de la paume pour initier une déflection suivit d’une saisie. La main gauche effectue un blocage circulaire permettant de dévier et saisir. Ces mouvements de mains (commun à de nombreux mouvements déflecteurs en kung fu du style de la grue qui se nourrit) sont simplifiés en un modèle pour des circonstances de combat idéales qui suppose que l’adversaire n’est pas conscient de ce que nos intentions et n’est pas capable de répondre d’une manière appropriée et dans le temps. Les ashi sabaki (déplacements de pieds) peuvent soutenir les mains en permettant de faire des tai sabaki (déplacement du corps) nécessaires pour changer la direction de notre axe centrale par rapport à celui de l’adversaire (afin de ne pas rester en face de lui). Shomen geri étant une technique linéaire il n’est donc pas nécessaire d’exécuter une rotation de la taille importante pour tourner le corps ou générer de la force. Malgrè tout, il est rare qu’en combat les circonstances soient théoriquement parfaites.
En réalité, on va rarement être dans un repère frontal direct par rapport à l’adversaire et quelques degrés de rotation des hanches seront appropriés et acceptables.

Il est important de souligner à nouveau que les techniques éxécutées dans un hojo undo sont définies comme un modèle simplifié d’activité de combat qui encourage le pratiquant à apprendre les bases du système en enregistrant des techniques des self défense efficaces et en développant l’esprit combatif et le fajing sur chaque mouvement. Les mouvements eux-mêmes sont une prise de vue instantanée dans le déroulement du combat, et de ce fait ne font pas référence de comment le pratiquants en est arrivé à être dans tel ou tel position par rapport à son adversaire. Ni même ce qui s’est passé avant la séquence. Ce qui reviendrait à expliquer les séquences avec des photos des techniques. Il n’y a rien qui explique ce qui peut se passer entre deux photos. Par conséquent, ce qui peut être une lacune dans le curriculum pour le débutant (l’absence d’entrée et de suite entre les composants) peut être vu comme un avantage par le pratiquant plus avancé — la force amplifiée de chaque mouvement peut être appliquée à un nombre infini de scénarii de combat.

C. Ni: coup de pied fouetté de face.

Le mouvement du coup de pied de face commence dans la terre, se poursuit à travers le membre infèrieur qui ne frappe pas, se transmet au bassin puis à la colonne vertébrale. En grande partie comme cela est enseigné dans le kata sanchin, la force est ramenée du ciel, et prise de la terre et projetée vers l’adversaire. La force est aussi empruntée à l’adversaire en le tirant par l’extrémité saisies qui a été attrapée par la main gauche (dans ce hojo undo).

Si on considère les muscles sollicités dans ce coup de pied, on devrait voir que la musculature sollicité ne devrait pas être celle de la cuisse, mais plutôt comme le souligne un enseignant et pratiquant d’Uechi Ryû James Thompson, les muscles psoas; Le plus grand d’entre eux (psoas majeur) est attachés aux vertèbres lombaires et s’insère sur le fémur, Et le plus petit d’entre eux (psoas mineur) est attaché aux vertèbres lombaires et s’insère dans le bord du bassin.

L’objectif d’éxécuter shomen geri, comme dans toute frappe est de délivrer un projectile (dans ce cas, le sokusen) avec un timing appropriés et autant de vitesse concentrée que possible à une cible donnée. La force impliquée est un équilibre délicat entre contraction et relachement de la musculature appropriée. Idéalement, on voudrait avoir un timing parfait de la sollicitation musculaire des muscules agoniste exécutant la technique et une sollicitation minimale (contraction) des muscles antagonistes du mouvement. Un exemple simple pourrait être la mécanique du haut du corps impliquée dans l’éxécution d’un coup de poing pour lequel les muscles de l’épaule, de la poitrine et du bras devraient être engagés de façon maximum au moment approprié, c’est à dire que les muscles de tirage du bras et du dos devraient être décontracté jusqu’au moment où il doivent donner de la stabilité, de la force et du dur au moment de l’impact.

