Avr 302011
 

J’ai souvent pu entendre de la part de profanes des choses comme « Le karate est un sport violent » ou « le karate rend violent »
La violence dans les sports de combat ou art martiaux est quelque chose de difficile à discuter puisque chacun a sa propre définition de violence.

Il y a la violence juridique:
http://www.dictionnaire-juridique.com/definition/violence.php
Il est précisé qu’il n’est pas question ici de la violence dont la sanction est prévue par le Code pénal. La violence au sens du droit civil, est l’acte délibéré ou non, provoquant chez celui qui en est la victime, un trouble physique ou moral comportant des conséquences dommageables pour sa personne ou pour ses biens.
Dans le domaine contractuel, la violence exercée sur une personne ayant eu pour résultat de l’amener à s’engager ou de l’amener à renoncer à un droit, constitue un vice du consentement.
Quand elle s’applique aux choses et qu’elle est faite sans droit, par exemple la coupe d’un arbre planté sur un fonds voisin, ou la saisie d’un bien faite en vertu d’un jugement qui n’est pas devenu exécutoire, la violence constitue alors une « voie de fait ».
L’action possessoire destinée à replacer dans la situation dans laquelle, avant les faits, se trouvait le possesseur victime d’un acte de violence, se nomme la « réintégrande »
Texte: Code civil art. 887, 1111 et s., 2233.

D’autres définitions de Violence: http://agora.qc.ca/dossiers/Violence
Une définition proposée par Blandine Kriegel : « la force déréglée qui porte atteinte à l’intégrité physique ou psychique pour mettre en cause dans un but de domination ou de destruction l’humanité de l’individu ». (La violence à la télévision. Rapport de la Mission d’évaluation, d’analyse et de propositions relative aux représentations violentes à la télévision, Ministère de la Culture et de la Communication, France).

La définition de Jean-François Malherbe nous rappelle qu’il existe des violences utiles, choses que le déni de la violence nous fait oublier : «il y a une violence culturelle qui, de n’être pas dite, voire déniée, est parfaitement perverse.»

«Qu’est-ce que la violence? D’après le Petit Robert, la violence désigne tout acte par lequel quelqu’un agit sur un autre ou le force à agir contre sa volonté. Pour ma part, je rejoins cette définition en lui donnant un tour philosophique un peu plus technique. La violence désigne pour moi tout acte par lequel un sujet contraint un autre sujet à faire quelque chose que ce dernier n’aurait pas fait spontanément. Ainsi entendu, le concept de violence est beaucoup plus large que l’ensemble des conduites nuisibles qu’il désigne habituellement. Il inclut des violences « utiles « . Lire la suite plus loin dans ce dossier.
Texte: Jean-François Malherbe, Violence et démocratie, Sherbrooke, CGC, 2003

Parmi les définitions du dictionnaire Larousse on a:
violent: Qui fait preuve d’un vif emportement, d’une grande brutalité envers quelqu’un
Violences: Actes violents volontairement commis aux dépens d’une personne et qui, suivant les circonstances, constituent soit un délit, soit l’élément constitutif d’un délit, ou une circonstance aggravante, soit un fait générateur d’excuse ou encore une voie de fait.
Agression physique ou morale exercée sur une ou plusieurs personnes et réprimée selon l’importance du préjudice subi (contravention si l’I.T.T. [interruption temporaire de travail] est inférieur à 8 jours, délit et au-delà, crime en cas de mutilation ou de mort) ou constituant une circonstance aggravante d’une autre infraction (vol avec violences).
Ensemble des cas délictueux commis dans un lieu : Violences urbaines, violences scolaires.
Violence:
Violence – nom féminin, (latin violentia)
1. Caractère de ce qui se manifeste, se produit ou produit ses effets avec une force intense, extrême, brutale. Tempête d’une rare violence.
2. Caractère de quelqu’un qui est emporté, agressif ; brutalité.
3. Extrême véhémence, outrance dans les propos, le comportement.
4. Faire violence à : contraindre qqn par la force ; interpréter quelque chose d’une manière forcée, le dénaturer.
Fam. Se faire une douce violence: n’avoir pas à se forcer beaucoup pour faire quelque chose qu’en fait on aime particulièrement faire.

Encyclopédie Universalis :
La violence, au même titre que des notions comme celles de chaos, de désordre, de transgression, implique l’idée d’un écart, d’une infraction par rapport aux normes ou aux règles qui définissent les situations considérées comme naturelles, normales ou légales. Il y a dans l’idée de violence, celle d’une perturbation ou d’un dérèglement plus ou moins momentané ou durable de l’ordre des choses. Il est évidemment difficile de définir ce qui échappe ainsi aux règles et à toute régularité. C’est pourquoi aussi l’idée de violence est chargée des valeurs positives ou négatives qu’on attache à la rupture, à la transgression, à la violation ou à la destruction de l’ordre.

Mon Avis

Personnellement, je pense que le karate n’est pas plus violent et ne rends pas plus violent que d’autres sports de rencontre physique.
Si on regarde par exemple le football qui est censé être un sport non violent et qu’on regarde les incivilités des joueurs sur le terrain mais aussi dans la vie, leur façon de s’adresser aux journalistes, à leurs supporters par exemple, de se comporter en public… je pense que c’est assez éloquent.
Est-ce que le football est violent? Rend violent? A la base il n’est pas censé l’être mais dans les faits… Et il ne concerne que certaines personnes, tous les joueurs ne sont pas formés dans ce même moule.
On peut aussi regarder par extension le comportement des spectateurs de match de foot… Là aussi c’est assez éloquent et le « mot » violence prend tout son sens.

