Nov 102011
 

J’avais il y a un moment fait deux articles. Le premier sur ce qu’est le karate et le second sur le fait de  choisir le Uechi-ryu plutôt qu’un autre style pour la self-défense. Mais aussi un article sur ce que j’entendais par pratique de la self-défense… Je ne dis pas que le Uechi-ryû est le meilleur style pour la self-défense, je ne le compare à aucun autre… Ce qui marche pour moi ne marche pas forcément pour quelqu’un d’autre… et vice versa. Je connais des gens extrêmement efficaces en situation de protection personnelle, ces gens font de l’aikidô, du judô et même de la simple boxe anglaise. Là n’est pas la question. Ce qui motive cet article est le fait que j’ai pu lire de nombreuses fois des gens se plaindre de l’inefficacité du karate ou pire, des gens ne connaissant pas le karate se moquer de l’inefficacité de celui-ci (déjà rien que pour généraliser un ensemble d’écoles sous le terme « karate » alors qu’ils n’en ont vu qu’une seule). Ça ne me dérange pas outre mesure, dans le sens où, on ne peut pas faire boire un âne qui n’a pas soif  et donc convaincre quelqu’un qui ne cherche pas le dialogue mais vient pour imposer sa vision des choses, et que généralement les gens qui critiquent ou se plaignent ne connaissent pas vraiment le karaté, et y ont goûté un an, deux ans, peut-être trois ou quatre, mais s’imaginent faire mieux avec ce temps dans une autre discipline. Peut-être ont-ils raison? Personnellement je pense qu’ils ont tord. Déjà réduire LE KARATE à un simple et unique club dans lequel ils ont pratiqué, c’est complètement réducteur, et fait état d’une absence totale d’intelligence, de connaissance et de discernement (je rappelle le lien sur LES KARATES… en plus je mets bien un « S » pour qu’on comprenne bien qu’il s’agit d’un ensemble d’école très différentes pour certaines). De plus réduire UNE ECOLE DE KARATE, à la pratique dans un seul et unique club… c’est pareil… faut pas être très futé pour faire le raccourcit. Conclure de l’efficacité d’une école après une pratique de 4 ou 5 années, souvent moins, c’est aussi réduire son QI à celui d’une huître (et encore c’est insulter l’intelligence des huîtres). Ce qu’il faut mettre en cause dans ce cas ce n’est pas l’efficacité de l’école, mais la sienne propre. Le plus drôle c’est que dans 90% des cas, la personne en question va dire: » j’ai fait du karate 4 ans, je me suis fait cassé la figure, mais XXXXX après deux ans de boxe thai il était super fort ». Souvent les gens refusent d’admettre leur propre échec et préfèrent reporter la faute sur ce qu’ils ont fait. Jamais ils n’iront penser que, eux ont pratiqué dans un but ludique, et que XXXXX a pratiqué dans un but de combat de rue sans règle.

J’ai moi-même été amené à faire ce type d’introspection après avoir terminé aux urgences le 18 juin 2001 suite à une agression malgré 6 années de pratique d’un art martial de self-défense réputé comme efficace… Il fallait se rendre à l’évidence… ce n’est pas l’art qui a fait défaut, mais moi. Parce que je n’avais jamais pratiqué dans une optique de protection personnelle, parce que ce jour là j’étais particulièrement vulnérable, parce que ce jour là j’avais plusieurs personnes face à moi, parce que ce jour là j’ai merdé dans l’anticipation et je n’ai pas su décoder tous les signes qui m’auraient permis de ne pas en arriver à ce à quoi j’ai été confronté au final. Est-ce une raison pour autant de dénigrer cette école? Non mais simplement la façon dont je l’ai pratiqué. Mais aussi parce que je suis comme je suis, il y a des choses qui fonctionnent avec moi, au niveau de l’intellect, et des choses, non. Et visiblement la façon dont je m’entrainais ne me permettait pas de faire sauter ces barrières qui bloquait la réponse à une agression. Avec une autre pédagogie taillée pour moi, avec une autre approche peut-être les choses auraient été différentes, mais en l’occurrence ça n’a pas été le cas. Toutefois ce n’était pas l’école qui était en cause mais ma pratique de cette école et la façon dont j’abordais cette pratique: un jour on vit dans un monde de bisounours, et le lendemain on pend haut et court toute personne avec une casquette retournée commençant ses phrases par « z’y va ». Bref, tout ça pour dire que je condamne fortement les gens qui vont dénigrer n’importe qu’elle art martial traditionnel ou authentique arguant que ce n’est pas efficace parce que les gens n’en auront pas pratiqué suffisamment longtemps pourv raiment  connaitre l’école, ou encore l’auront mal pratiqué.