Une image qui peut être utile en s’entrainant à donner des coups de pieds et poings puissant est de voir sa main ou son pied comme le projectile d’une corde chinoise lestée. Une analogie similaire a été utilisée par Monsieur Miyagi dans Karate Kid 2, lorsqu’il présente mystérieusement le secret du style de karate Miyagi à Daniel-san en faisant osciller un den den daiko (jouet pour enfant, tampour portatif muni de deux cordes attachées sur les côté au bout desquelles se trouve une petite boule en bois; en tournant le tambour de droite et de gauche les boules vont tendre les cordes et vont aller frapper la peau du tambour, provoquant une percussion rythmée par la fréquence d’oscillation du tambour). De cette manière, le bras et la jambe sont de simples cordes souples bougeant presque comme un fouet pour délivrer la velocité maximale au projectile (que sont les mains et pieds). Le Bubishi établit que « les techniques de mains nécessitent l’utilisation du corps. Le corps génère de la force et les mains servent d’instruments de contact. Comme un chat attrapant un rat, un tigre tue un sanglier avec tout son corps; Les griffes servent de moyen de contact. » Le meilleur entrainement pour le développement de ce type de jing est d’éteindre des bougies avec des coups de pieds ou de poings. Si l’intention n’est pas combinée avec un mouvement rapide correctement structuré, la bougie ne s’éteindra pas.

Certains professeurs d’Uechi-ryû apprennent la coordination de la déflection/saisie et coup de pied en portant l’accent sur la saisie en tirant un coup sec brusque de la main saisie pour choquer. Cette application peut être vue dans les vieux films de Sensei Uechi Kanei entrain de faire les exercices de base et les kata du style. Effectuer le mouvement de cette manière amène de la puissance dans la saisie et le tirage, qui peut provoquer éventuellement un effet de coup du lapin et peut mettre un adversaire KO. Le fait de travailler le geste de saisie en plus a l’avantage de conditionner le pratiquant à frapper à partir d’une saisie. Même si la saisie n’est que partiellement réussi, l’adversaire sera touché malgré tout.

Nous avons vu précédemment que tirer un adversaire en même temps que la frappe du même côté de la saisie était acceptable. On peut alors saisir/tirer et frapper avec le pied, le genou ou balayer; saisir/tirer et choquer d’un coup sec (comme décrit ci-dessus); ou crocheter avec la jambe/tirer et frapper, donner un coup de coude ou un coup de tête.

Le coup de pied frontal fouetté est employé de la même façon que le jab de boxe, il crée de la distance quand on en a besoin, assure le respect de l’adversaire, et lorsqu’il est employé proprement peut créer des situation de KO. Maitre Ryûko Tomoyose a décrit le coup de pied d’Uechi-Ryû comme un coup de pied qui fait s’effondrer l’adversaire là où il se tient. Il n’y a pas de poussée utilisée dans ce coup de pied et par conséquent du choix d’arme (le sokusen) il est désigné à être utilisé dans les parties anatomiquement vulnérable du corps humain. Le coup de pied avec les orteils a une pénétration impressionnante comme a pu le montrer Robert Campbell en tameshiwara sur 6 planches de pin de 2.54 cm. Lorsqu’il a été demandé où cibler le sokosen, un pratiquant vieux maitre okinawaien a répondu « Où que je frappe – ça casse ».

D. San: Répéter les mouvements ichi de l’autre côté.

Comme le pas sanchin (mouvement semi-circulaire ou en « C ») est effectué pour avancer dans le mouvement suivant du hojo undo, le pratiquant effectue efficacement un autre coup de pied, un balayage de jambe, permettant de dégager les obstacles qui se trouveraient devant (comme le pied de l’adversaire par exemple), ou alors pour changer la de position par rapport à la ligne centrale de l’adversaire. Ce qui permet au pratiquant d’avoir en sa possession un formidable panel d’armes à utiliser contre l’adversaire tout en restreignant les options possible de celui-ci.

E. Shi: Repéter le mouvement Ni de l’autre côté.

Uke, Shuto, Ura, Chudan Tsuki – Le Tigre, le Dragon, et la grue

Ce mouvement complexe de blocage/attaque est uniquement de l’Uechi-ryû en apparence du début du blocage en cercle à la fin de la séquence lorsque le coup final (shoken tsuki) est retourné en position sanchin kamae. Comme c’est le cas pour d’autres séquences de hojo undo, uke/shuto est pris d’un kata et révèle beaucoup de choses pour un oeil averti.

Cette séquence, comme de nombreuses séquences qui peuvent être trouvé dans le curriculum est caractéristique des trois animaux dont s’inspire le style: le tigre, le dragon et la grue. La déflection avec le talon de la paume et le blocage circulaire caractérique de l’Uechi-ryû suggère la grue, un animal relativement fragile qui possède des caractéristiques de survie d’agilité, un timing adroit, une bonne angulation et la capacité de frapper un point de la taille d’une tête d’épingle avec précision.

