Après une semaine difficile en déplacement avec des journée de 11 à 12 heures, allant jusque parfois 15 heures si on inclus le temps de déplacement, me revoilà à Houilles après 23h. Non content d’avoir dormi entre 5 et 6 heures par nuit, je vais être amené à ne pas me reposer pour profiter de la fête du Uechi-ryu.
Le début de ce week-end Uechi-ryu, qui regroupe Coupe de France de Uechi-ryu et stage national, qui a lieu une fois par an, et est un peu la fête du Uechi-ryu, commence pour moi vendredi 23 mai à 9h15. J’accompagne Didier au siège de la fédération française de karaté à Montrouge pour chercher le matériel fédéral indispensable à la compétition. Après avoir rencontré Giovanni Tramontini qui nous a régalé de ses anecdotes désopilantes mais aussi ses réflexions et recherches personnelles, nous avons également rencontré Dominique Valéra qui nous a donné la vrai signification du shuto-uchi selon ses observations sur la plupart des karateka.
Puis de retour à Carrières-sur-Seine, après que Didier eut rangé le matériel nous allons à Metro faire les courses pour la buvette/sandwicherie (afin que les compétiteurs et leurs familles puissent se restaurer entre la pause de midi). Après 1h30 passée à arpenter les rayons du supermarché de gros, nous rejoignons Maisons-Laffitte.
A métro, une meule de 110kg en bas à droite
Il s’agit de faire l’installation de tous pour les deux journées de la fête du Uechi-Ryu. Tout d’abord il faut préparer l’espace buvette, rentrer les boissons et nourriture au réfrigérateur, préparer les espaces. Ce qui n’est pas simple, car il y a beaucoup de choses à porter, déplacer. Ensuite, il y a les tapis à installer (c’est à 9 personnes que l’on assemblera les trois aires de combat carré de tapis par carré, puis les tables et les chaises et enfin les banderoles. Mais aussi la sono (mais pour ça c’est Philippe et Renaud qui se cassent la tête dessus jusque 22h30).
Le lendemain matin, la journée commence à 7h30, afin d’être au lieu dit (non pas trempé par un orage, mais pas loin) à 8h00 pétante. Là il y a la mise en place de la buvette, puis des tables, inscriptions pour les katas, point avec les arbitres fédéraux afin que nous puissions nous répartir sur 3 tables et ainsi pouvoir faire passer les 180 compétiteurs. Et là, on se rend compte qu’arbitre, c’est un métier, c’est prenant, épuisant nerveusement et physiquement. Il faut faire attention à tout, être concentré à 100%. C’est ma première compétition en tant qu’arbitre et je dois dire que déjà seulement pour les katas, j’ai été passablement fatigué et stressé. Car à la moindre erreur de jugement on peut condamner quelqu’un de bon à ne pas aller en final, alors que son niveau le permettrait, etc. La compétition c’est aussi ça, l’erreur humaine. Car l’arbitrage pour ces types de compétition, c’est de 8h du matin à 20h le soir, avec une pause de 30 minutes entre midi et pratiquement bénévolement. Si les frais de déplacement sont en partie remboursée, ce n’est pas forcément le cas pour les gens qui se déplacent de très loin qui y sont d’un peu de leur poche. Sans oublier que travailler 11h30 un week-end, dans le code du travail c’est pas ça. Donc les arbitres et juges doivent être respectés dans nos disciplines, car sans eux pas de compétition, et ils font quelque chose qui est un métier, qui nécessite du travail et de l’expérience et cela pratiquement bénévolement. Pour ma part, ayant donné ma candidature pour aider, je suis à 100% bénévole et je ne voyais pas cela autrement.
Après une mâtiné à voir des kata par des compétiteurs de tous âges, et des premières places pour de nombreux élèves du club de sensei Shimabukuro (bravo à Dom et Raph pour leur première et deuxième place en sénior), voilà le moment des compétitions.