Bon on va me dire… « oui, c’est intolérable qu’un art martial de self-défense nécessite plusieurs années ou une introspection pour qu’il soit efficace ». A ces gens je dis, achetez un colt 45 MK-IV et vous n’aurez même pas besoin de pratiquer une école traditionnelle ou authentique. Il faut savoir ce que l’ont veut. Toutes les écoles d’arts martiaux traditionnelles ou authentiques sont faites pour la self-défense, simplement la pédagogie pour y arriver nécessite de passer par certains stades, et les passages peuvent être plus ou moins long. On ne peut juger de l’efficacité d’une école que si l’on en a fait RÉELLEMENT le tour et même dans ce cas là, on ne peut que conclure que nous manquons d’efficacité dans cette école parce qu’il y a eu un raté. Si je reprends mon analogie du pistolet… Petite question: qu’est-ce qui est plus efficace: un lance pierre, un beretta, un AK-47 ou un lance roquette. Quoi que vous répondiez vous avez faux… Premièrement, quelque soit l’arme dont vous allez me parler je peux vous démontrer son inefficacité: je la pose devant vous et je dis à l’arme « tue le »… il ne se passe rien… tant que quelqu’un n’a pas pris l’arme en main, elle n’est pas efficace. Vous voyez où je veux en venir? Alors continuons. On prend l’arme en main… quelle arme sera la plus efficace? Vous allez me dire, dans l’ordre décroissant: le bazooka, le AK-47, le beretta, et le lance-pierre. Désolé, mais pour moi le plus efficace est le lance-pierre! Pourquoi? Parce que je serais incapable de faire fonctionner correctement ces armes de guerre, car il ne s’agit pas seulement de viser et appuyer sur le bouton. Vous voyez où je veux en venir? L’efficacité ce n’est pas l’arme, c’est celui qui s’en sert. Si vous juger une école inefficace ce n’est pas l’école qui est inefficace, c’est vous qui ne savez pas vous servir de l’école… Mettez moi un lance pierre entre les mains, je ferai un carnage. Mettez moi une arme à feu, il y a de forte chance que je me tue moi même…

Dans ce qui suit je ne vais pas expliquer en quoi le Uechi-ryû est PLUS EFFICACE QUE… mais plutôt pourquoi le Uechi-ryû est efficace pour moi, et pourquoi en terme d’efficacité martiale, je me sens bien plus à l’aise dans cette école. En aucun cas je ne compare avec d’autres écoles, ou je dénigre mes anciennes écoles, c’est simplement un constat personnel. Il faut noter qu’alors, je ne concevais pas la pratique des mes anciennes écoles sans apport extérieur d’autres écoles. Mais actuellement je sens dans MA PRATIQUE PERSONNELLE du Uechi-ryû que je n’ai besoin de rien d’autre, que la pratique se suffit à elle-même et que je n’ai pas besoin d’aller voir ailleurs pour combler les manques. Je ne dis pas que le Uechi-ryû se suffit à lui-même pour tout le monde, seulement pour moi. De plus j’ai la sentiment que ces écoles okinawaiennes ne nécessitent pas d’un apport externe et sont toutes tournées vers le combat, la self-défense et l’efficacité. Ici je parle du Uechi-ryû, mais je pourrais parler d’une autre école okinawaienne que je connais pour l’avoir touché et avoir un excellent ami qui y soit très cultivé: le gôjû-ryû. Mais il en est encore beaucoup d’autres styles okinawaiens de ce type, et je ne parle pas des styles chinois dont sont issus ces écoles qui sont évidemment compris sous le terme Uechi-ryû.