La séquence suivant des 3 coups de poings utilisant le tranchant de la main, le dos de la main et une articulation d’un doigt sont donné avec une sorte de férocité du tigre, leur seul unique impulsion est d’être la destruction dévastatrice la plus totale de l’adversaire.

L’esprit du dragon peut-être trouvé à la fois dans l’implacabilité avec laquelle les coups s’enchainent les uns les autres fluidement, et à la fois dans la transformation subtile principale de l’énergie du haut du corps utilisée pour ajouter de la puissance dans les frappes. Le dragon est connu pourpersonifier l’adage de l’ancien kung-fu « flotte et coule, avale et crache » (avaler cracher flotter couler = tun tau fau chum, en chinois). Il est nécessaire de couler le corps et d’utiliser la force enroulée de « avaler-cracher » lorsque l’on délivre des techniques qui sont propulsées par la ligne du coude comme les coups de poing de revers (comem les uraken) et les coups de poings direct en succession rapides précédent une technique délivrée par une rotation comme shuto. Si le mécanismes s’insiprant du dragon n’est pas employé, la séquence entière manquerait de vitalité et aurait la qualité de ce que les boxeurs appellent « arm-punch » un coup de poing faible donné avec la seule force du bras. Sans cette transformation d’énergie chaque technique successive diminuerait en intensité, le shoken final deviendrait une caresse et pas une frappe destructive!

Les coups dans cette séquence sont uniques dans le sens où ils sont au nombre de trois. Le nombre 3 en cosmologie chinoise est riche en signification, spécialement lorsqu’il s’adresse aux arts martiaux. L’alchimie interne taoiste est fondé sur la réunion et l’affinage des trois trésors, jing – l’énergie générative; qi – l’énergie vitale; et shen – l’énergie spirituelle. Ces énergies sont stockées dans les trois « dan tien » (champs d’élixir); qui sont controllés par trois portes (Wei Lu, Mingmen et Yu Gen). Sanchin (les trois conflits ou batailles), sur lequel l’Uechi-Ryû et de nombreux arts de combat civil du Fujian sont basés, est enseigné pour représenter trois niveaux de signification habituellement interprétés par corps, esprit matériel et esprit immatériel.

Fonctionnellement, les trois frappes (shuto, uraken et shoken) peuvent guider le débutant à frapper le même point du corps de l’aversaire trois fois ou il peut représenter une série de frappe sur divers points anatomiquement vulnérables. Il n’y a rien dans le curriculum du karate traditionnel qui arrive par hasard ou qui a été mis par hasard. Il est par conséquent significatif que les trois coup son donnés dans un ordre ascendant de concentration énergétique, c’est à dire du tranchant de la main jusqu’au coup de poing avec l’articulation d’un doigt la surface de frappe devient de plus en plus petite. En définitive, les trois frappes peuvent être pensées comme compromettant ce que les pratiquants de Mante du sud se réfèrent à de la « force vive », la capacités des frappes de mains à être continue et fluide sans casser le contact. En kung-fu wing-chun la pyramide de défense et attaque utilisé en combat est dite posséder la qualité de multidirectionnalité, qui est, le mouvement qui traverse non pas deux mais habituellement trois directions à la fois. Cette qualité lorsqu’elle est combinée avec juen ging (énergie tourbillonnante) – l’application d’énergie circulaire sur des mouvements linéaires – résulte en un mouvement de techniques qui ressemble à un drill, c’est à dire, que la rencontre d’un obstacle se traduit par une pénétration ou une déflection mais en aucun cas une cessation du mouvement. C’est la puissance formidable de la spirale. Ici aussi, le shuto, uraken et shoken peuvent être pensés comme un succession d’attaques telle un mitraillette qui ne se replient pas ni ne cessent les pénétrations continues lorsque
controntées à des obstacles.

A. Préparation: Sanchin dachi gauche

B. Ichi: blocage en shotei nagashi uke droit et hirate mawashi uke gauche

(blocage intérieur avec le talon de la paume et blocage circulaire main ouverte). Le texte décrivant la partie « ichi » dans la section « shomen geri » est applicable ici.