Pour respecter les canons du style le règlements est un peu particulier car d’une part il demande du contact, même chez les enfants, et pour les plus expérimentés, des saisies. Il autorise le corps à corps et le combat au sol. Et pour les séniors, la victoire est sur KO ou un travail de frappe sur saisie au visage avec contrôle. Les pratiquants enfants et adultes ont tous été très fair-play et les combats se sont déroulés dans une excellente ambiance et un très bon esprit. Là encore il est très difficile d’arbitrer, voir la bonne technique, au bon moment, lever le drapeau rapidement, attribuer le bon point. Et ce n’est vraiment pas évident, surtout que l’on se trouve avec en fasse, dans les gradins autant d’arbitre qu’il y a de personnes présentes. Et forcément, les gens arrivent, mettent les pieds sous la table, critiquent, mais n’ont pas vu le travail en amont, et surtout tout le boulot qui a été fait pour que la compétition se passe dans de très bonnes conditions. Les combats ont été très chouettes et on a pu avoir le premier KO en combat avec un mawashigeri jodan en pleine tête.
Seul problème, le médecin apprêté par la fédération, médecin officiel sans qui la compétition ne pouvait avoir lieu qui est arrivé en retard, sans son matériel (heureusement que Lucie, infirmière de profession était là et a pu aller chercher son équipement) et a passé son temps sur son smartphone. Et à chaque fois qu’il y avait une blessure et qu’il était appelé, il lui a fallu quelques minutes pour décoller le nez de son téléphone et venir inspecter le blessé. Au point que la première fois un spectateur lui a crié « sort de ton téléphone » (ou quelque chose comme ça) et par deux fois il a été applaudis (ironiquement) par l’ensemble des spectateurs. Par son comportement, il s’est décrédibilisé, mais il a aussi porté le discrédit sur la compétition, la ligue des Yvelines signataire de la compétition mais aussi sur la fédération. Et grâce à lui on est un peu passé pour des branques. Mais cela a été plus loin, jusqu’à la faute professionnelle. Non content de jouer sur son smartphone à 20 mètres des lieux de combat, il n’a pas été présent lorsque le combattant a été mis KO. Il n’a pas vu le coup qui l’a mis KO, ni comment le pratiquant est tombé dans les pommes (difficile d’établir un diagnostique fiable). Lorsque le pratiquant a repris ses esprits, il ne l’a pas vraiment gardé en observation, ne lui a pas prescrit un scanner ou IRM, n’a pas appelé les urgences, l’a laissé rentrer chez lui par les transports en commun, et il est parti comme un voleur. Alors que même à la boxe, un combattant étant mis KO se voit faire quelques examens, lui n’a rien fait. Si un micro-saignement cérébral évoluant en œdème cérébrale mettant la vie du combattant en jeu arrive, c’est aux pénales que cela se termine car la responsabilité du médecin est engagée.
Une fois les récompenses remises, il faut débarrasser, ranger, nettoyer. Heureusement que quelques personnes sont restées pour donner un coup de main, toujours les mêmes. Et évidemment, on ne citera pas ceux qui ne font rien, ne donnent rien, n’aident en rien, arrivent et mettent les pieds sous la table, se permettent de critiquer et filent à l’anglaise sans un mot de remerciement.
Le lendemain, dimanche 25 mai, aujourd’hui donc, a eu lieu le matin un stage en commun avec sensei Shimabukuro, notre expert fédéral, représentant du soke Uechi-ryu Shubukan en Europe et sensei Tsukada, expert fédéral, maitre en Shito-ryu Shukokai. Stage que j’avais annoncé précédemment. Une fois de plus il faut se lever tôt. Il fait beau et ma moto a réussi à démarrer. Du coup je peux m’y rendre en deux roues. Pour le stage, 38 courageux ont fait l’effort de braver le temps ensoleillé appelant à une sortie en famille, et la fête des mères pour venir transpirer et se faire mal.