Maintenant, est-ce que donner un coup de poing dans le vide ou un coup de pied est violent?
Est-ce que casser une planche, un pain de glace, une brique est un acte violent?
Il est vrai qu’un combat n’est pas un acte pacifique. Mais que ce soit la boxe, le judo, l’aikido… il y a quand même une idée de vaincre un adversaire physiquement, le dominer par la technique.
Que cela soit des clef, des étranglements, des projections ou des frappes, cela reste une action physique sur une personne qui peut occasionner des dégâts?
En fait, les frappes paressent violentes car elles occasionnent des marques apparentes faits par des gestes qui paraissent agressifs. Le taihojutsu pratiqué par la police japonaise, est basé sur des techniques de maitrise d’individus avec des techniques qui paraissent non violente. Une projection d’un individu qui le fracasserait sur le sol ou des atemi semblent pour le public, les témoins plus violent qu’une clef. Pourtant, les dégâts occasionnés ne sont pas comparables.

Donc la violence de la pratique du karate est toute relative. Mais pour le profane, pour le public, un art comme l’aikido qui se veut non violent aura plus d’excuse qu’un art comme le karate où l’on frappe, casse des objets et pour les jissen karate donne vraiment des coups portés pour rechercher le KO. Mais dans les faits, une dislocation articulaire ou une projection est bien plus violente, bien plus dangereuse qu’un low-kick. Pourtant pour le profane, une clef ou une projection d’aikido sera esthétique, un low-kick sera moche et violent.

La violence caractérisé dans les arts de plein contact basés sur les coups est toute relative et dépend de la conception de chacun de la violence. Et si l’on regarde les comportements de certains sportifs célèbres (on rappellera le coup de boule de Zidane, le comportement de Cantona contre des supporters allant jusque dans les gradins pour les frapper, …), la violence qu’ils démontrent dans un jeu à la base non violent devrait être condamnée… mais si l’on en croit la réception du public, il s’agit d’une violence acceptée. Pourquoi des coups de poings échangés lors d’un match de boxe semblent moins violent qu’un coup de pied?

Si l’on en croit la dernière intervention de l’actuelle ministre des sport, Madame Chantal Juanno qui est montée au créneau contre le MMA, comparant les valeurs de ces sports vis à vis du karate qu’elle pratique, on comprend très bien que les idées reçues perdurent grâce à l’ignorance de ces porte-paroles. Chantal Juanno, porte parole du karate car elle a été championne kata et qui ne connait du karate que la surface immergée de l’iceberg: le karate sportif… ça fait rire… Et encore madame Jouanno a pour seule référence cette danse de salon dans laquelle elle semble exceller.  Après on s’étonne des idées reçues sur les arts de combat… quand même les pratiquants de ces arts véhiculent leur ignorance.

Pour en revenir au sujet initial, je ne pense pas que le karate soit violent ou rende violent? Je pense qu’à la base les pratiquants qui montrent de la violence, le serait ou le ferait avec tout autre sport… voir même sans cadre sportif. Ou alors le deviendraient au contact de leur milieu social de toutes façons

Maintenant plutôt que de parler de violence, il faudrait parler d’agressivité.

Le dictionnaire Larousse nous donne:
Agressif-Agressive : Adjectif
* Qui est naturellement porté à attaquer ; provocateur : Un interlocuteur agressif.
* Qui a un caractère d’agression ; belliqueux : Un discours agressif.
* Qui attire l’attention, choque par sa violence, par son caractère excessif : Porter des toilettes agressives.
* Se dit d’un vendeur qui montre un dynamisme efficace ; fonceur : Un courtier agressif.

Il est vrai que pour une pratique du combat correcte il convient d’avoir un minimum d’agressivité, dans le sens où il faut être capable d’avancer vers l’autre, de lui porter des attaques, de réfléchir à une stratégie. Un minimum d’agressivité permet de se sublimer en combat… Mais attention de ne pas tomber dans l’excès. Être agressif ici prend le sens d’être combattif et tenace. Et non de haïr son adversaire et de tenter de lui occasionner un maximum de dégâts et de lui faire mal. Est-ce que le karate rend agressif? Je ne pense pas, par contre il peut révéler l’agressivité latente de quelqu’un. Mais de la même façon que le milieu social d’une personne révèlera l’aggressivité de celle-ci.

En conclusion

Le karate n’est pas violent, le Karate ne rend ni violent ni agressif, mais entre les mains de quelqu’un de violent et d’agressif à la base ça ne fait pas bon ménage. De plus le karate comme TOUS les arts de combat peut être un révélateur d’une violence ou d’une agressivité latente… Et entre nous, il y a des catégorie de personnes qui n’ont pas besoin des arts de combat pour se révéler agressifs et violent. Des gens comme ça il y en a plein les prisons pour les majeurs… et les mineurs courent toujours à frapper vieillards, femmes et enfants pour leur dérober leurs effets personnels… eux n’ont pas besoin d’arts de combats pour révéler leur violence…

Si le karate jouit d’une mauvaise réputation, c’est dû aux idées reçues transmises par l’ignorances de certaines personnes qui regardent ces arts avec tous les préjugés qu’elles peuvent avoir un art de combat qui n’est ni français, ni européen. On retrouve le même type de comportement vis à vis de la boxe thailandaise en comparaison de la boxe française. La savate est un art noble qui semble de l’extérieur moins violent que la boxe thailandaise, par exemple.

De plus les comportements de certains sportifs du karate ont permit à cette image de karate violent, de karate voyou de perdurer… Mais ces sportifs qui ont frappés des arbitres, des gens, qui se sont mal comportés en public ne sont pas spécifique des arts de combat. Certains tennismen, footballer sont célèbres pour leur violence sur le terrain et dans la vie civile.

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