C. Ni: Après avoir fait le blocage claquant de la paume de la main droite, la main droite retourne en position de garde au centre de la poitrine au niveau du coude. Les professeurs varient dans leur interprétation du mouvement suivant –initiation du shuto uchi. Certains enseignants tendent à placer la main droit en hikite avant de la lever au niveau des yeux pour commencer la frappe du tranchant de la main alors que d’autres recommandent un placement immédiat de la main droite au niveau des yeux et prêt à frapper. La dernière interprétation est préférée par de nombreux hauts gradés pour deux raisons: cela élimine un temps intermédiaire supplémentaire nécessaire à l’armement de la main en hikite avant de lever la main (ce qui aussi peut encourager à surpasser la mise en garde – car une main non occupée à dévier, bloquer, saisir, ou frapper doit toujours être remise en position de garde), et tandis que la première proposition s’éxécute avec la force du coude, la dernière utilise un mouvement de rotation subtile de la taille ajouté à une onde générée par la colonne vertébrale de laquelle part la frappe du shuto, ce qui a pour résultat l’execution du shuto avec une plus grande force.

Le flux d’énergie dans la phrase « ni » du mouvement est similaire à celui décrit dans shomen geri. La force est augmenté par des ondulations de la taille. Plus de force est emprunté à l’adversaire en tirant l’extrémité saisie qui a été attrapée par la main gauche après le blocage circulaire. L’énergie de la terre remontant le squelette est amplifiée par l’accompagnement articulaire et transferré au mains gauche et droite alors qu’elle s’engage dans un mouvement yin (centripète – gauche) et yang (centrifuge – droite). La main droite armée au niveau de l’oeil est lancée violemment contre l’adversaire et en cercle par la droite.

D. San: la main droite qui a donné le shuto au « ni », revient légèrement à hauteur du coude pour immédiatement frapper encore en utilisant uraken (poing en revers). On peut imaginer que la rétractation à ce niveau peut servir de raison à un drill. La présence ou l’absence de retrait dans un vrai combat sera dicté par les exigences du combat. Que le shuto ait été partiellement bloqué ou que l’adversaire ait lancé un coup de poing qui obstrue le shuto, la seconde vague d’énergie utilisé dans son déploiement peut continuer avec pour seul changement celui de la conversion de la trajectoire interieure ou exterieuree du shuto en trajectoire intérieure de l’uraken.

Similairement, l’énergie utilisée pour générer le coup de poing en revers peut être une simple force venant de la ligne du coude utilisant les muscles de poussée (triceps, deltoïdes antérieurs et pectoraux) stabilisés par les muscles du dos ou; si le temps, l’opportunité et les circonstances le permet, une expression plus sophistiquée de fajing peut être employée en utilisant une troisième vague d’énergie des hanches, de la colonne vertébrale et du la poitrine pour rétracter et frapper. Les extrémités infèrieures devraient soutenir cette seconde frappe si possible en déplaçant le poids du corps contre l’adversaire sous la forme d’un sursaut ou d’un pas chassé.

E. Shi: La main droite qui vient d’éxécuter uraken au niveau de « san », se replie complètement dans la position hikité avant de frapper encore en shoken (frappe avec une articulation d’un doigt). Encore une fois, si le retrait est nécessaire pour l’intégrité du drill, il n’est pas nécessaire en combat.

Le retrait peut aisément représenter l’opportunité de rattraper un coup qui arrive, le dévier et le contrôler pendant que la main gauche libérée de son travail de piégeage peut relancer n’importe quel nombre de frappes. La main gauche reprend alors son travail de piégeage pendant que la main droite frappe avec le shoken prévu. Si on considère le postulat des arguments de « force vive » ou de flot d’énergie pour cette séquence d’hojo undo, on peut se poser la question « quelle justification autre que l’entrainement du fajing peut-il y avoir à faire trois frappes de la même main? ». Des frappes nécessitant un retrait de la main occupent un temps d’action durant lequel l’adversaire peut être pris dans une autre technique ou même, peut vous frapper!

Suivant le coup depoing shoken, le compte recommence à ichi. Après une série de répétitions à droite, le pratiquant va avancer en sanchin dachi droit et va alors enchainer un nombre de répétitions égal de l’autre côté.