Dans un premier temps il faudrait définir ce qui est efficace. Comme je l’ai dit précédemment ce n’est pas le style qui est efficace, mais le pratiquant. Et dans ce cas pour qu’un pratiquant soit efficace, c’est à dire puisse faire face à des agressions quelles qu’elles soient, physiques ou verbales, il faut plusieurs qualités. Des qualité physiques, mais aussi des qualités psychologiques. Sur ce dernier point, l’enseignant, l’enseignement, la pédagogie, ont plus d’impact que la seule pratique théorique de l’école. La pratique d’une école qui arrive à donner confiance en soi, du calme, mais aussi à affuter les réflexes, est ce qui donne à un pratiquant de l’efficacité. Or si on regarde bien, TOUTES LES ECOLES D’ARTS-MARTIAUX apportent cela! Seulement toutes les façons de pratiquer, toutes les pédagogies n’ont pas le même impact sur tout le monde. Ce qui a fonctionné avec moi ne fonctionnera pas forcément avec tout le monde. De ce que j’ai retiré du Uechi-ryû, c’est en premier lieu une des premières stratégies de l’école qui est la pratique des renforcements. Car subir des percussions, permet de dédramatiser l’impact qu’ont des attaques adverses et de diminuer la peur. Ensuite cela permet aussi d’apprendre à se servir de son corps pour faire mal et de prendre conscience de la capacité à faire mal. Cette prise de conscience permet d’ouvrir une porte vers la confiance en soit: « je sais que je peux faire mal », ce qui n’est pas forcément le cas avec toutes ces disciplines où l’on ne touche pas. Mais inversement certaines personnes perdront confiance face à cela alors qu’elles sentiront de la confiance dans leur force à faire mal simplement en reproduisant un mouvement dans le vide. Tout est une question de personne et de personnalité. Encore une fois, l’école n’est pas en cause, mais seulement le pratiquant dans son utilisation de l’école. Ensuite, dans l’école Uechi-ryû, le principe est le combat en plein contact au KO. Même si ce type d’approche se passe souvent par le sport, bien qu’il s’agisse de  combat sportif, se dire qu’on risque de ramasser sévère, ça introduit de la peur, et du doute. Le fait d’affronter cette peur dans ce type de combat permet d’élever la confiance du pratiquant. On passe à « je suis capable de faire », « je peux le faire ». Et là, si ça ne joue que sur le côté psychologique, l’impact est énorme. Bien que la réalité du combat sportif ne soit pas la réalité de l’agression, il y a de nombreux points communs et de nombreuses similitudes. Et par expérience pour les émotions ressentit, je peux dire que ça s’en rapproche tellement qu’il est difficile de les dissocier.