Là-bas, une fois l’échauffement personnel effectué, les salutations des amis venus des 4 coins de la France, des pratiquants d’autres styles qui nous ont fait l’amitié de venir nous voir pour partager un moment de travail technique. Nous sommes répartis en deux groupes. Un premier groupe qui suit sensei Shimabukuro et une deuxième sensei Tsukada. Puis à la moitié du stage les rôles s’inversent.
Je commence avec sensei Shimabukuro. Après un échauffement articulaire léger, on passe au travail du kihon de Uechi-Ryu avec Sanchin Dachi, Hirate Mawashi Uke et Wa Uke. Puis sensei Shimabukuro présente le travail de renforcement: kote-gitae, hara-gitae, sune-gitae, ashi-gitae. Ensuite il enchaine par des applications de défense contre-attaque en partant du travail de renforcement. C’est à dire à quoi le renforcement sert en combat. Par exemple sur des attaques kin-geri et low-kick, je repousse les attaques en me servant du tibia (je n’apporterai aucune indication technique sur la façon de faire) puis je peux contre-attaquer. Ou alors je me sers du renforcement des avant-bras pour porter une clef sur un genou d’un mawashi-geri. Etc. Nous avons vu ainsi de nombreuses possibilité de travail du combat avec clefs et projections en se servant d’un corps renforcé pour le combat rapproché.
Au bout d’une heure et demi de pratique intense, nous passons au travail spécifique du shito ryu Shukokai. Tout d’abord sensei Tsukada nous fait travailler la sensation du déplacement vertical en se servant du poids du corps et ce sans sauter tout en restant droit. Ensuite nous descendons en shiko dachi avec gedan barai (ou autre uke waza) et nous remontons avec un atemi, toujours avec cette sensation que la descente et la montée c’est comme un poids qui monte et qui descend le long d’un fil vertical. Puis nous passons au travail de hanche. Contrairement à ce que fait la majorité des pratiquants, le travail des hanches ne doit ni faire bouger les genoux, ni le haut du corps. Il faut donc avec une rotation des hanches sans bouger genoux et épaules, seules les hanches tournent. Là-dessus, il y a également un truc pour réussir à réaliser cela, car ce mouvement de hanche est ce qui permet d’amplifier l’explosivité d’attaque mais aussi les techniques de clef. Ensuite nous passons à un petit renzoku (drill), qui se transforme en renzoku de 6 clefs. Le but est de montrer comment augmenter l’efficacité des clefs. Il est évident que ces 6 clefs s’enchainent normalement sur réaction du partenaire: je commence par première clef, le partenaire me bloque, j’enchaine sur une autre, bloquée également, j’enchaine sur une troisième, etc. Là dessus le but est de ressentir l’amplification des clefs par le mouvement des hanches, le travail de verticalité, mais aussi et surtout de rechercher les vecteurs de forces, les directions de la force pour les additionner. Pour qu’une clef soit efficace, il faut un minimum de 3 directions. Par exemple pour une clef comme yuki chigae j’ai une direction en rotation pour le poignet, une direction verticale pour accentuer la clef et mon corps va se déplacer à 45° dans l’angle de l’adversaire/partenaire. Les directions ou vecteurs de force, sont également la direction que notre corps prends dans la réalisation du mouvement par rapport à l’adversaire, ou la position de notre corps et son placement par rapport à celui de l’adversaire. Certaines clefs nécessite un déplacement à 45° à l’extérieur de la ligne centrale du partenaire, d’autre d’aller dans sa direction, etc. De même que lorsqu’on contrôle un adversaire à terre, la pression des genoux sur l’adversaire est une direction, un vecteur de force. Ainsi nous avons pu jouer à enchainer les clefs, chercher à s’en défaire, à trouver le point de fuite des clefs et à contre-attaquer. J’ai travaillé avec Lazare, qui vient d’obtenir son 5ème dan de Uechi-ryu et est un pratiquant de haut niveau, très technique, humble, modeste et vraiment très sympathique. C’est toujours un réel plaisir de bosser avec lui.