Il y a, malgré tout, un mouvement de transition à ce moment qui est fréquemment oublié. Ce mouvement est le retrait enroulé du shoken. Idéalement, le poing revient à hauteur de la ligne du coude comme en position préparatoire sanchin (paume vers le haut). A partir de là, la main est ouverte en sanchin nukite, la coude est conduit vers l’avant, la main est enroulée (supination) en tigre kamae, et finalement, le coude est rétracté en position sanchin. Selon certains pratiquants et professeurs, oublier ce mouvement de transition est déconseillé. Le mouvement en question apprend au débutant plusieurs principes importants:

. 1 – Il encourage une exécution correcte du blocage avec le talon de la paume de départ. Le blocage de la paume de la main devrait être délivré avec un angle de 45 degré par rapport au plan imaginaire formé par notre ligne centrale et celle de l’adversaire. De la poussée initiale, le mouvement peut être altéré par un fouetté du poignet ou des doigts pour frapper les points vulnérables le long du bras de l’adversaire. L’omission de la remise en garde du shoken se termine souvent par une exécution désordonnée du mouvement du talon de la paume le shoken tendu doit alors parcourir le chemin inverse à partir de sa position actuelle jusqu’à une position qui doit permettra au talon de la paume de revenir pour dévier une attaque potentielle entrante. Et de ce fait il se peut que la position soit telle que la déflection ne soit pas efficace ou qu’il n’y ait pas assez de force. Ou que le retour ne permette pas de rattraper l’attaque.

· 2 – le shôken remis en garde simule une saisie, une traction ou un déchirement de tout ce que pourra rencontrer le pratiquant. Le mouvement de rétractation représente aussi l’opportunité d’emprunter de la force pour la main ou le pied opposé en déclenchant une autre attaque.

· 3 – la rétractation de la frappe en shoken en position sanchin préparatoire encourage les débutants à développer une réaction instinctive de ramener les coudes en protection des côtes après une frappe, une saisie ou un blocage. Tous ces bénéfices énumérés sont perdus lorsque le débutant est encouragé à fouetter ses bras en l’air au service de la vitesse plutôt que de la précision.

Un ensemble de spéculations des plus intéressantes peuvent être appliqués à cette séquence complète de hojo undo basée sur l’inclusion de la déflection par le talon de la paume et le blocage circulaire précédant les trois techniques décrites précédemment. Un précepte basic de kung-fu chinois est que chaque mouvement est un vecteur d’énergie qui a le potentiel de se matérialiser sous forme de blocage ou déflection, de frappe, de qinna, d’immobilisation ou de projection. Ce concept connote un flux d’énergie (pangainoon – doux à l’extérieur, dur à l’intérieur), collé à l’adversaire (muchimi ou chi sao – mains collantes), et transformant le mouvement en réponse de ce qui est rencontré de l’adversaire (sensing jing). C’est une distinction très net par rapport au karate orienté sport où les mouvements sont habituellement simplifiés et identifiés pour avoir un application limitée. A l’inverse de l’entraînement des applications sportives, l’internalisation de cette séquence ne provoque absolument aucun désagrément de la part de l’adversaire une fois que le contact est établit. Comme l’explique Jim Maloney un instructeurs « Une fois que je me sépare, je n’ai pour seule option que de rentrer à nouveau. Pourquoi aurais-je envie de faire ça? » Pourquoi en fait?

Ayant fait l’effort cognitif nécessaire pour voir la séquence de « blocages » talon de la paume/en cercle comme ne dénotant pas forcément des blocages, on peut les imaginer comme des frappes. Là où la séquence comportait initialement trois frappes nous avons maintenant un ensemble de cinq mouvements d’attaque. Il faut penser à la défense comme une barrière qu’on érige entre nous et les adversaires qui ont l’intention de nous nuire. A cette révélation, chaque fois qu’on en a l’opportunité pourquoi ne pas frapper les adversaire avec une de ces barrières justement?

Conclusion

Comme tout système vivant, le style de karate Uechi Ryu est menacé de changer, d’être dénaturé ou de disparaître. L’air du temps et les changements sont périlleux ; en fait et de nombreuses traditions de combat civiles ont périt à cause de leur refus de s’adapter ou de changer. Des difficultés culturelles grandissantes avec l’aspect commercial et une société litigieuse ont contribué à la dilution de nombreux styles intéressants. Dans une époque de narcissisme et de droit individuel démesurés, de nombreux professeurs et maîtres ont « dilué » les valeurs de l’entraînement traditionnel pour retenir les élèves. Des systèmes entiers ont été modifiés pour permettre des applications sportives. Jusqu’ici le karate Uechi-ryû s’est toujours présenté comme un « vrai » karate avec des valeurs compatible avec le 20ème siècle. « Vrai » karate dans le sens ou il n’a pas subit de changement ni d’influence dans les entraînements traditionnels et les applications. Au contraire de nombreux karate qui se transformèrent au moment du passage d’Okinawa au Japon, et de ce fait ont perdu leur traditions par rapport à l’enseignement et la pratique qui se faisait sur l’archipel.