Outre l’aspect personnel, psychologique, l’école Uechi-ryû, car étant une école qui utilise des armes mortelles du corps, et présente ces armes dans le travail quotidien, hojo undô, kata, ne cache absolument pas l’efficacité à travers des recherches plus ou moins complexes; l’efficacité des techniques est là, en appliquant simplement les principes sans modifications. Ici je parle d’efficacité de la technique, c’est à dire qu’enfoncer ses doigts dans les yeux sera plus efficace qu’une tape sur les fesses. Dans le Uechi-ryû, un pique aux yeux est un pique aux yeux, shôken c’est shôken, un pique à l’entre-jambe est un pique à l’entre-jambe, rien n’est caché derrière ces techniques qu’il faille chercher. Pas de secret autres que cela, pas de okuden (sauf peut-être des principes mais c’est un autre sujet). Les techniques sont pour la plupart létales, mais au final c’est ce qui assure l’efficacité de finir le combat le plus rapidement possible avec un adversaire incapable de continuer. Les conséquences de l’utilisation de ces techniques létales abordent un thème de la self-défense qui est la côté juridique. Évidemment tuer son agresseur n’est pas et ne devrait pas être une option à envisager. Toutefois, il peut arriver que cette solution, aussi radicale soit-elle, DOIT être effectuées, quelques soient les conséquences juridiques. Mais c’est un autre débat. Ici, les techniques de Uechi-ryû et surtout la génération d’énergie pour appliquer ces techniques sont redoutables, et ne se limitent pas à un simple coup de poing, voir même ne sont pas cachées derrière un travail de recherche, elles sont accessible immédiatement et travaillées pour être disponible immédiatement et automatiquement.

Il arrive souvent, je l’ai vu et vécu, que dans une confrontation on se trouve limité par l’enchainement. On a fait quelque chose, mais on est bloqué pour la suite. Ce qui permet à l’adversaire de jouer ses cartes, à notre détriment. L’école Uechi-ryû a de cela de bien, qu’elle apprend par le relâchement et les mouvement circulaire et enchainés à continuer le flot (l’enchainement, la combinaison) de techniques sans temps mort et sans laisser d’ouverture (ce qui n’est pas l’apanage du Uechi-ryû seul…). Ainsi on ne se limitera pas à des techniques uniques et puissantes séparées par des temps morts, mais à une enchainement de techniques lourdes, destructrices enchainées sans temps mort pareil à une vague emportant tout sur son passage.

En outre, l’école Uechi-ryû, parce qu’elle regroupe la pratique de techniques simples de part la position naturelle du corps (via sanchin), permet de ne pas mettre de force dans l’action, autre que le poids naturel du corps et du mouvement. C’est ce qui fait que pour moi, le Uechi-ryû (et les écoles qui présentent les mêmes travaux et pratiques) est l’école la plus efficace. Mais il s’agit de moi. L’école nécessite de transformer son corps via les renforcements musculaire et le conditionnement, et de s’habituer à la position sanchin. Alors que la plupart des écoles adaptent la stratégie de l’école au corps, ici on est obligé d’adapter le corps à la stratégie de l’école. Certaines personnes ne pourront pas en passer par là avec efficacité. Personnellement, je l’ai trouvé adaptée à mon corps et à ma condition physique. Ainsi cette école a pu me casser les blocages psychologiques et mentaux, mais aussi m’amener à me sentir efficace. Je ne dis pas que je SUIS efficace, mais que je me sens efficace. La différence est subtile, mais elle réside dans la confiance en soi. Et je sais qu’aux travers des expériences que j’ai eu je ne fais qu’augmenter cette efficacité mentale mais aussi physique.

Pour conclure… Je n’ai jamais été aussi efficace que depuis que je fais du karate (Uechi-ryû peut-être mais selon les mauvaises langues ça reste DU KARATE)… Alors? Le karate? Pas efficace? Pour moi c’est l’école la plus efficace, du moins de mon point de vue.

  2 Responses to “Uechi-ryū et efficacité”

Comments (2)
  1. Merci pour ton article et ton blog que je trouve très intéressent. Effectivement, il y a beaucoup de personnes qui ne connaissent pas grand chose en karate et qui englobent ce nom générique pour dire tout et n’importe quoi…

    Ne pas connaitre est une chose, je ne connaissais moi-même rien sur le karaté il y a quelques années alors que j’étais pratiquant de karate shotokan NKK.Mais le pire je trouve, c’est de critiquer quand on ne connait pas.

    Ryuzaki

    (2eme message correction)

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