Oct 102022
 

En 1984 la compagnie de « Ito En » distribue le thé Oi Ocha dans des concerves en métal. Pourtant bien qu’elles soient vendues un peu partout, le succès n’est pas tout de suite au rendez-vous, car les japonais considère le thé comme une boisson à faire soi-même chez soi. . Ce n’est qu’en 1989 que ces boissons commencent à avoir un succès  grandissant, faisant de ce type de thé la plus grosse consommation dépassant même la consommation de thé en vrac. Puis en 1990 « Ito En » distribue le thé dans des bouteilles en plastiques (ペットボトル, Pet Bottle) ce qui a pour effet de faire exploser la vente de thé.

Dans les années 1990, ces boissons sont de plus en plus vendues en bouteilles en plastique. La société Itō-en a procédé aux principales innovations conduisant à ce phénomène. Suivant l’organisation qu’elle a mis en place, elle achète les feuilles aux producteurs, les transforme et les assemble, puis sous-traite l’infusion et la mise en bouteille à d’autres sociétés afin de pouvoir mieux ajuster sa production en fonction de l’évolution de la demande. Une part croissante de la production nationale et des importations de feuilles de thé est désormais destinée aux boissons au thé, vendues en bouteilles ou canettes, dont la consommation dépasse celle des feuilles en vrac. Si 1 milliard de litres étaient produits annuellement en 1990, plus de 4 milliards l’étaient au début des années 2000 et, en 2017, ce sont plus de 6 milliards. Dans ce domaine, la production de boissons au thé vert domine (2,8 milliards de litres en 2017, donc plus de 40 % de la production totale), suivie par les boissons au thé noir (1 milliard de litres) et de wulong (0,8 milliard de litres) ; les boissons au « thé » à l’orge se vendent également dans d’importantes quantités (0,8 milliard de litres. Ces boissons au thé sont confectionnées à partir de feuilles de théier de qualité secondaire, et leur essor a pour effet d’inciter les cultivateurs à s’orienter vers une production moins qualitative).

source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9_au_Japon

Puis cela a été suivi par les entreprises Kirin, Suntory, etc.

Bien qu’existant en canette puis en bouteille en plastique, la consommation de thés notamment de thés verts n’a jamais vraiment explosé que vraiment à partir de 1989.

Alors quelle a été le tournant qui a déclenché l’intérêt pour ces bouteilles de thé vendus dans les konbini et les jidouhanbaiki?

La réponse se trouve dans l’émission 突撃!カネオくん (totsugeki! Kaneo kun) diffusée sur NHK le 1er octobre 2022: https://www.nhk.jp/p/ts/ZV9LQ94Z3R/episode/te/Z9YN8N7V2J/

Durant cette émission il est expliqué que les japonais ne voient pas l’intérêt de boire du thé dans des canettes et que le thé a toujours été considéré comme une boisson à préparer soi-même à la maison. Ou à l’heure du repas dans les entreprises dans des grandes théières (préparées par les kohai pour les senpai ^^).

Le changement est apparu avec une grande révolution au Japon: en 1988 c’est l’apparition d’un nouveau réceptable en plastique pour les boîtes à bentô. A l’initiative de Seven (un groupe de konbini au Japon qui a racheté les konbinis 7-Eleven), et parce que Seven était plus exigeant sur ses conteneurs comparés à d’autres konbini, ils ont introduit un nouveau plastique résistant à la chaleur et ainsi les bentô ont pu être chauffés par micro-onde dans les konbinis. Et ce fût une véritable révolution sociale. Le réchauffage des bentô dans les konbini a déclenché la consommation des canettes de thé, puis des pet bottle.