Peut-être que certaines des capacités de l’Uechi-ryû à perdurer sont simplement une question de chance ou peut-être du à l’internalisation individuelle, collective et organisationnelle du kata sanchin. La pratique de sanchin Uechi-ryû encourage la capacité à rester calme et concentré dans le brouillard d’une activité violente. Il permet au débutant d’accéder à une conscience totale de la réalité du présent — conscience sans tâche en regard des illusions du passé et du futur.

Comme mentionné précédemment, les pratiquant d’Uechi-ryû sont sensibilisés petit à petit à l’importance d’accéder à la totalités des énergies se trouvant dans leur art — yin et yang/ doux et dur. Il est reconnu que la viabilité de l’Uechi-Ryû est augmenté par la capacité à regarder le passé sans auto-déception ou enjolivement et redécouvrir ses racines dans le kung-fu chinois authentique.

Des vieux maîtres okinawaiens ont longtemps cherché la dimension yin de leur art. Kenko Nakaima sensei du karate Ryûei-ryû a établit « C’est la plus haute étape du développement d’un kata d’un étudiant – un kata qui semble comme s’il n’y avait aucune force du tout ». Un examen plus précis des anciens films de sensei Kanei Uechi faisant les kata d’Uechi-Ryû révèle cette puissance relâchée. C’est le Pangainoon/Uechi-ryû — doux à l’extérieur et dur à l’intérieur — le poing de fer dans un gant de velours.

C’est le voeux et le désir sincère de l’auteur du texte original américain, David Elkins, que cette article puisse servir de tremplin pour des discussions, des débats et des recherches plus approndies dans les merveilles de ce style de karate traditionnel.

Basé sur un texte de David Elkins.

Sources:
– Mattson, George Uechi-Ryû Karate Do Peabody, Brockton. 1974
– Ibid The Way of Karate Tuttle, Boston. 1963

Bibliographie:
– Frantzis, B. K. The Power of Internal Martial Arts North Atlantic, Berkeley. 1998
– Higaonna, Morio The History of Karate p. 68. Dragon, U.K. 1995
– Higaonna, Morio Traditional Karate Do, Vol. I Fundamental Techniques Sugawara, Tokyo. 1985
– Habersetzer, Roland Karate Fur Meister Mit Korper Und Geist Verlag, Berlin. 1994
– McCarthy, Patrick The Bible of Karate: Bubishi Tuttle, Rutland. 1995
– Co, A.L. Five Ancestor Fist Kung-Fu: The Way of Ngo Cho Kun Tuttle, Rutland. 1983
– Frantzis, B. K. The Power of Internal Martial Arts North Atlantic, Berkeley. 1998
– Liu Xing-Han and Bracy, John Ba Gua North Atlantic, Berkeley. 1998
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– Dollar, Alan Secrets of Uechi-Ryû Karate and the Mysteries of Okinawa Cherokee, Antioch. 1996
– Cartmell, Tim and Miller, Dan Xing Yi Nei Gong High View, Pacific Grove. 1994
– Liu, Chang I Feeding Crane Gung Fu Video Lecture/Demonstration Tsunami, Thousand Oaks. 1998
– Thompson, J. personal communication. Annual Philadelphia Uechi-Ryû Karate Academy Seminar. July 19 and 20, 1997.
– Mattson, George Uechi-Ryû Video Magazine # 010 Peabody, Brockton. 1995
– Pantazi, E. and Diorio, S. Inner Secrets Kyusho Video Series Volumes 2 and 3: Uechi-Ryû Kata Seisan and Sanseiryû Inner Secrets, Middleton. 1998
– Yang, Jwing-Ming The Root of Chinese Chi Kung YMAA, Jamaica Plain. 1989
– Maloney, J. « New Wave » Uechi-Ryû Uechi-Ryû Video Magazine #016. Peabody, Brockton. 1996
– Bishop, Mark Okinawan Karate: Teachers, Styles, and Secret Techniques A and C Black, London. 1989

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