Un stage très intéressant qui montre que le karate, c’est pas quelque chose où l’on donne que des coups de pied et des coups de poing, on fait des clefs, beaucoup de clefs, et des projections également. Et que ce n’est pas une école où il faut surtout pas toucher. Et malgré un petit passé de Nihon-Tai-Jutsuka, j’ai pu apprendre de nouvelles choses sur les clefs, et ouvrir de nouvelles portes sur ma pratique et notamment de nouveaux axes de recherche sur l’amélioration des clefs et leur utilisation en combat.
Merci du fond du coeurs à sensei Shimabukuro et sensei Tsukada pour avoir donné sans compter et nous avoir permis d’accéder à de nombreux axes de recherche sur le karate en général.
Sensei Tsukada termine par la démonstration d’un kata de shito-ryu. J’ai filmé, mais la vidéo a planté dans l’encodage et la conversion de format, et j’ai donc un fichier illisible et inutilisable.
Nous terminons avec un pot de l’amitié et un repas avec les sensei. Sensei Tsukada est une personne vraiment sympathique, charmante, chaleureuse, ouverte et ayant une très grande connaissance générale. Vraiment un très grand sensei que j’ai apprécié pour ses connaissances, sa technique, mais également pour ses incommensurables qualités humaines. Il est doté d’un grand humour, d’une très grande modestie et c’est quelqu’un de fondamentalement humble et bon.
Un énorme merci à Didier qui a passé énormément de temps et a dépensé une somme d’énergie quasi inhumaine à organiser un peu tout et sans qui la compétition et le stage n’auraient pas lieu. Un grand merci à Philippe et Renaud qui se sont chargé de la plupart des tâches touchant l’organisation sur Maisons-Laffitte directement et qui sont également responsables de la réussite de cette fête du Uechi-Ryu. Maintenant il faut qu’il y ait plus de monde pour décharger Didier mais également prêter main forte à Renaud et Philippe qui se sont merveilleusement bien organisés, mais qui ne méritent pas d’être toujours tous seuls à se charger de tout ça. C’est injuste que si peut de monde ne soit impliqué dans l’aide et l’organisation pour les membres de l’association habitant en Île de France et notamment dans les Yvelines. Et un grand merci à tous les élèves qui ont donné un coup de main pour ranger à la fin. Et également un grand merci à tous les compétiteurs sans qui rien ne serait possible, ainsi qu’à tous les stagiaires sans qui le stage n’aurait pas eu lieu.
Eh oui, une fois encore, Atomic Didier était dans la place.
Et une fois de plus, comme souvent en société, ce sont toujours les mêmes qui font, « bonne » vieille règle des 80-20.
Comment motiver plus de Monde? S’y prendre plus tôt? Répondre m’est difficile.
C’est vrai qu’il était beau le mawashi geri jodan.
Je partage ton avis sur ce stage ainsi que les intervenants et je regrette d’avoir compris trop tard comment on travaille en collaboration les clefs en enchainement. Il est vraissemblable que je n’avais pas le niveau pour profiter pleinement de cet enseignement.
Les autres semblaient n’avoir aucune difficulté, donc…
Vivement le 06 juin 2015!
Hello Marc,
Merci pour ton commentaire… Ne t’inquiète pas, il y a beaucoup de chose qui me sont passé au dessus… mais le plus important, n’est pas de réussir 100% de ce qui est montré, mais de retenir des choses qui ont été dites, et de les travailler, et en les faisant et refaisant on acquerra des sensations, et plus on travaillera et plus on comprendra ce qui nous a été dit. Et surtout il faut retenir et ne pas oublier, car si on n’a pas tout compris dans notre corps, ou dans notre tête, cela nous ouvrira des portes de recherche, des portes de travail pour continuer à s’améliorer et progresser… Comme que l’on a travaillé aujourd’hui au club: les clefs à la volée sur des frappes de type « jab ».
A bientôt
Amicalement
Jack