Avant 1988 les plastiques n’étaient pas micro-ondables. Les bentô étaient donc ramenés à la maison, mis dans une assiette et chauffés. Puis consommés avec du thé préparé à la maison. Le mot « nakashoku » (中食) est né. »Nakashoku » (中食) est un terme qui signifie un repas préparé acheté à l’extérieur puis ramené à la maison. C’est un antonyme de manger à l’extérieur (au restaurant par exemple). En tant que concept similaire, il existe le HMR (Home Meal Replacement)* utilisé aux États-Unis, mais ce n’est pas strictement synonyme.

Au Japon, à l’époque d’Edo, il était d’usage pour les célibataires de manger dans des étals, mais ils avaient aussi accès à des services de livraisons pour les nouilles soba et des bols de riz et tempura. Mais fondamentalement, s’il y avait deux personnes ou plus vivant ensemble, il était courant d’acheter des ingrédients chez des marchands de légumes, des bouchers et des poissonniers, de les cuisiner à la maison et de les manger en famille. Au Japon, depuis les années 1980, il y a eu une tendance à moins cuisiner à la maison en raison du nombre croissant de ménages d’une personne et la diminution des familles nucléaires. Au Japon (comme c’est le cas en Occident), il y a peu de restaurants bons marchés et simples comme on peut en trouver en Chine et dans les pays d’Asie du Sud-Est, et il y a aussi une tendance à éviter les restaurants chers en raison de la récession, etc. La proportion de repas achetés dans la grande distribution et ramenés à la maison pour manger à la maison a considérablement augmenté. Contrairement au « manger à l’extérieur » (外食, gaishoku), les repas préparés à la maison sont appelés « cuisine maison » (内食, naishoku), et l’acte de manger un repas cuit/préparé à l’extérieur, à la maison, se situe entre les deux. Ainsi le terme « nakashoku » (中食) a été inventé.

Mais en 1988, l’arrivé d’un tel plastique et la possibilité de chauffer le bentô au konbini a permis aux salariés de pouvoir manger sur place cassant ainsi l’habitude du « nakashoku » (中食). Et ce faisant, ils achetaient le thé en canette pour accompagner le bentô, au lieu de rentrer chez eux ou sur leur lieu de travail et de manger leur repas avec du thé qu’ils préparaient eux-mêmes. Il y avait un gain de temps notable. Et c’est cet évènement qui a déclenché l’avènement et la popularité des thés en canettes.

Ainsi l’année suivante c’était le boom des canettes de thé. La demande des consommateurs évolua aussi, avec l’augmentation de la consommation. Ainsi, de nombreux clients, toujours plus nombreux furent frustrés par le fait que les canettes n’étaient pas pratiques. Notamment pour refermer le conteneur et finir la consommation plus tard. A ce moment, les clients étaient obligés, de soit se forcer à terminer le contenant, soit à le jeter (et les japonais n’aiment pas le gaspillage « 問題ない » (mondainai)). Les bouteilles en plastique existaient déjà, mais il fallait trouver un type de bouteille, une composition de plastique et un format pour contenir le thé sans en altérer le goût et les propriétés. C’est ainsi qu’en 1990 arrivèrent les « pet bottle », qui permirent à se faire une place dans les foyers. Et en 2000 la première « pet bottle » de thé vert chauffable.

Sources:

* Aux États-Unis, les aliments préparés dans les supermarchés étaient moins chers que les repas à l’extérieur, et la vente à emporter et la livraison étaient utilisées dans les zones urbaines, un marché de « service de repas à domicile » s’est constitué. À l’origine, Home Meal Replacement était le nom utilisé par Boston Market, une chaîne de plats à emporter américaine, comme marque de produit dont l’objet est d’être un substitut à la conception de repas au domicile en 1995. Au Japon, les sous-sols des supermarchés et des grands magasins correspondent aux HMR. Dans certains cas, le HMR est appliqué à la traduction de « plats cuisinés ». Cependant, à proprement parler, le concept de HMR aux États-Unis représente des aliments préparés en magasin et consommés à la maison ou en magasin qui nécessitent peu ou pas de préparation de la part du consommateur.

 

 

 Leave a Reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

(requis)

(requis)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.